La méthode des multiples est celle la plus couramment utilisée dans l’univers du sport pour estimer la valeur des clubs professionnels. Mais elle doit impérativement être adaptée aux spécificités de cette industrie pour donner des résultats en corrélation avec les données du marché. Etude exclusive Ecofoot.
« Le sport professionnel est un secteur très particulier où la part de risque est importante. On n’évolue pas dans un secteur industriel avec des standards bien définis et calibrés. La valorisation y est alors un exercice très complexe et incertain » nous alerte immédiatement un expert financier ayant l’habitude de consulter des dossiers dans le sport mais préférant garder l’anonymat.
En effet, l’exercice de valorisation s’avère particulièrement périlleux dans l’univers du sport professionnel et plus particulièrement dans celui du ballon rond. Car les données du marché – quand elles sont disponibles – sont souvent bien supérieures à la valeur théorique financière calculée. « Certains clubs sont cédés pour plusieurs millions d’euros alors qu’ils ont une valeur pure financière qui est quasiment nulle. Car ils enregistrent plus souvent des déficits que des bénéfices » nous précise notre expert.
Alors que la valeur d’un club de football professionnel repose davantage sur des critères extra-financiers – médiatisation, enjeux d’image, réseaux… – il parait alors nécessaire de s’éloigner des méthodologies pures de l’ingénierie financière de type Discounted Cash Flows ou Actif Net Réévalué pour procéder à sa valorisation. La méthode sectorielle dite des comparables – ou encore des multiples – semble être plus appropriée. A condition à nouveau de l’adapter aux spécificités de l’industrie footballistique.
« Traditionnellement, pour une entreprise de l’industrie classique, on applique le coefficient multiplicateur à l’EBITDA. Mais, par souci de profitabilité, on s’en tient à un multiple de chiffre d’affaires dans l’univers du sport professionnel. Ce qu’on identifie comme valeur dans un club de sport, c’est sa capacité à générer de l’activité notamment grâce à son réseau » nous confirme notre expert financier anonyme.
« Concernant les différents dossiers sur lesquels j’ai travaillé, on part de la méthode des multiples pour effectuer une première valorisation. La raison est simple : dans la majorité des cas, les actionnaires ont fixé au préalable leur prix. Ils cherchent surtout à obtenir une confirmation de ce montant par le cabinet qu’ils ont mandaté. Le prix final est le fruit d’une négociation et non d’un exercice théorique de valorisation financière » nous confie un autre professionnel de la finance du sport ayant travaillé sur plusieurs dossiers dans le football français ces dernières années.
« Néanmoins, la donne peut être différente en fonction du cadre d’évaluation. On va davantage se tourner vers la méthode des DCF ou de l’ANR dans le cadre d’une levée de fonds pour financer un projet immobilier. Quand les interlocuteurs en face sont des banques, ces dernières vont adopter des critères d’analyse très poussés pour débloquer les fonds » poursuit notre professionnel.
Olympique de Marseille, une valorisation supérieure à 450 m€
Quel coefficient multiplicateur faut-il alors appliquer aux clubs de Ligue 1 pour obtenir leur valorisation ?