Royale Union Saint-Gilloise - UEC - interview
Gouvernance

W. Martucci (UEC) : « Seule une gouvernance réellement démocratique permettra de sauver le modèle sportif européen »

Photo Belga / Icon Sport

Permettre à chaque club professionnel, peu importe sa dimension, de faire entendre sa voix dans les décisions prises concernant le devenir du football européen. Voilà l’ambition noble portée par l’Union of European Clubs, nouveau syndicat de clubs professionnels réunissant déjà plus de 150 membres, et qui compte bien poursuivre son implantation à travers le Vieux Continent pour défendre un modèle alternatif replaçant la méritocratie sportive au cœur du fonctionnement du football européen. Comment le syndicat s’est-il structuré pour peser dans les débats et défendre ses positions ? Qui sont ses principaux soutiens en France et en Europe ? William Martucci, Directeur des Opérations de l’UEC, a accepté de répondre à nos questions. Entretien.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de l’Union of European Clubs ? Pourquoi cette organisation a-t-elle été créée ?

L’idée est née il y a plus de 3 ans, au moment des négociations entre les clubs concernant la réforme des compétitions de l’UEFA pour le cycle 2024-27. L’association European Leagues a organisé plusieurs forums qui ont permis à différents acteurs de se rencontrer et d’observer un problème clair : les réformes qui ont lieu tous les 3 ans ont un effet sur les chances de succès et de croissance de tous les clubs professionnels européens. Or, une vaste majorité de ces clubs n’a aucune représentation dans les négociations et subit le plus souvent des effets négatifs imposés par les autres. L’UEC souhaite remédier à ce problème en rassemblant les clubs ignorés par les instances et nous nous sommes lancés officiellement en avril 2023 avec cette mission.

Quels sont les principaux dossiers portés par l’Union of European Clubs ? Quelle est la philosophie de votre organisation ?

Tous les sujets qui affectent les chances de succès des clubs nous intéressent. En premier lieu, il y a évidemment la question des compétitions européennes : le format, le système de qualification et le mode de distribution des revenus sont trois paramètres qui peuvent bouleverser l’équilibre compétitif au sein des championnats. Nous souhaitons que la notion de mérite sportif retrouve du sens et que les clubs puissent monter ou descendre dans la hiérarchie en fonction de leurs performances jusqu’au plus haut niveau de compétition.

« Les matchs déséquilibrés et prévisibles se multiplient dans le football européen »

Le modèle qui s’est construit ces 30 dernières années a fini par rendre certains clubs intouchables tandis qu’il est devenu presque impossible pour d’autres de jouer les premier rôles. Ce n’est pas seulement injuste, c’est un non-sens d’un point de vue commercial puisque les matchs déséquilibrés et prévisibles se multiplient. Cela éloigne également les nouvelles générations des « petits » clubs locaux qui ont trop peu d’espoir de gagner. Il s’agit de défendre l’intérêt général face à l’intérêt de quelques clubs et de porter un autre modèle pour l’avenir du football européen tant qu’il en est encore temps.

Comment êtes-vous organisé aujourd’hui en interne pour mener à bien vos missions ?

Nous sommes aujourd’hui trois à travailler pour l’UEC, deux co-fondateurs et moi-même qui les ai rejoints il y a un peu plus d’un an. Dennis Gudasic est le directeur général du Lokomotiva Zagreb, un club de première division croate particulièrement réputé pour la qualité de sa formation. Gareth Farrelly est un ancien international irlandais qui a longtemps joué en Premier League et qui est ensuite devenu avocat. Nous bénéficions également du soutien de LaLiga qui couvre une partie de nos frais en plus d’avoir reçu certains dons et en attendant de trouver d’autres sources de financement.

Malgré cette situation et un travail presque entièrement bénévole, nous avons déjà rassemblé plus de 150 clubs européens dont 5 font aujourd’hui partie de notre Executive Board intérimaire pour nous aider dans notre développement : l’Union Saint-Gilloise (leader du championnat belge), Osasuna (Espagne), le Maccabi Netanya (Israël), RFS (champion de Lettonie) et le Lokomotiva Zagreb.

L’European Club Association a beaucoup œuvré ces dernières années pour que les clubs soient mieux représentés et défendus dans les organes de décision du football européen (et notamment à l’UEFA). Elle s’est également opposée au projet d’European Super League. Etait-ce alors nécessaire de créer une deuxième organisation réunissant les dirigeants de clubs professionnels européens ?

W. Martucci (UEC) : « Seule une gouvernance réellement démocratique permettra de sauver le modèle sportif européen »
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