Les économistes mettent souvent en avant le rôle prédominant de la masse salariale sur la performance des clubs, traduction d’une certaine efficience du marché des footballeurs. Il s’agit de « dépenser plus pour gagner plus » : la corrélation entre les salaires et les victoires est forte, autour de 0,70 en Ligue 1 et 0,50 en Ligue 2 sur les vingt dernières saisons. Mais une autre caractéristique de la distribution des salaires que la simple moyenne peut jouer un rôle sur les performances des clubs : sa dispersion entre les joueurs d’une même équipe. Note d’analyse de Luc Arrondel, Economiste-Chercheur au CNRS et de Richard Duhautois, Economiste-Chercheur au CNAM.
De fortes inégalités de salaires au sein d’un club permettent-elles ou non de bien figurer au classement ? Sur cette question, deux visions théoriques, voire idéologiques, s’affrontent. La première soutient que la performance d’une équipe est meilleure lorsque les salaires sont relativement proches car la « cohésion » entre les joueurs s’en trouverait renforcée : moins d’inégalité égale plus de victoires. La seconde hypothèse, au contraire, suggère que des écarts de salaire importants entre les joueurs améliorent la performance des équipes car ils instaureraient une méritocratie au sein de l’équipe, les joueurs faisant davantage d’efforts pour améliorer leur rémunération : plus d’inégalités égale plus de victoires. En d’autres termes, une forte dispersion des salaires favoriserait les comportements coopératifs et collectifs selon la première hypothèse et encouragerait les comportements individualistes selon la seconde : football de « gauche » contre football de « droite » en somme !
Une relation en forme de U
De nombreuses études statistiques ont cherché à tester ces deux hypothèses.