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« L’évolution de la livre sterling est au premier rang des inquiétudes des clubs anglais »

brexit conséquences premier league
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Alors que le Royaume-Uni va quitter l’Union Européenne lors des mois à venir – à moins d’un incroyable rebondissement – le Brexit peut-il nuire profondément aux intérêts des clubs de Premier League ? Pour mieux appréhender cette question, Ecofoot.fr a notamment interrogé Luc Arrondel, Directeur de Recherche au CNRS et Co-Auteur de l’ouvrage « L’argent du football ».

Certains médias britanniques ont, au cours des derniers mois, évoqué des scénarios catastrophes concernant les effets du Brexit sur la compétitivité de la Premier League. Parmi les éléments envisagés, la mise en place d’un permis restrictif de travail auprès des footballeurs européens, provoquant le départ massif de joueurs issus de l’UE. L’accord dernièrement trouvé entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni – qui doit encore être soumis au vote du Parlement par ce dernier – permet-il d’écarter définitivement un tel scénario ? Les clubs de Premier League pourront-ils toujours recruter librement des joueurs issus de l’UE lors des saisons à venir ?

A ma connaissance, l’accord récent de Bruxelles – dont le vote au parlement britannique vient d’être reporté – n’a pas changé la donne sur le statut des travailleurs extra-communautaires. Actuellement, les footballeurs des pays de l’Union européenne et de l’Espace économique européen (EEE) sont autorisés à jouer en Grande-Bretagne dans le cadre des règles de libre circulation des travailleurs (article 26 du TFUE), tandis que ceux de l’extérieur ont besoin d’un permis de travail. Pour obtenir ce permis de travail, un joueur doit obtenir l’aval de la gouvernance de la Football Association (FA) et doit répondre à des critères fonction de la proportion de matches de compétition de son équipe nationale qu’il a disputés au cours des deux dernières années avec des pourcentages requis plus élevés pour les nations moins bien classées. Il existe cependant certaines dérogations à l’obtention du précieux sésame qui dépendent notamment du montant du transfert, du salaire payé par le club acheteur, ou encore une participation minimale aux compétitions internationales de clubs avant le transfert outre-Manche. Ces dérogations sont donc plus fréquentes dans les clubs anglais les plus prestigieux.

Après le Brexit, les réglementations actuellement applicables aux pays extérieurs à l’EEE pourraient s’appliquer à tous les joueurs. Ces critères auraient par exemple empêché N’Golo Kante et Riyad Mahrez, qui ont remporté la Premier League avec Leicester City en 2015-16, de jouer en Angleterre. La question de ce permis de travail se pose avec d’autant plus d’acuité que la Premier League est le championnat européen qui compte le plus de joueurs étrangers dans ses rangs (entre 65 et 70%).

La discussion future entre la puissante Premier League et la fédération anglaise de football (FA) pour la révision des règles d’obtention du permis de travail et de ses possibles dérogations risque donc d’être houleuse…

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