Interview

Le modèle économique de lequipe.fr

Chaque mois, plusieurs millions d’internautes se rendent à de multiples reprises sur le site lequipe.fr pour consulter l’actualité sportive. Si la consultation d’informations sur le site internet du groupe est gratuite – contrairement au quotidien papier qui est lui payant – le groupe a développé un nombre important de services annexes permettant de construire un modèle économique rentable. Pour mieux comprendre le business modèle de lequipe.fr, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Frédéric Waringuez, rédacteur en chef adjoint de L’Equipe et Matteo Bisicchia, responsable business development au sein de L’Equipe 24/24.

Bonjour Messieurs. Pouvez-vous nous présenter votre rôle au sein de lequipe.fr ?

Frédéric Waringuez : Moi, je suis le rédacteur en chef adjoint au sein de L’Equipe. Ainsi, je m’occupe de l’organisation de la rédaction web au sein de lequipe.fr en conformité avec les autres équipes rédactionnelles, notamment celles du quotidien papier ou encore de notre chaine de télévision L’Equipe 21.

Matteo Bisicchia : Je suis Matteo Bisicchia. Je travaille à L’Equipe depuis trois ans. Précédemment, je travaillais au sein de Lagardère. J’ai été recruté par L’Equipe pour créer et développer une cellule Business Development. Aujourd’hui, le business development regroupe essentiellement deux axes majeurs. Le premier axe est la syndication et l’édition de contenus mutualisés ad hoc pour les médias sur tout support. La seconde activité est le développement du serviciel au sein des supports numériques du groupe L’Equipe. Ça se traduit par le développement d’un certain nombre de services générateurs de chiffre d’affaires au sein des produits numériques du groupe (lequipe.fr, francefootball.fr …).

Comment se positionne le site web lequipe.fr par rapport aux autres médias du groupe ?

Frédéric Waringuez : C’est assez simple. L’élément différenciant de lequipe.fr se situe au niveau de la temporalité de l’information. Pour schématiser, lequipe.fr est un média qui traite de l’actualité chaude avec une obligation de réactivité importante. Alors que dans le quotidien, le traitement de l’information est réalisé avec un peu plus de recul. Globalement, sur lequipe.fr, on trouve des papiers plus courts traitant l’actualité en live, dans l’instantané. Le but de lequipe.fr est d’être complémentaire à nos autres médias.

Combien de personnes sont employées au sein de lequipe.fr ? Comment est structuré le service ?

Frédéric Waringuez : Aujourd’hui, lequipe.fr possède une rédaction composée d’une trentaine de personnes. Parmi ces trente personnes, six salariés sont dédiés à la mise à jour de nos bases de données. Ils sont chargés de mettre à jour les résultats, classements, fiches joueurs, fiches clubs… Ils préparent également les tableaux de toutes les compétitions. Le reste des effectifs est organisé pour couvrir l’actualité sportive du matin à 07 heures au soir jusqu’à 01 heure du matin, tous les jours de la semaine.

Au-delà de la rédaction, nous avons deux autres services au sein de lequipe.fr. Il s’agit du marketing et de l’équipe technique. L’équipe technique ne s’occupe pas exclusivement de lequipe.fr : elle assure la maintenance et le développement d’autres projets et sites du groupe. Une trentaine de personnes composent ce service. Et au sein du service marketing, une quinzaine de personnes composent le service.

Quel est le budget de fonctionnement du site et plus globalement, de l’écosystème digital de lequipe.fr ?

Frédéric Waringuez : Nous ne communiquons pas sur ce genre de sujet. En revanche, ce que je peux vous dire, c’est que lequipe.fr est un site rentable qui génère des bénéfices chaque année.

Quelle est l’audience du site L’Equipe ? Quelle est la tendance ?

Frédéric Waringuez : Au niveau de l’audience mesurée par le panéliste Médiamétrie/Nielsen, lequipe.fr tourne autour de 5 millions de visiteurs uniques par mois. La tendance est relativement stable. Les évolutions sont surtout dues aux changements de critères utilisés par le panéliste dans ses calculs de mesure d’audience.

