Interview

« Aux Chamois Niortais, nous nous plaçons comme un véritable club-entreprise »

Ecofoot.fr a eu la chance cette semaine de s’entretenir avec Benjamin Roumegoux, Responsable Commercial au sein des Chamois Niortais. Au cours de cet entretien, nous avons abordé la stratégie mise en place par le club pour accroître ses recettes commerciales tout en évoquant le projet de nouveau stade actuellement en discussion. Pénétrez dans les coulisses des Chamois, club qui a parfaitement réussi son intégration dans le tissu économique régional.

Benjamin, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs d’Ecofoot.fr ?

J’ai 29 ans. Concernant mon cursus universitaire, j’ai mené un parcours en école de commerce à Kedge Bordeaux pour mon Bachelor, puis à Kedge Marseille concernant mon Master en sport professionnel et marketing sportif.

Depuis le début de ma carrière professionnelle, j’ai toujours évolué dans le secteur sportif. J’ai eu une première expérience à l’international, au sein d’une académie à Taiwan. J’ai travaillé aux Girondins sur des missions marketing, commerciales et événementielles. J’ai également eu la chance de collaborer auprès de deux équipementiers, Puma et Airness. Je m’occupais de leurs équipes professionnelles sous contrat. Et j’ai également tenté une aventure entrepreneuriale dans le domaine de la gestion d’image des sportifs professionnels.

Désormais, je suis aux Chamois Niortais en tant que Responsable Commercial depuis mai 2015. Le CNFC étant une petite structure, nous avons tous au club plusieurs casquettes. Je m’occupe intégralement de la partie prospection et développement commercial du club. Cette mission mobilise la majeure partie de mon temps. Mais je suis également amené à accomplir d’autres taches dans le domaine marketing, de la communication ou encore événementiel. Et je suis également en charge de la boutique officielle du club.

Comment est structuré le service partenariats/sponsoring des Chamois Niortais ?

Aujourd’hui, je suis la seule personne à m’occuper pleinement de la partie prospection commerciale au sein du club. Mais dans l’accomplissement de mes taches au quotidien, je collabore avec Sandrine Bert, qui s’occupe des missions « servicing/marketing » au sein du club.

Avez-vous recours à des prestataires externes dans l’exercice de cette activité ?

Pour le moment, ce n’est pas le cas. Depuis que je suis au club, nous n’avons jamais eu recours à des apporteurs d’affaires. Aujourd’hui, nous sommes toujours une petite structure. Nous pouvons alors craindre de ne pas obtenir le niveau de service demandé de la part d’un prestataire externe.

De plus, malgré la taille modeste de notre ville, tous nos partenaires sont issus du département. Et les trois-quarts d’entre eux sont des PME ou des petites entreprises. Donc, il n’y a pas de réel intérêt de passer aujourd’hui par un apporteur d’affaire pour gérer de type de relations. Au contraire, la proximité avec nos partenaires constitue plutôt une force.

Néanmoins, le recours à des apporteurs d’affaires est un sujet qui pourrait évoluer à l’avenir, concernant notamment nos principaux partenariats, offrant la plus importante visibilité. Nous arrivons notamment bientôt à l’échéance de notre contrat avec notre équipementier. J’ai déjà eu des contacts avec l’agence Lagardère concernant ce sujet.

Justement, quelle est la politique globale en matière de partenariats au sein du club ?

Aujourd’hui, clairement, nous travaillons essentiellement avec des entreprises locales. Notre ancrage local est historique. Nous sommes le club professionnel des Deux-Sèvres et il n’y a pas réellement de concurrence à ce niveau. Le Stade Rochelais est la structure sportive professionnelle la plus proche et le club est situé à une heure et demie de route de Niort. Concernant le basket, il faut aller jusqu’à Poitiers pour trouver un club de haut niveau. Et, pour le football, les clubs de L1 les plus proches sont les Girondins de Bordeaux ou le FC Nantes.

Après, nous essayons d’élargir quelque peu notre zone de chalandise. Les résultats sportifs peuvent nous aider en ce sens. L’année où le club a joué la montée (ndlr : en 2013-14, les Chamois Niortais finiront l’exercice à une remarquable 5ème place), nous parvenions à capter un public venant de plus loin, notamment à l’occasion des gros matchs du championnat.

Néanmoins, nous ne disposons pas encore de l’outil essentiel nous permettant de concrétiser nos projets d’élargissement de notre zone d’influence. La livraison d’un nouveau stade sera indispensable pour nous permettre de franchir un palier à ce niveau.

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Pour Benjamin Roumegoux, la livraison du nouveau stade permettra au CNFC d’élargir sa zone d’influence

Quels sont les arguments mis en avant par les Chamois Niortais pour dénicher de nouveaux partenaires commerciaux ?

