Après avoir connu une période d’euphorie liée aux promesses de croissance du secteur, les principales équipes d’esport ont rencontré plus de difficultés à capter de nouveaux investissements au cours des deux dernières années. Mais les transformations que connaît actuellement cette industrie pourraient inciter de nouveaux acteurs à miser sur cette activité. Décryptage.
« Ces deux dernières années, en Europe, il n’y a eu quasiment aucune levée de fonds majeure dans l’esport. De nombreux investisseurs ont freiné leurs opérations car le modèle économique est encore flou. » Le ton est immédiatement donné par David Laniel, Co-Fondateur de GameWard, une des principales équipes de la scène esportive française basée à Boulogne-Billancourt.
En effet, elle semble déjà loin la période au cours de laquelle certaines des plus grandes équipes d’esport – y compris françaises – parvenaient à lever plusieurs dizaines de millions de dollars ou d’euros pour financer leur développement. A l’image de Team Vitality qui finalisait, en début d’année 2022, un tour de table à 50 m€ pour accélérer notamment son développement sur League of Legends ou encore Counter Strike. Lors de sa dernière édition, remontant à 2022, Forbes évaluait alors les 10 plus grandes équipes d’esport au monde à plus de 10 fois leur chiffre d’affaires annuel.
« Ce multiple n’est plus d’actualité, et n’a d’ailleurs jamais fait consensus. Il est hérité de la méthode de valorisation des grands clubs américains des ligues NBA et NFL, en intégrant des projections de monétisation des audiences de l’Esports qui n’ont jamais été atteintes » analyse pour Ecofoot Matthieu Dallon, Président de Trust Esport, fonds de Venture Capital prenant des participations dans des entreprises évoluant dans le secteur de l’esport. « Les valorisations présentées par Forbes ne sont pas fidèles aux données du marché. Ce classement est beaucoup commenté mais il génère surtout de la spéculation » abonde dans le même sens Boris Bergerot, Président de STAKRN Agency, une des principales agences de consulting dans l’esport en France et en Europe.
Les fonds de Private Equity aux abonnés absents ?
Prises en étau entre leurs joueurs et les conditions imposées par les éditeurs, peu de clubs d’esport de haut niveau sont parvenus à construire un solide modèle économique permettant de combiner forte croissance et perspectives de profits.