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Le coup de com'

Le défi de la communication dans le « monde d’après »

Keitma / Shutterstock.com

Revenir sur une thématique, un débat, un évènement, une actualité, qui lie le monde du ballon rond à celui de la communication. C’est l’objectif de la rubrique « Le Coup de Com’ », qui vous donne rendez-vous tous les mois sur Ecofoot.fr. La crise que subit actuellement le monde entier va bouleverser le quotidien de nombreux secteurs lors des mois voire années à venir. La manière dont les entreprises s’adresseront à leur public devra s’adapter au contexte et aux constats dressés post-crise. Et les clubs de football n’y feront évidemment pas exception. Par Guillaume Monteiro.

Le premier impact de la crise sanitaire sur le monde du sport et du football est d’ordre économique. Un constat d’autant plus vrai en France, où l’arrêt des championnats prive les clubs d’une partie de leurs revenus, essentiellement liés aux droits TV. Le président lyonnais, Jean-Michel Aulas, évoquait dernièrement une « catastrophe économique » de l’ordre de « 700, 800, 900 millions d’euros de pertes » d’ici la fin de la saison. Mais, au-delà des problèmes financiers, les clubs et instances ont un autre défi à relever : parvenir à bien communiquer dans un monde post-crise complexe et incertain.

Le football aura assurément un rôle à jouer dans ce monde post Covid-19. Dans une société qui a besoin de (re)tisser du lien en adoptant de nouvelles règles ; les clubs représentent des rouages essentiels, en raison notamment de leur aura fédératrice. Cependant, le public sera-t-il au rendez-vous ? Car si le sport a occupé une place majeure chez de nombreux confinés, c’est surtout par le biais du « sport-santé » et la notion de bien-être physique et mentale qui y est rattachée. En revanche, le football professionnel n’a lui pas forcément manqué à tous ses suiveurs, si l’on en croit les résultats d’un sondage réalisé par So Foot. On y apprend ainsi que deux tiers des Français ayant l’habitude de regarder du football à la télévision n’ont pas ressenti de manque durant cette suspension des compétitions. Une tendance à prendre en compte…

Crise du Covid-19 : les initiatives individuelles face à l’inaction collective ?

Quel bilan pouvons-nous tirer de l’image donnée par le football français au cours de cette crise sanitaire ? De nombreuses initiatives solidaires et sociétales ont vu le jour, organisées notamment par les clubs. L’AS Saint-Etienne a par exemple organisé la commercialisation de 80 000 places « virtuelles » du Stade de France, où le club devait jouer la finale de Coupe de France face au Paris Saint-Germain, afin de récolter des fonds au profit des chercheurs engagés dans la lutte contre le virus. L’Olympique de Marseille a mis à disposition son centre d’entraînement pour héberger des femmes victimes de violence, ainsi que leurs enfants, en lien avec l’association SOS Femmes 13. Deux actions parmi d’autres qui illustrent l’engagement des clubs professionnels français en cette période difficile. Des manifestations de solidarité que les clubs ont voulu spontanées, sans « volonté de gain d’image » comme le soulignait Virginie Rossetti, directrice Communication & Marque de l’OGC Nice, lors d’un entretien à Ecofoot au mois d’avril dernier. Les groupes de supporters ont également apporté leur pierre à l’édifice. A Toulouse, les Indians Tolosa se sont mobilisés pour acheter des gâteaux et du café et les offrir au personnel soignant de la ville.

Mais ces actions de solidarité ont malheureusement été reléguées au second plan en raison de la cacophonie observée au sein de la gouvernance du football français. Incapables de parler d’une même voix, les dirigeants n’ont cessé de manifester leurs désaccords dans la presse. Les discussions sans fin autour des rémunérations des joueurs n’ont également pas servi la cause footballistique dans son ensemble. Même s’il est trop facile de jeter la pierre aux footballeurs – dont certains se sont d’ailleurs mobilisés individuellement pour venir en aide en cette période de crise – certaines attitudes marqueront (négativement) les esprits des supporters.

Quel (nouveau) rôle pour les clubs de football ?

Sans nul doute, le football aura un rôle prépondérant à jouer dans le « monde d’après », à condition de faire entendre sa voix et d’être en conformité avec les valeurs prônées par le « nouveau monde ». Un nouveau monde dans lequel la solidarité pourrait avoir une place prépondérante. Ne pas laisser tomber le football amateur sera un premier défi à relever pour l’ensemble du ballon rond français. A ce sujet, la Fédération Française de Football a d’ailleurs annoncé la mise en place d’un fonds de solidarité de 30M€ pour appuyer la reprise des clubs amateurs

La RSE pourrait également occuper une place de plus en plus importante au sein des organisations sportives. Des politiques RSE au sein desquelles le localisme y prendrait une place centrale. En effet qui mieux qu’un club de football, symbole par excellence d’un territoire, pour promouvoir une identité et un savoir-faire local ? L’aura d’un club de football au sein de son territoire lui confère une caisse de résonance à ne pas sous-estimer pour initier ou accélérer des tendances.

Enfin, ce contexte particulier va obliger les clubs à réinventer certains pans de leurs activités, notamment en ce qui concerne les déplacements au stade. Roxana Maracineanu, Ministre des Sports, a notamment déclaré qu’il n’y aurait pas « retour à la normale dans le sport » avant la découverte d’un vaccin contre le Covid-19. Des voix se sont élevées pour proposer la mise en place de mesures permettant de remplir les stades à 25% de leur capacité dans un premier temps, afin de respecter les règles de distanciation sociale. Mais les clubs et instances devront également se pencher sur des solutions innovantes pour permettre de combler ce vide, les supporters faisant partie intégrante du spectacle sportif. Une évolution qui pourrait passer par l’accélération de la digitalisation et de la plateformisation des structures, mais toutefois sans perdre de vue la notion du contact humain, et c’est là toute la difficulté. Car le football a besoin de retrouver sa fonction primaire : être un vecteur d’émotions et de sourires.

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