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Stratégie

Football féminin, un succès à entretenir !

Romain Biard / Shutterstock.com

Des audiences télévisuelles plus élevées que les prévisions, des stades aux trois quarts remplis, et des spectateurs venus des quatre coins du monde. La Coupe du monde féminine a connu un engouement certain, valorisant ainsi le travail effectué par le Comité organisateur français depuis 2015, année d’élection du pays hôte. Une ferveur qu’il faudra maintenir dans le temps autour d’actions concrètes. Par Guillaume Monteiro.

« Il y aura un avant et un après ». Alors que le tournoi n’avait pas encore livré son verdict, c’est en ces mots que Gianni Infantino, président de la FIFA, faisait l’éloge de la Coupe du monde féminine, et promettait un milliard d’investissement futur pour le football féminin. Des paroles difficiles à contester au regard du bilan qui ressort de la compétition.

En effet, ce succès s’est tout d’abord matérialisé par une mobilisation importante des spectateurs dans les différentes enceintes françaises, avec un taux de remplissage moyen supérieur à 70%. Les villes de Lyon, Valenciennes et Grenoble ressortent comme les bons élèves de l’affluence, avec des taux dépassant les 80%. Plus d’un million de billets ont trouvé preneurs, soit bien plus que les espérances initiales de la Fédération Française de Football, qui tablait sur un objectif de 770 000 ventes. Une réussite qui est notamment due à la mise en place d’une politique tarifaire abordable, avec des places commercialisées au prix de 9€ lors de certaines rencontres de la phase de poules. En conséquence, l’afflux de visiteurs ne s’est pas cantonné à la France, avec la présence de « 40% de spectateurs venus de l’étranger, avec notamment une grosse délégation américaine » souligne Erwan Le Prévost, directeur du comité d’organisation.

Un succès commercial pour l’ensemble des parties prenantes

Mais le secteur où les chiffres se sont révélés vraiment surprenants, c’est celui des audiences télévisuelles. Environ 10 millions de téléspectateurs pour les premiers matchs des Bleues, puis près de 12 millions lors du huitième et du quart de finale, respectivement face au Brésil et aux Etats-Unis (audiences cumulées de TF1 et de Canal +). Un élan qui s’est poursuivi malgré l’élimination des Bleues, avec des audiences tournant autour de 6 millions de téléspectateurs pour la première demi-finale (Angleterre – Etats-Unis) et la finale.

La retransmission de cette Coupe du monde fut donc un pari gagnant pour les diffuseurs, et notamment TF1 qui n’a pas hésité à augmenter de 60% ses tarifs publicitaires en cours de compétition après avoir constaté cet engouement. Selon Publicis Média, la chaîne devrait toucher près de 13 millions d’euros de recettes publicitaires nettes (en prenant également en compte le volet digital), pour un coût d’acquisition compris entre 10 et 12 millions d’euros. Et, toujours selon Publicis Media, cela aurait pu monter jusqu’à… 22 millions d’euros si la France avait atteint la finale !

Des chiffres impressionnants quand on sait que les grandes compétitions sportives représentent souvent des investissements déficitaires pour les diffuseurs. A l’étranger aussi, le Mondial a suscité une certaine euphorie. On l’a vu notamment outre-Manche lorsque la demi-finale de l’Angleterre a réalisé la meilleure audience de l’année sur la BBC, ou encore aux Pays-Bas avec 80% de parts d’audience réalisées lors du quart de finale des Bataves. Au total, la FIFA a annoncé que la barre symbolique du milliard de téléspectateurs au niveau mondial avait été franchi, soit une hausse de 15% par rapport à la dernière édition, en 2015.

D’autres secteurs du monde sportif ont également profité de cette euphorie.

Tout d’abord les distributeurs et les équipementiers, qui ont connu une hausse significative de leurs ventes concernant les maillots féminins. Michael Burk, PDG de la marque Unisport, expliquait en effet que les ventes générales de maillots féminins ces derniers mois ont « augmenté de 54% », allant même jusqu’à « une augmentation de 143% » pour l’Equipe de France. Outre-Atlantique, c’est le maillot des Etats-Unis qui a fait fureur. Nike, équipementier de l’équipe américaine, a ainsi annoncé que ce dernier était devenu le plus vendu de l’histoire sur son site officiel.

Autre domaine qui a profité de l’euphorie du tournoi : celui des paris sportifs. En effet la compétition a généré 54 millions d’euros de mises en France selon l’ARJEL, l’Autorité de régulation des jeux en ligne, soit presque… 7 fois plus que la précédente, en 2015 ! Autant d’éléments qui confirment l’aura fédératrice et populaire que peut représenter le football de sélections sur les tournois internationaux.

Un engouement à maintenir sur le long terme

Cette Coupe du monde aura donc permis aux supporters, et notamment aux plus jeunes, de connaître les noms, les portraits de ces héros conjugués au féminin. Mais pour que les Griedge Mbock, Amandine Henry, et autres Megan Rapinoe ne restent pas des visages éphémères, il faudra faire en sorte que cet engouement se prolonge sur le long terme.

Certaines décisions prises lors du Mondial laissent présager de retombées à moyen terme pour le développement féminin. Prenons l’exemple d’Arkema, groupe chimique français, qui fut l’un des premiers sponsors du Mondial. La marque a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait continuer son engagement au sein du football féminin en officialisant un contrat de naming avec la première division française. Un partenariat qui devrait rapporter plus d’un million d’euros au championnat français, somme non négligeable pour permettre le développement du football féminin à l’échelle des clubs. Cela va de pair avec la volonté de la FFF d’augmenter significativement le nombre de ses licenciées, cette dernière espérant atteindre la barre des 300 000 d’ici cinq ans – pour environ 180 000 licenciées actuellement.

Pour atteindre ces objectifs, la médiatisation du football féminin sera primordiale. Et c’est peut-être là que se situe le plus grand défi. La France n’étant pas qualifiée pour les prochains Jeux Olympiques, il faudra attendre l’Euro 2021 pour voir de nouveau les Françaises dans une grande compétition. Cependant le groupe M6, diffuseur officiel des Bleues, a annoncé que les futurs matchs de qualification de la France seraient bien retransmis sur sa chaîne principale, et non plus sur W9 comme c’était le cas auparavant. Du côté de la presse, L’Equipe a lui confirmé le fait que deux journalistes seront consacrés entièrement au championnat français à partir de la saison prochaine. Autant de mesures qui permettront de prolonger la hausse de visibilité du football féminin.

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