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Le coup de com'

Joueurs et réseaux sociaux, une communication sous contrôle ?

Vlad1988 / Shutterstock.com

Revenir sur une thématique, un débat, un évènement, une actualité, qui lie le monde du ballon rond à celui de la communication. C’est l’objectif de la rubrique « Le Coup de Com’ », qui vous donne rendez-vous tous les mois sur Ecofoot.fr. Pour ce deuxième volet, nous allons évoquer la question de l’utilisation des réseaux sociaux par les footballeurs dans un contexte d’hypermédiatisation. Et se demander si les clubs doivent essayer de contrôler, ou pas, cette communication réputée parfois… incontrôlable. Par Guillaume Monteiro.

Il y a quelques semaines, le monde du football, et celui des réseaux sociaux, s’enflammaient après le relais de vidéos des joueurs du Paris Saint-Germain qui fêtaient les anniversaires de plusieurs joueurs de l’effectif de manière très… véhémente. Une diffusion qui a déplu à certains, puisque cela intervenait quelques jours après une défaite en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions face à Dortmund. Une « polémique » qui a remis sur le tapis la question de l’utilisation des réseaux sociaux par les joueurs professionnels, et les dégâts qui peuvent être occasionnés à l’image d’un club.

En effet, les réseaux sociaux sont aujourd’hui un canal de communication très apprécié des clubs, mais aussi des joueurs. Pour les premiers, ce sont des outils devenus indispensables du fait de la transformation digitale. Du côté des joueurs, cela représente un moyen de parler à une audience issue de leur « génération » qui adopte et donc comprend les codes de leurs idoles. Conséquence de cela, on retrouve une proximité, mais également une instantanéité, qui font le sel des réseaux sociaux. Cependant, dans le cadre de l’hypermédiatisation des footballeurs, cette instantanéité peut représenter un piège en certaines occasions… Dans une interview accordée à Onze Mondial, Raymond Domenech, ancien sélectionneur des Bleus, déplorait ainsi cette volonté pour certains de vouloir tout rendre public, obligeant les clubs à adapter leur gestion sachant alors que dans le milieu du ballon rond « le moindre soupçon crée une polémique ».

Les réseaux sociaux des joueurs, un outil affectif… et informatif !

Voir les réseaux sociaux occuper une telle place dans le quotidien des joueurs, c’est donc aussi une conséquence de l’hypermédiatisation et du statut de « stars » qui peut être acquis par ces derniers. Si cela peut parfois leur porter préjudice, on ne peut pas nier que certains d’entre eux s’accommodent parfaitement de ces outils. Avec ainsi la possibilité de maintenir une relation constante avec leurs supporters. Un lien d’autant plus important au regard de la fan base mondialisée qui suit désormais les joueurs, avec des « followers » répartis aux quatre coins du monde, et qui n’ont donc pas forcément la possibilité de suivre tous les matchs. Ainsi, il n’est pas rare de voir certains joueurs disposer d’une communauté plus importante que leur club, conséquence d’un football starifié où la performance individuelle prend le pas sur le collectif.

Au fil du temps, les comptes sociaux des joueurs ne sont-ils pas devenus des canaux d’information à part entière, concurrençant alors les médias traditionnels ? La question mérite d’être posée. Dans un article paru lors de la dernière Coupe du monde, Le Media Presse relevait notamment ce nouveau modèle de fonctionnement, à travers l’exemple du petit accrochage entre Adil Rami et Kylian Mbappé, qui avait fait craindre une blessure de ce dernier. Via une communication sur les comptes Twitter et Instagram des deux joueurs, les supporters ont pu avoir des nouvelles en quasi-temps réel du jeune attaquant. Des vidéos publiées bien avant la publication de dépêches dans la presse.

Une communication qui a vocation à être contrôlée ?

Derrière cela, l’instantanéité des réseaux sociaux et leur viralité peuvent parfois être vues comme un « danger » au regard des institutions. Nous avons tous en tête l’exemple de Serge Aurier, l’ancien joueur du Paris Saint-Germain, qui avait insulté son entraîneur Laurent Blanc en direct sur le réseau social Periscope. Cette crainte du dérapage, du mot de travers, de la « boulette », poussent certains clubs ou sélections à surveiller de près la communication digitale des joueurs sur les réseaux sociaux. Voire même à en contrôler totalement l’usage, notamment à l’approche d’échéances ou de compétitions importantes. Ce fut par exemple le cas de l’Equipe de France lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil. Après les déboires de 2010 et de 2012, aussi bien côté terrain que communication, la fédération avait décidé de restreindre certaines utilisations, afin d’éviter tout faux pas. L’objectif étant de valoriser l’humain et la transparence avant tout, et ainsi de redorer son blason auprès du public français, mais aussi auprès des sponsors, pour qui l’investissement revêt d’importants enjeux d’image. Si la question de l’image renvoyée est aussi importante aux yeux des institutions, c’est aussi du fait du caractère public, et donc médiatique, des joueurs, censés être les garants des valeurs du maillot porté. Une identité qu’ils sont donc censés représenter sur, mais aussi en dehors des terrains, contrairement à un salarié d’une entreprise lambda qui ne représente pas son organisation en-dehors de son temps de travail.

Conscients de l’importance de l’image qui peut être renvoyée à l’extérieur, certains joueurs n’hésitent pas à professionnaliser leur communication en sollicitant des agences de personal branding. Des agences qui apportent une expertise et une connaissance des bonnes pratiques, permettant d’éviter certaines fautes de goût en matière de communication. Tout en sachant qu’il est de bon ton de conserver sa liberté d’expression sur les réseaux sociaux. Une authenticité qui plait tant aux supporters et qui manque parfois cruellement dans le football…

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