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La stratégie à impact : l’avenir du sport ?

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La plupart des (grandes) institutions sportives mettent désormais en avant leur volonté de mieux prendre en compte la crise climatique dans l’organisation de leurs activités. Pourtant, guidées par des impératifs économiques et un appétit insatiable de croissance, elles prennent encore des décisions qui vont à l’encontre de leurs objectifs environnementaux. Seule une transformation profonde de leur business model, en plaçant les stratégies à impact au cœur de leur politique de création de valeur, permettrait d’initier un modèle pérenne en adéquation avec les enjeux climatiques. Décryptage.

Devenir neutre en carbone d’ici 2030 : c’est l’ambition que portent les promoteurs de la Formule 1. Si le message affiché est ambitieux, les décisions actées à la tête de la discipline ne vont pas toujours dans le sens d’une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux. L’élargissement progressif du calendrier – avec désormais plus de 20 courses programmées par saison – oblige les écuries à parcourir la planète tout au long de l’année en relevant parfois de véritables casse-têtes logistiques. L’organisation du GP de Bakou et de Miami à une semaine d’intervalle n’a pas contribué à alléger le bilan carbone de la compétition en cette saison 2023. Et les atermoiements et différents reports concernant l’interdiction du recours aux couvertures chauffantes pour les pneumatiques sont un autre signal donnant l’impression que les sujets climatiques ne sont pas érigés au même niveau de priorité que les enjeux économiques ou technologiques.

La Formule 1 n’est néanmoins pas la seule discipline à manquer de cohérence sur la thématique environnementale. Les contradictions sont décelables chez de nombreux acteurs du sport. La FIFA a dernièrement été épinglée par la Commission suisse pour la Loyauté au sujet de sa communication sur l’organisation d’une Coupe du Monde 2022 « neutre en carbone ». En France, quelques semaines après avoir annoncé l’intégration de critères environnementaux dans le barème de la licence club – ce qui constitue un énorme pas en avant – la Ligue de Football Professionnel dévoile son intention d’organiser l’édition 2023 du Trophée des Champions en… Thaïlande. Un projet qui a cependant été abandonné en raison de la défaillance de l’organisateur.

« Les acteurs du sport veulent en savoir plus sur leurs externalités environnementales »

Florent Levavasseur – Directeur Conseil – Utopies

« Il y a en effet parfois un problème de cohérence entre les discours et les caps stratégiques définis par les organisations sportives. Alors qu’il y a urgence à mettre en place des stratégies climatiques ambitieuses, on en voit relativement peu dans le monde du sport » analyse Florent Levavasseur, Directeur Conseil chez Utopies, cabinet pionnier sur les stratégies de développement durable qui fête cette année son trentième anniversaire. « Toutefois, on observe une montée en puissance des acteurs du sport sur ces questions climatiques. Ils veulent en savoir plus sur leurs externalités environnementales. Ils prennent conscience que la crise climatique peut avoir un impact important sur leurs activités. Par exemple, nous sommes de plus en plus consultés par le cluster montagne – stations de ski, équipementiers… » nuance ainsi notre expert.

Une crise climatique qui n’affecte d’ailleurs pas exclusivement les sports d’hiver. La Formule 1 a été contrainte d’annuler le GP d’Emilie Romagne à Imola au mois de mai dernier en raison des fortes précipitations et inondations touchant la région. Par ailleurs, la pratique sportive sous de fortes chaleurs a une incidence notable sur le déroulé des compétitions : seulement 41% des marathoniennes participant à l’épreuve des Championnats du monde d’athlétisme organisés au Qatar en 2019 sont parvenues à finir la course – malgré un départ donné à minuit. De quoi faire réfléchir les organisateurs face à des épisodes caniculaires de plus en plus réguliers…

Quelle organisation pour mieux prendre en compte les enjeux climatiques ?

Parmi les acteurs manifestant une certaine ambition au niveau climatique, Paris 2024 est régulièrement cité en exemple.

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