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Interview

« Dans la plupart des cas, un stade a un prix de marché très faible »

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Plusieurs clubs de Ligue 1 ont lancé ces derniers mois d’importants projets autour de leurs infrastructures sportives. C’est le cas notamment du Stade Brestois 29 qui, en concertation avec ses collectivités, souhaite se doter d’un nouveau stade d’une capacité de 15 000 places. De leur côté, le Paris Saint-Germain ou encore le RC Lens cherchent à acquérir la propriété de leur enceinte sportive. Des dossiers qui ne sont pas toujours simples à mener en raison d’obstacles financiers, politiques ou administratifs. Jérémy Moulard, Docteur en Management du Sport Professionnel et Consultant Stade, livre ses analyses sur les projets en cours dans le football français. Entretien.

En quoi le projet de nouveau stade à Guipavas présenté par le Stade Brestois 29 est intelligent ? Quels sont ses atouts ?

Si on considère qu’un stade est un outil de développement économique pour un club professionnel, le modèle imaginé par le Stade Brestois 29 est optimal pour deux raisons. Premièrement, les dimensions de ce futur stade répondent au potentiel du territoire. Sera alors construit un stade aux charges maîtrisées car il ne sera pas surdimensionné. Cela sera plus facile de l’amortir durant les 30 à 40 années d’exploitation. Un dimensionnement cohérent permet de réduire les charges de construction et d’exploitation.

Deuxièmement, étant donné qu’on sera sur un stade à capacité réduite, l’élasticité prix sera potentiellement plus importante. La demande risque d’être forte par rapport à l’offre. Le club va alors pouvoir tirer les prix vers le haut. Cela va permettre au Stade Brestois 29 d’accroître ses marges.

Grâce à ce futur stade, le Stade Brestois va bénéficier simultanément de deux effets positifs : des charges maitrisées concernant l’exploitation de l’enceinte et une maximisation des marges sur ses activités de billetterie. D’un point de vue économique, ce projet de nouveau stade est très cohérent.

Certains supporters ont néanmoins exprimé des critiques concernant ce projet de nouveau stade, remettant notamment en cause sa faible capacité de 15 000 places…

Je peux comprendre les craintes exprimées par certains fans concernant un éventuel sous-dimensionnement du stade mais je ne suis pas d’accord avec cette critique. On entend parfois qu’il ne peut régner une ambiance incroyable dans un « petit » stade. Or, quand on se rend à des spectacles ou à des concerts, on peut y retrouver une ambiance folle dans des salles qui ne dépassent pas les 10 000 places. Par ailleurs, via des procédés architecturaux et des équipements sonores, il est possible de jouer sur l’acoustique d’un stade et d’en renforcer l’ambiance qui s’y dégage. A ce niveau, le nouveau stade de Tottenham est un exemple en la matière !

« D’un point de vue économique, le projet de nouveau stade du Stade Brestois 29 est très cohérent »

En revanche, quand un stade n’est rempli qu’à 50% de sa capacité, c’est difficile d’en améliorer l’ambiance. Les sièges vides ont un effet très néfaste sur le ressenti des spectateurs. Les différents exemples au sein de l’industrie du sport-spectacle montrent qu’il vaut mieux avoir un stade plus petit mais toujours plein plutôt qu’un grand stade à moitié vide…

En suivant votre raisonnement, le porteur d’un projet de nouveau stade a plutôt intérêt à investir dans des équipements modernes plutôt que dans l’accroissement des capacités…

« Dans la plupart des cas, un stade a un prix de marché très faible »
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