Interview

Interview de Bruno Belgodère, directeur financier et marketing de l’UCPF

Cette semaine, Ecofoot.fr a eu la chance de s’entretenir avec Bruno Belgodère, directeur financier et marketing de l’UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football). A cette occasion, Bruno Belgodère évoque le rôle précis de l’UCPF et revient sur les perspectives de croissance des revenus de sponsoring au sein du football professionnel français.

Bonjour M. Belgodère. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre rôle au sein de l’UCPF ?

J’ai une formation juridique et financière en ayant un double cursus en droit et école de commerce (ESCP Europe). J’ai commencé à travailler en audit financier au sein du cabinet Mazars puis j’ai rejoint l’UCPF en tant que responsable fiscal et financier. Au fil du temps j’ai élargi mon spectre d’intervention pour prendre en charge l’ensemble des questions économiques. Aujourd’hui, en tant que directeur financier et marketing, j’ai sous ma responsabilité l’ensemble des questions ayant trait à la finance, la fiscalité, les ressources et le marketing des clubs.

Ainsi, je travaille désormais sur toutes les sources de revenus directes et indirectes à destination des clubs. Au quotidien mon travail est fondé sur trois axes : le lobbying, le conseil aux clubs dans mes domaines d’intervention, et la prospective économique.

Je suis aussi membre de diverses commissions au sein des instances du football français et européen ainsi que censeur de l’association Sporsora. Enfin je suis professeur vacataire en économie et management du sport au sein de l’ESCP Europe. J’ai la chance d’exercer un métier passionnant où, comme dans les bonnes séries TV, il se passe quelque chose de nouveau lors de chaque saison.

Quel est le rôle de l’UCPF ?

Depuis plus de 20 ans, l’Union des Clubs Professionnels de Football, syndicat des clubs de football professionnel  est au service de ses membres  pour favoriser leur développement.

Ses membres sont les clubs professionnels de L1, L2 et de National ayant gardé le statut professionnel. Son nombre varie selon les années entre 40 et 45 clubs. L’UCPF est organisé autour d’un Comité exécutif, d’une AG, et de deux collèges de L1 et L2.

La naissance de l’UCPF en 1990 répond en premier lieu à la nécessité de créer un véritable organisme employeur pour renforcer la valeur juridique des accords collectifs signés d’une part avec les joueurs et les entraîneurs (la Charte du Football Professionnel) et d’autre part avec les personnels administratifs (la convention collective des personnels administratifs et assimilés). L’UCPF est d’autant plus nécessaire dans la mesure où, ni la Fédération Française de Football (FFF), ni la Ligue de Football Professionnel (LFP) ne peuvent se prévaloir de la qualité d’employeur.

La création de l’UCPF est également étroitement liée au statut original de la LFP. Contrairement à ses homologues européens constitués uniquement des représentants des clubs, la LFP accueille – au sein de son Conseil d’Administration – l’ensemble des familles du football : membres indépendants, joueurs, entraîneurs, arbitres, médecins, personnels administratifs… Au regard de cette particularité, il est apparu indispensable qu’un organisme puisse prendre en charge et défendre les intérêts spécifiques des clubs professionnels.

Quel est le budget de fonctionnement de l’UCPF et comment est-il financé ?

L’UCPF est financé par un prélèvement de 0,27% des droits TV de Ligue 1 et Ligue2  et par les adhésions de ses membres.

Les revenus de sponsoring de Ligue 1 seront-ils bien de 265 M€ pour la saison 2013-14 ?

Les revenus de sponsoring sont effectivement budgété à 265 M€ pour la saison 2013-14. Cependant,  il s’agit d’un budget et il peut donc varier à la hausse ou à la baisse selon les contrats signés.

Comment peut-on expliquer cette soudaine progression après plusieurs exercices de stagnation autour des 200 M€ de revenus ?

L’analyse de votre article donne les raisons de cette hausse. D’une part on a un effet PSG indéniable qui a fait progresser les recettes marketing. D’autre part l’arrivée de nouveaux stades permet de vendre une nouvelle visibilité aux sponsors. On peut s’attendre à l’arrivée de nouveaux sponsors dans les prochains mois liés à la livraison de ces nouveaux stades.

En quoi consiste l’accord signé entre l’UCPF et Omnicom Media Group ?

Cet accord a pour objet de mettre en avant la force médiatique de nos clubs sur leur territoire. Dans un plan média classique, nous positionnons les clubs en tant que média local, voire par leur agrégat comme média national. Cela permet d’attirer de nouvelles marques non présentes dans le football par l’intermédiaire d’un plan média et non du sponsoring. A terme, les nouvelles marques séduites par la force du football pourront évidemment se diriger vers des accords classiques de sponsoring.

Quels clubs ont aujourd’hui adhéré à ce partenariat ?

Une vingtaine de club sont partenaires de l’opération. Nous sommes en phase de test auprès des marques.

Comment ce partenariat peut-il accroître les revenus de sponsoring des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 ?

Il peut donner une plus grande visibilité aux clubs et faire connaitre leur force aux marques qui n’ont pas l’habitude de nouer des partenariats dans cet univers. Certaines marques peuvent avoir peur du sponsoring sportif pensant que leur image peut être liée à des mauvais résultats sportifs. Ce partenariat permet ainsi de montrer qu’un club représente avant tout un nombre de prospects importants et qualifiés dans sa région.

Quel pourcentage d’augmentation est attendu derrière ce partenariat ?

Nous n’avons pas pour le moment d’objectifs chiffrés. Le tout est d’amorcer le processus et d’ajuster cette offre selon les retours des marques et des clubs.

Le modèle du sponsoring actionnarial (à l’image du Bayern Munich ou du Borussia Dortmund) est-il envisageable en France ?

Oui ce modèle est enviseagble. D’ailleurs il existe déjà. Ainsi le LOSC a accueilli un nouvel actionnaire qui est aussi sponsor du club (ndlr : Etixx). C’était déjà le cas avant, avec le groupe Partouche qui était sponsor et actionnaire. D’autres cas existent en France dans de plus petits clubs. A terme, au niveau européen, il faudra voir si ce modèle ne va pas à l’encontre du fair-play financier qui porte une attention particulière sur les cas de parties liées. Le fait qu’un actionnaire soit aussi sponsor soulève ainsi la question de la juste valeur du contrat de sponsoring.

marc coucke losc

Marc Coucke, sponsor du LOSC via sa société Etixx, a acquis 5% du capital social du LOSC.

Quels conseils donneriez-vous aux différents clubs de Ligue 1 pour accroitre sensiblement leurs revenus de sponsoring ?

Je n’ai pas de conseils opérationnels à donner aux directeurs marketing des clubs qui font un très bon travail dans un environnement économique très compliqué. A l’UCPF, nous avons la chance de ne pas être lié au résultat sportif et ainsi d’être moins sujets à l’urgence.

En conséquence, L’UCPF est là pour initier des projets ou des idées au service des clubs en étant agile et innovante.

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