Outre la stabilisation de notre audience, l’important pour nous est de mesurer l’écart avec nos principaux concurrents. Et sur l’ensemble de l’année 2013, l’écart s’est plutôt creusé.

Ensuite, nous utilisons également nos propres outils de mesure d’audience. Tout support confondu (mobiles compris), lequipe.fr génère plus d’un milliard de pages vues par mois.

Quels leviers d’acquisition de trafic mettez-vous en place pour assurer une croissance de l’audience ?

Frédéric Waringuez : Nous utilisons tous les leviers possibles pour optimiser notre trafic. Effectivement, la notoriété d’une marque comme L’Equipe permet de générer un taux important de visites directes. Mais bien évidemment, le référencement est une de nos priorités.

En interne, nous avons une personne dédiée aux missions de référencement. Elle préconise des recommandations au niveau technique et au niveau rédactionnel pour qu’on soit le plus efficace possible. Les journalistes intègrent ainsi les recommandations SEO dans la réalisation de leurs articles.

Lequipe.fr essaie-t-il de conquérir de l’audience en se différenciant par le contenu avec notamment l’ouverture de la rubrique sports US ?

Frédéric Waringuez : La rubrique sports US ne constitue pas vraiment un élément de différenciation car un certain nombre de nos concurrents en possèdent déjà une. En revanche, nous voulions intégrer cette rubrique pour que nos lecteurs puissent bénéficier d’une mise à jour quotidienne des informations concernant des sports importants. Les sports US attirent de plus en plus de monde en France et il devenait alors naturel de créer un espace dédié sur lequipe.fr

En dehors d’une synergie avec le site officiel, les réseaux sociaux ont-ils une autre fonction au sein de l’écosystème digital de lequipe.fr ?

Frédéric Waringuez : L’idée est d’aller chercher l’audience là où elle se trouve. Aujourd’hui, les jeunes notamment, passent de plus en plus de temps sur les différents réseaux sociaux (Facebook, Twitter…). L’important pour nous est d’optimiser notre présence sur ces réseaux pour ramener l’audience – autant que possible – vers notre site lequipe.fr.

Quel est le revenu généré par le site lequipe.fr ?

Frédéric Waringuez : Je ne vais pas pouvoir vous divulguer les revenus générés par le site lequipe.fr. En revanche, je peux vous lister les différentes sources. Tout d’abord, nous vendons bien évidemment des espaces publicitaires. Ensuite nous vendons différentes formes de contenus dont le journal en version électronique ou encore des articles premiums. Nous vendons également un abonnement concernant la Ligue Magnus de Hockey dont nous avons acquis les droits. Et puis nous avons différents partenariats.

Comment se déroule la vente d’espaces publicitaires display sur le site lequipe.fr ?

Matteo Bisicchia : Me concernant, je ne vends pas de publicité. Pour cette activité, nous travaillons la régie du groupe Amaury Médias. Elle commercialise nos espaces sur le quotidien, le site web et la chaîne de télévision. Et elle s’occupe également de nos confrères du Parisien et des événements organisés par ASO.

Comment le projet Ebar a-t-il vu le jour (service permettant de visualiser les bars diffusant une rencontre sportive près de chez soi) ?

Matteo Bisicchia : Le service Ebar est né de deux constats réalisés au sein du service marketing. Tout d’abord nous avons une très forte consommation du football au sein de lequipe.fr et plus particulièrement de la Ligue 1. Cette forte consommation est essentiellement due à une couverture très exhaustive de cette compétition. Dernièrement, nous avons d’ailleurs renforcé cette couverture en acquérant auprès de la LFP des droits de diffusion de résumés vidéo des rencontres.

Le deuxième constat est qu’il y a, aujourd’hui, de moins en moins de diffusion gratuite de sport et le football est pleinement concerné. L’arrivée de BeIN Sports a notamment mis fin à la diffusion d’une rencontre par journée de Ligue des Champions sur TF1.

