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Interview

« Le futur Bauer sera le petit fillot des infrastructures olympiques de Barcelone »

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En apparence, les acteurs du sport professionnel français et les parties prenantes impliquées dans les projets de construction / modernisation d’enceintes sportives semblent avoir retenu les erreurs du passé. Dont notamment celles commises à l’occasion de la rénovation du parc des stades pour l’EURO 2016. Dimensionnement, financement des projets, modèle d’exploitation… les nouveaux équipements imaginés devraient davantage correspondre aux attentes des clubs résidents. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Jérôme Boissel, Enseignant-Chercheur à l’ESC Clermont Business School & responsable de la filière Passion Sport, livre ses analyses sur les dernières enceintes livrées en France et celles à venir.

En France, on semble avoir retenu les erreurs des stades estampillés EURO 2016 en mettant fin à la culture du gigantisme concernant les nouveaux projets d’équipements sportifs. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ?

C’est une bonne question qui fait appel à plusieurs champs disciplinaires dont l’économie ou encore les sciences de gestion. Dans un premier temps, c’est important de recontextualiser l’époque des grands stades en France. Les derniers projets de construction de grands stades sont essentiellement liés à l’organisation de GESI (ndlr : grands événements sportifs internationaux). Le législateur ou du moins le pouvoir exécutif décide d’impulser une dynamique à travers l’organisation d’une Coupe du Monde, d’un Euro ou des Jeux Olympiques. Les clubs ne sont pas décisionnaires des choix actés. On désigne une ville hôte de l’événement et on va y adjoindre un projet de stade. Une fois l’outil acté, on cherche alors à y intégrer un club résident pour prendre en charge une partie des frais liés à son exploitation et limiter les dégâts économiques. On réfléchit à l’envers en quelque sorte.

Le gigantisme des stades est issu d’une culture étatique avec des décisions centralisées. Dans un premier temps, les villes et les clubs concernés peuvent bénéficier d’un effet d’aubaine grâce à la mise à disposition d’un nouvel équipement répondant au cahier des charges fixé par la FIFA, l’UEFA ou tout autre organisateur d’un grand événement. Malheureusement, ces critères correspondent rarement à la demande locale. Les clubs héritent alors d’un outil en sachant pertinemment qu’ils rencontreront des difficultés à le remplir à tous les matches.

Ces dernières années, on a eu tendance à tirer à boulets rouges sur des clubs comme l’OGC Nice ou les Girondins de Bordeaux en raison de leur faible taux de remplissage. Mais il faut aussi et surtout s’interroger sur les responsabilités du Comité d’Organisation de l’EURO 2016. On a construit des stades pour ces événements en sachant très bien qu’il serait impossible de les remplir régulièrement.

Les collectivités n’ont-elles pas aussi leur part de responsabilité dans la construction de stades surdimensionnés dans les années 2010 ? Par exemple, les villes du Havre ou encore du Mans n’ont pas organisé de rencontres de l’EURO 2016…

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