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Environnement / Social

Comment gagner le « match » de l’énergie ?

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Si la question des économies d’énergie dans l’exploitation des équipements n’est pas nouvelle au sein de l’industrie sportive ; la sévère hausse des prix a éveillé les consciences sur les enjeux économiques liés à une bonne maîtrise des consommations. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Guillaume Gouze, Consultant Economique au CDES Limoges et co-directeur du DU Stadium Manager, revient sur le niveau d’avancement du sport français sur les questions énergétiques tout en mettant en avant les bonnes initiatives en la matière.

Quels sont les principaux leviers à activer pour réaliser des économies d’énergie dans l’exploitation d’une infrastructure sportive ?

Ces dernières semaines, on a beaucoup parlé de sobriété énergétique mais, en réalité, il y a une double stratégie à déployer pour réduire sa consommation d’énergie. On peut la résumer en cette phrase : consommer moins et consommer mieux.

Sur la partie « consommer moins », il y a bien sûr la notion de sobriété. Cela passe essentiellement par l’humain et un changement des usages. Comment en modifiant nos habitudes et comportements parvenons-nous à économiser de l’énergie ? Par exemple, en jour de match, si on démarre l’éclairage 1h avant le coup d’envoi au lieu de 1h30, c’est une action de sobriété. Mais le volet consommer moins intègre aussi la notion d’efficacité. Cet item repose davantage sur la technique avec notamment l’installation d’équipements moins gourmands en énergie. Si on reste sur l’exemple de l’éclairage, le recours aux ampoules LED permet de réduire conséquemment sa consommation énergétique.

Enfin, il y a la dimension flexibilité qui rentre dans le volet « consommer mieux ». La flexibilité repose sur une nouvelle manière de penser sa consommation d’énergie. Cet item réunit également les questions en lien avec les sources d’énergie utilisées. Bien évidemment, pour des questions environnementales, mieux vaut consommer un pourcentage important d’énergies renouvelables et sortir le plus possible des énergies fossiles. Par exemple, de nombreux gestionnaires avaient pris pour habitude de recourir aux groupes électrogènes en jour de match pour faire face aux pics d’activité. Mais ce n’est plus acceptable de consommer à outrance des énergies fossiles pour alimenter en énergie un stade. L’Equipe a dernièrement consacré un article à ce sujet en prenant en exemple les dispositifs proposés par Enedis pour réduire drastiquement l’utilisation des groupes électrogènes.

La crise qui frappe actuellement l’Europe n’a-t-elle pas accéléré les projets d’économies d’énergie au sein du sport français ? Les discussions en la matière se sont-elles intensifiées entre les organisations sportives et les collectivités généralement propriétaires des équipements sportifs ?

Nous sommes entrés dans une crise internationale de l’énergie consécutive à la guerre en Ukraine. Ce choc externe favorise une prise de conscience à grande échelle. Malheureusement, on a souvent besoin d’une crise pour avancer sur de telles thématiques.

Néanmoins, le sujet n’est pas nouveau. « L’énergie est notre avenir, économisons-là » date d’un décret de 2006, et est obligatoire pour les messages de promotion des entreprises du secteur énergétique. Ce sujet trouve même une traduction juridique au sein de notre législation. Des mesures existent déjà, une trajectoire a été définie et des projets sont lancés depuis plusieurs années. Par exemple, en matière d’écoconstruction, on peut citer les réglementations thermiques RT 2012 ou encore RT 2020. Ces normes thermiques sont intégrées dans la construction des nouveaux bâtiments pour qu’ils soient moins consommateurs d’énergie.

« L’énergie bon marché et en quantité « illimitée » n’existera plus à l’avenir »

En matière d’éco exploitation, citons le dispositif éco énergie tertiaire. C’est un ensemble de décrets pris en conséquence de la loi Elan en 2018. Cette loi est une traduction de l’engagement de la France dans l’accord de Paris. Ce dispositif oblige tous les bâtiments tertiaires de plus de 1000 m² de surface – dont les stades, arenas, centres d’entrainement et équipements sportifs au sens large – à atteindre 40% d’économies d’énergie à horizon 2030, 50% en 2040 et 60% en 2050. Le calcul doit être effectué à partir d’une année de référence choisie entre 2010 et 2020. Chaque gestionnaire de stade, qu’il soit propriétaire ou locataire, doit agir pour se mettre en conformité avec la loi sous peine de sanctions. Globalement, toutes ces mesures s’inscrivent dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone de la France qui vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Même s’il n’est pas nouveau, ce sujet était-il traité sérieusement par les acteurs du sport français jusqu’à présent ?

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