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Mbappé et les droits à l’image : un choix qui pose question

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Il y a quelques semaines, en plein rassemblement des Bleus, la FFF publiait un communiqué pour annoncer la révision à venir de la convention inhérente aux droits à l’image qui la lie à ses joueurs en sélection. Cette annonce nous rapproche un peu plus de l’épilogue d’un feuilleton entamé il y a 4 ans lors des débuts des négociations entre Delphine Verheyden, avocate de Kylian Mbappé, et la fédération. En mars dernier, le joueur du PSG avait suivi les conseils de son avocate et refusé une première fois de participer aux opérations marketing liées aux sponsors de l’Équipe de France pour mettre la pression sur la FFF. La deuxième “grève” de l’attaquant mi-septembre aura été la bonne pour obtenir gain de cause.

Jusqu’ici et depuis 2010, chaque joueur des Bleus devait signer lors de sa première sélection un document pour céder ses droits d’image à titre collectif et s’engager à participer aux opérations des sponsors. En contrepartie, les joueurs touchent 25 000 euros chacun par rencontre internationale. Rapidement, l’entourage de Mbappé a laissé entendre que certaines marques partenaires posaient des problèmes éthiques et moraux au natif de Bondy : Coca-Cola et KFC pour la malbouffe, Betclic pour l’addiction aux paris sportifs. Aussi, son avocate a interrogé la fédération sur l’utilisation qui est faite des revenus de ces partenariats, que Mbappé souhaiterait flécher au maximum vers le football amateur et les banlieues.

En 2020-21, les partenariats rapportaient 104,8 m€ à la FFF, soit 43% de son budget annuel, devant les droits TV. Le premier poste de dépense de la fédération est le football amateur qui reçoit 86,7 m€, soit 35% du total. Les joueurs de l’Équipe de France, eux, reçoivent sur un an quelques centaines de milliers d’euros chacun en primes en fonction du nombre de rencontres auxquelles ils participent et des résultats qu’ils obtiennent. Ces montants représentent le plus souvent entre 5 et 10 % du salaire annuel qu’ils touchent en club. Pour une star comme Mbappé, on tombe autour de 1%. Le joueur du PSG, comme d’autres, choisit de reverser l’intégralité de ces primes à des associations caritatives.

Nous ne sommes plus depuis longtemps dans une situation où les joueurs pourraient se sentir exploités par leur fédération. En club, ce sont eux qui tirent profit du système au maximum. En sélection, ils cèdent une partie de leurs droits pour aider à financer le football national. Ils acceptent un fonctionnement où l’essentiel des revenus tirés des partenariats et des droits TV ne leur est pas reversé. Ce système transparent permet une redistribution des revenus du football professionnel vers les échelons inférieurs.

Comment interpréter alors la position de Kylian Mbappé et sa volonté de modifier la convention sur les droits à l’image ? Sa communication suggère qu’il souhaite agir des deux côtés : sur les revenus en validant les partenaires, mais aussi en contrôlant les dépenses. À première vue, ces objectifs sont louables mais un tel niveau d’ingérence peut étonner. Les partenaires mis en cause sont (malheureusement) très actifs dans le sponsoring des clubs et du sport en général, la FFF ne se distingue pas par des choix particulièrement critiquables. En face, le football amateur reçoit déjà la plus grosse part des fonds récoltés et Mbappé répète qu’il ne veut rien révolutionner : on l’imagine mal aller vérifier comment la FFF finance le football amateur dans le détail.

Une question d’image ou de gros sous ?

Mbappé et les droits à l’image : un choix qui pose question

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