PSG avenir Parc des Princes
Interview

J. Moulard : « Les élections municipales de 2026 seront un tournant dans le projet du PSG de rachat ou de construction de stade »

Photo Icon Sport

Le torchon brûle depuis plusieurs mois entre la Ville de Paris et le Paris Saint-Germain au sujet de l’avenir du Parc des Princes. Alors que le club parisien souhaite racheter l’enceinte pour concrétiser ses projets de développement économique ; la majorité municipale à la tête de la Mairie de Paris refuse désormais catégoriquement de céder le Parc des Princes. Une situation qui oblige la direction du PSG à explorer d’autres scénarios pour évoluer à moyen terme dans un stade moderne de plus de 60 000 places. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Jérémy Moulard, Docteur en Management du Sport Professionnel et Consultant Stade, livre ses analyses sur ce différend au sein duquel s’entremêlent d’importants enjeux sportifs, économiques et politiques.

Pourquoi le Paris Saint-Germain souhaite-t-il impérativement devenir propriétaire du Parc des Princes ?

En grande partie pour des raisons financières, à l’image du marché nord-américain, le stade est devenu depuis 15 ans en Europe un outil économique pour les clubs.

Les recherches académiques montrent un lien évident entre les résultats financiers des clubs de football en Europe et leurs performances sportives sur le moyen/long terme. Ainsi, statistiquement, plus un club est solide financièrement, plus ce dernier est susceptible de performer sportivement en s’offrant les meilleurs joueurs via une capacité de recrutement et une politique salariale élevées.

Avec plus de 800 m€ de CA en 2023, le club parisien est déjà très bien positionné dans le paysage financier européen – rappelons que le CA était de 99 m€ en 2011 à l’arrivée de QSI. Le club est aujourd’hui à la 3ème place européenne – derrière le Real Madrid et Manchester City – grâce à des revenus commerciaux très importants (400 m€) et des revenus jour de match historique dans un stade de 48 000 places (153 m€ pour la billetterie, hospitalités, food & beverage). Sur ce segment, seul le FC Barcelone fait mieux en Europe avec 166 m€ de revenus jour de match mais avec un stade…. de 99 000 places, deux fois plus grand donc.

Ainsi, la possible augmentation du Parc des Princes de 45 000 à 65 000 places entrainerait une évolution importante des revenus jour de match du club – estimé entre 60 à 80 m€ – qui placerait le PSG durablement sur le podium financier européen et assurerait le respect des règles du fair-play financier imposées par l’UEFA.

« Il serait difficile d’imaginer qu’Ikea, Apple ou Disney Land Paris ne soit pas propriétaire de leurs infrastructures. La logique est maintenant devenue la même pour le PSG »

L’autre enjeu financier est la valorisation du club. Il est estimé aujourd’hui à 4,25 milliards d’euros. Néanmoins, les actifs joueurs étant éphémères, variables et versatiles, les infrastructures sportives, comme le stade ou le centre de formation sont les seuls actifs durables que peut posséder un club de football. Ainsi comme la grande majorité du Top 10 européen, le club souhaite voir son stade rentrer dans ses actifs et avoir la liberté d’investir dans cet outil économique librement pour augmenter ses revenus 365 jours par an.

Est-ce pour autant un élément déterminant dans la stratégie de développement du club ?

Dans une époque où le football n’est plus associatif, mais où il est devenu, à tort ou à raison, une activité économique à part entière, je le pense oui. Il serait difficile d’imaginer qu’Ikea, Apple ou Disney Land Paris ne soit pas propriétaire de leurs infrastructures. La logique est maintenant devenue la même pour le PSG, qui est une société privée.

Pourquoi la Mairie de Paris s’oppose-t-elle désormais catégoriquement à la vente du Parc des Princes ?

Quelques jours après le classique OM-PSG, il est amusant de constater que même sur la question des stades les acteurs des deux villes ont un regard antagoniste sur la question. La Ville de Marseille rêverait de vendre le stade à l’OM pour faire des économies et en finir avec une « une gabegie financière » de plus de 11 m€ par an qui plombe les finances publiques. A l’inverse, le PSG souhaite acheter le stade à la Ville de Paris, qui, après avoir laissé la porte ouverte à une vente, ne souhaite plus vendre. Pourquoi ?

A première vue, Anne Hidalgo voit le Parc des Princes comme un outil politique, faisant partie du « patrimoine des Parisiens et des Parisiennes ». Ce simple argument patrimonial, évoqué seulement depuis février 2024 semble une raison hasardeuse. Aucun sondage ne montre un attachement des Parisiens et Parisiennes pour maintenir une propriété publique de l’équipement, qui est d’ailleurs fréquenté de plus en plus par un public national voire international. Je ne pense pas que la mairie se risquerait à un référendum sur la question. D’autant qu’à l’inverse, le public et les supporters parisiens prêchent régulièrement pour une issue favorable et un maintien du PSG au Parc des Princes.

Le vrai sujet du conflit est selon moi le prix de vente. Ainsi la position de la Ville de Paris pourrait changer en fonction du prix d’achat proposé par le PSG. Jugée dérisoire, l’offre de 40 m€ du club a pour le moment coupé tout contact et détérioré les relations entre les 2 parties, le stade étant estimé à 234 m€ par le service de France Domaine, la mairie en demandant 350 m€… Certains annoncent même un prix d’un milliard arguant le prix au mètre carré du foncier dans le 16ème arrondissement.

« Il n’existe pas aujourd’hui un calcul pour le prix d’achat d’un stade de football »

Il semble aujourd’hui important de prendre du recul sur le sujet, dépassionner la question et reposer les enjeux. Le projet n’est pas de vendre un terrain foncier dans le 16ème pour y construire des immeubles à 15 000 € du mètre carré. De plus, à l’inverse d’un centre commercial, nous ne pouvons pas remplacer le locataire du fonds de commerce ou des murs par son concurrent direct ou par une autre activité commerciale pour continuer de créer une valeur économique. Ainsi, du point de vue de l’économie du sport, sans le fonds de commerce PSG, les murs du Parc des Princes valent beaucoup moins cher que le marché immobilier ou commercial parisien. Pourquoi ? Car la concurrence et donc la demande est inexistante. Aucun autre club sportif parisien n’aurait les capacités financières de louer, d’acheter et de rénover le stade. De plus aucune autre activité économique que le sport spectacle n’est possible. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un stade de 80 000 places cherche désespérément un club résident depuis 25 ans à quelques kilomètres de Paris, au grand dam des finances de l’Etat.

Le problème de cette situation, c’est qu’il n’existe pas aujourd’hui un calcul pour le prix d’achat d’un stade de football, car ce sont des situations très rares en France. L’OL, qui avait l’obligation d’être propriétaire de son stade étant coté en bourse, a financé son nouveau stade en 2016, l’AJ Auxerre est propriétaire de son stade depuis 1918 et l’AC Ajaccio depuis 1921. Dernièrement, le Stade Bauer du Red Star a été vendu par la Ville de Saint-Ouen 26,5 m€ au groupe Réalités, qui a l’obligation de prendre en charge la rénovation du stade et qui en contrepartie, pourra exploiter 30 000 m2 d’espaces économiques, commerces et services. Mais dans ce schéma, c’est surtout l’empreinte foncière qui a été valorisée, plutôt que le stade ce qui ne sera pas le cas au Parc des Princes.

Du coup, quel est le prix de « marché » du Parc des Princes ?

J. Moulard : « Les élections municipales de 2026 seront un tournant dans le projet du PSG de rachat ou de construction de stade »
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