Pour concrétiser ce projet, nous avons collaboré avec un prestataire Allomatch. L’objectif premier est d’apporter un service utile et important à nos internautes. Il s’inscrit ainsi dans la lignée des autres services que nous avions lancés précédemment : Ebillet (billetterie sportive), EVoyages (qui regroupe des offres de voyage plus hébergement autour d’un événement sportif), Corner Supporter (vente de maillots)… Tous ces services vont être centralisés autour d’une même marque baptisée l’EStore.

Le second objectif d’Ebar est bien évidemment la génération de chiffre d’affaires. Nous sommes en train de créer un vrai label Ebar en vue des prochains événements dont notamment la Coupe du Monde 2014 et surtout l’Euro 2016 en France.

Le modèle économique d’Ebar repose-t-il uniquement sur l’abonnement ?

Matteo Bisicchia : Pour intégrer le dispositif, les commerces doivent s’acquitter d’un abonnement mensuel dont la tarification évolue en fonction de la durée d’engagement. Mais ce modèle économique peut évoluer. Il pourra varier en fonction des futurs développements réalisés pour optimiser le service. Nous réfléchissons notamment à la manière de le mettre plus en avant sur le mobile, support sur lequel nous croyons beaucoup grâce à la géolocalisation.

Quelle est l’audience du service Ebar aujourd’hui ?

Matteo Bisicchia : En termes d’audience, nous ne communiquons pas sur ces chiffres. Mais, globalement, nous avons la chance de bénéficier de la puissance du site lequipe.fr. Nous sommes largement leader sur la thématique sportive. Et nous possédons même un inventaire supérieur aux médias généralistes. Sur mobile et tablette, nous sommes le premier média toute thématique confondue en termes de visiteurs uniques et d’inventaires.

D’autre part, cela constitue une réelle volonté de réaliser des intégrations contextualisées concernant le service. Il s’agit d’un objectif prioritaire pour la cellule business development de pousser des services qualitatifs sur du contenu adapté pour apporter une réelle valeur ajoutée à l’internaute.

ebar lequipe

Désormais, dans les pages « calendrier », une icone TV a fait son apparition à côté de chaque rencontre. Elle revoie vers le service EBar permettant à l’internaute de visualiser les bars diffusant la rencontre près de chez lui.

Sur quel modèle économique repose le service EVoyages ?

Matteo Bisicchia : Avant toute collaboration, nous leur rappelons que notre métier de base est d’être un média et non un site e-commerce. Nous sommes là pour apporter notre caution à un service que l’on juge potentiellement utile pour l’internaute.

Sur EVoyages, nous travaillons avec le groupe Couleur avec qui nous partageons les revenus.

Le modèle économique repose donc sur un commissionnement des revenus associé à une part fixe liée à la visibilité du partenaire ?

Matteo Bisicchia : Il ne s’agit pas de la visibilité. Encore une fois, et c’est très important de préciser ce détail, nous ne vendons pas de publicité. Les emplacements sur lesquels sont relayés nos services ne sont pas des emplacements ad-servés mais il s’agit d’emplacements où les partenaires possèdent 100% de parts de voix. Ces emplacements sont créés spécifiquement pour diffuser le service. Ils répondent plutôt à une continuité de consommation éditoriale.

Et je tiens à insister sur la contextualisation des services relayés. Par exemple, dans l’article concernant Jérémy Menez en Une sur le site ce matin (ndlr : l’interview a eu lieu mercredi dernier), vous allez retrouver une série de services en lien avec le contenu. Un encart EBillet proposera d’acheter des places pour les prochains matchs du PSG au Parc des Princes. Un encart EVoyages sera également présent et il relaiera la possibilité de voir des matchs de Ligue des Champions à Londres (en référence à la confrontation Chelsea – PSG). Au sein de l’encart Corner Supporter, nous pousserons des produits associés au PSG. Et d’autres corners shopping pousseront des produits associés au football en général.

C’est de cette manière que nous construisons notre réseau de services. Il y a un vrai engagement avec nos partenaires pour qu’ils puissent contextualiser les flux qu’ils vont nous envoyer. Ce type de mise en place demande un gros travail marketing et technique. On essaie de cibler ce que l’internaute peut potentiellement chercher. On va ainsi bien au-delà de la diffusion de publicité.

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