Traditionnellement, la valeur d’un club professionnel de football est définie à partir d’un multiple de chiffre d’affaires. Or, en raison de contrats audiovisuels nationaux en baisse, la plupart des clubs de L1 devraient subir une contraction de leurs revenus lors des saisons à venir. Pourtant, selon différents experts, leur valorisation pourrait être moins impactée que prévu. Et voici pourquoi.
Moins de 230 m€. C’est le montant net des droits TV qui devrait être redistribué aux différents clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 en cet exercice 2024-25. Une somme qui est en repli de 60% par rapport aux versements réalisés la saison passée ! Un écart significatif qui est dû à des accords TV nationaux très décevants conclus avec DAZN et BeIN Sports pour un montant total de l’ordre de 500 m€ par saison mais aussi à une hausse importante des charges liée notamment à l’entrée en vigueur de l’accord noué avec CVC. Et même si quelques derniers deals conclus à l’international viendront faire grimper ce montant, l’objectif n’y est clairement pas pour un football professionnel français qui visait initialement plus de 1 Md€ de recettes audiovisuelles brutes pour le cycle 2024-29 !
Cette contraction de la principale source de revenus des clubs professionnels français peut-elle sérieusement mettre à mal l’économie de certaines formations de L1 et de L2 ? « Il est fort probable que bon nombre d’actionnaires aient à remettre au pot. Les actionnaires financiers s’en chargeront. Mais cela peut poser plus de problèmes aux actionnaires familiaux. S’il faut remettre plusieurs dizaines de millions, il y a un risque non nul de défaillance. Et cela peut entrainer un effet domino car quasiment tous les clubs ont à leur bilan des créances de transferts » analyse Henri Philippe, Associé au sein du cabinet Accuracy Paris et co-auteur de l’ouvrage Créer de la valeur dans le football. « Ceux qui n’ont pas de fonds propres ou un actionnaire solide vont être en grande difficulté financière » abondait dernièrement dans le même sens un président de Ligue 1 auprès de nos confrères de L’Equipe.
Engagées dans des contrats pluriannuels avec leurs joueurs, les différentes formations n’ont pas une grosse marge de manœuvre pour reconfigurer leur masse salariale, principal poste de dépenses. « Et les coûts de structures sont également difficilement compressibles. De nombreux clubs vont passer sous leur point mort » ajoute Henri Philippe. La volonté de compenser la baisse des recettes TV par la réalisation de plus-values plus importantes sur le marché des transferts a été perceptible chez certains clubs hexagonaux lors du dernier mercato estival. Toutefois, l’objectif n’a pas été simple à atteindre dans un marché où les clubs de Premier League ont (légèrement) moins investi. Une tendance qui est partagée, et de manière plus prononcée, par les clubs de Saudi Pro League.
Néanmoins, au cours des derniers jours, certains dirigeants de L1 ont tenu à tempérer la situation en détaillant concrètement les conséquences de la baisse des droits TV sur leur modèle économique.