PSG - Parc des Princes
Interview

E. Adamkiewicz : « L’estimation du prix du Parc des Princes n’est pas le sujet central du débat »

Photo Icon Sport

En France, les collectivités sont traditionnellement impliquées de manière significative dans les projets de construction ou de modernisation des enceintes sportives dédiées aux clubs professionnels. Un modèle qui évolue peu malgré la volonté affichée par certains clubs d’accéder à la propriété de leur principal outil de production. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Eric Adamkiewicz, Maître de Conférences en Management du Sport à l’Université Toulouse III, décrypte les raisons poussant les collectivités à maintenir leurs investissements dans les stades tout en évoquant des solutions permettant de réduire leurs engagements financiers dans de tels édifices.

En France, certaines collectivités continuent de s’impliquer financièrement dans les projets de modernisation ou de construction de stades destinés principalement aux activités de clubs professionnels. C’est le cas par exemple à Strasbourg avec la modernisation du Stade de la Meinau. Comprenez-vous de telles décisions ? Les clubs ne devraient-ils pas devenir propriétaires de leur principal outil de production ?

On peut comprendre de telles décisions mais cette situation n’est pas normale. En donnant beaucoup de moyens aux clubs professionnels, c’est autant d’argent qui n’alimente pas le sport amateur. C’est une balance économique. Les clubs professionnels sont aujourd’hui des entreprises privées qui bénéficient de fonds publics. Il n’y a aucune raison que le local d’un supermarché soit en partie payé par la collectivité. Pourquoi en serait-il autrement pour un club de football professionnel ?

Au-delà de priver le sport amateur de gros montants fléchés vers le monde professionnel, cette situation crée une dépendance des clubs envers les collectivités dans la construction de leur modèle économique. Cette « tutelle » ne leur permet pas de bénéficier de l’autonomie nécessaire pour déployer une stratégie complète et cohérente de développement. Il y a toujours un parachute en cas de (graves) difficultés. On demande alors un effort aux collectivités. Les dirigeants des clubs professionnels savent très bien se plaindre d’une pelouse mal entretenue ou d’un stade trop vétuste…

Pourtant, nous disposons en France des outils juridiques pour faire supporter les investissements dans les stades aux clubs professionnels tout en laissant la propriété de ces derniers aux collectivités à travers les baux emphytéotiques. Dans le cadre d’un bail emphytéotique administratif (BEA), le titulaire du bail peut faire les investissement qu’il souhaite dans le stade. Par ailleurs, c’est dans l’intérêt de la collectivité que l’espace soit bien entretenu car elle reste propriétaire de l’enceinte. A la fin du bail, tous les acteurs se réunissent pour prolonger ou non l’aventure. On peut signer un bail emphytéotique à long terme, de plusieurs décennies, et l’étendre même jusqu’à 99 ans. S’il y a une catastrophe industrielle entre-temps, la collectivité récupère l’équipement sans problème. Le contribuable, qu’il soit amateur de football ou non, n’aura pas à payer pour les travaux réalisés dans l’enceinte.

« On pourrait imaginer des modèles novateurs autour des BEA. Par exemple, ces baux pourraient être signés par la FFF ou la LFP »

Néanmoins, cette solution est trop rarement privilégiée. Et ce n’est pas uniquement la faute des clubs. Les élus peinent toujours autant à couper le cordon. On ne peut pas d’un côté se plaindre de manquer de moyens pour améliorer la vie de ses administrés et, de l’autre, balancer autant d’argent pour alimenter le modèle économique d’une entreprise privée.

Le BEA est-il alors la solution parfaite pour que les clubs gagnent en autonomie dans l’exploitation de leur enceinte sportive ?

E. Adamkiewicz : « L’estimation du prix du Parc des Princes n’est pas le sujet central du débat »
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