Malgré la taille de notre agglomération, nous nous situons dans une région dynamique sur le plan économique. Nous sommes la troisième place française concernant le secteur financier, grâce notamment à la présence de nombreux sièges de mutualistes/assureurs (MAF, MAIF, MACIF…). Ce sont de véritables locomotives qui renforcent l’attractivité de notre territoire. Et l’attractivité de notre territoire sera encore renforcée avec la livraison finale de la ligne TGV Bordeaux-Paris qui permettra de faire la liaison avec la capitale bien plus rapidement.

Les décideurs étant présents sur place, nous avons donc la chance de pouvoir les rencontrer régulièrement et de pouvoir nouer une véritable relation de proximité. Par exemple, lundi soir, nous allons organiser la soirée institutionnelle de présentation des joueurs et un grand nombre de PDG d’entreprises partenaires seront présents à cette occasion.

Nous profitons de ce dynamisme pour devenir un acteur important de connexion et de réseautage au sein de notre propre tissu économique local. On se vend comme un club entreprise, en capacité de connecter entre eux les acteurs de la vie économique régionale. Aujourd’hui, on regroupe au club 250 entreprises partenaires issues de la région. C’est une particularité importante des Chamois Niortais.

[clickToTweet tweet= »Aujourd’hui, on regroupe au @CNFC_Officiel 250 entreprises partenaires issues de la région @benroumeg » quote= »Aujourd’hui, on regroupe au CNFC 250 entreprises partenaires issues de la région »]

Comment ont été noués les premiers contacts avec la MACIF, sponsor maillot du club ?

La MACIF est un partenaire historique du club. Il était déjà très présent dans les années 80, notamment lors de la seule saison de L1 réalisée par le club en 1987-88. Néanmoins, depuis quelques années, nous avons décidé d’activer au mieux notre collaboration. Nous nous efforçons de donner une visibilité à notre partenaire à la hauteur de sa contribution financière. En cette saison 2016-17, c’est notre sponsor principal maillot pour tous nos matchs de Ligue 2, à domicile comme à l’extérieur.

Comment activez-vous vos principaux partenariats ?

Petit à petit, nous essayons d’étoffer notre offre commerciale à destination des partenaires en proposant notamment de nouveaux supports de communication à l’image de nos réseaux sociaux. Nous avons recruté dernièrement une personne dans l’animation des réseaux sociaux qui doit intégrer cette nouvelle composante. Nous testons notamment depuis l’an dernier la mise en place de jeux concours parrainés par un partenaire du club.




Nous avons également lancé pas mal de nouveautés en cette saison 2016-17. Il est désormais possible pour nos partenaires de sponsoriser la présentation du groupe ou la composition des équipes lors de l’avant-match. Il y a également une activation possible au stade au moment du but inscrit par notre équipe.

Après, ce qui fonctionne très bien chez nous, ce sont les opérations « partenaire de match ». Lors de chacune de nos rencontres disputées à domicile, un partenaire est mis en avant. Cela se traduit notamment par des opérations de communication à destination du grand public comme une remise de drapeaux. Et la mise en avant concerne également la partie « réceptive », à destination de nos partenaires. On se situe alors sur des opérations BtoB.

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Nous multiplions aussi les opérations à destination du Chamois Business Club, qui est notre club réunissant nos partenaires. Historiquement, le Chamois Business Club, qui était appelé précédemment le Comité d’Honneur, jouait le rôle de service commercial. Les membres faisaient la publicité du club auprès d’autres acteurs économiques de la ville, ce qui nous permettait alors de recruter plus facilement de nouveaux sponsors.

Aujourd’hui, nous faisons vivre le Chamois Business Club à travers l’organisation de différentes soirées, qui peuvent être ludiques ou business. Par exemple, nous avons dernièrement organisé un speed business meeting en collaboration avec le Stade Rochelais et le Poitiers Basket. A travers les différents événements, nous essayons de développer les connexions de nos partenaires pour favoriser leur business.

Comment vos partenaires mesurent-ils l’impact positif d’un partenariat avec les Chamois Niortais ?

Malgré les outils mis à disposition aujourd’hui, c’est toujours compliqué de quantifier l’apport d’un contrat de sponsoring. De notre côté, nous essayons de plus en plus de travailler sur la marque Chamois. Un travail qui va continuer à s’intensifier dans les mois et les années à venir. Nous avons notamment passé un accord avec une école de Niort à ce sujet. Des étudiants vont nous assister pour développer la notoriété de notre marque. Et notre travail est réellement de dissocier autant que possible l’impact de notre marque de nos résultats sportifs.

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Outre le développement, nous aimerions désormais quantifier avec précision les retours concernant l’exposition de notre marque Chamois Niortais. Après, nos partenaires parviennent tout de même à juger l’efficience du partenariat via le développement de leur réseau à travers les outils mis à disposition par le club. Nous ne vendons pas forcément du football ou des résultats, mais nous nous plaçons comme un véritable club-entreprise. On propose nos services comme un réseau d’affaires. Le football est « presque » un prétexte pour réunir les acteurs économiques qui comptent autour du club.

L’an dernier, on a connu une saison difficile sur le plan sportif avec un maintien obtenu lors des dernières journées. Et pourtant, nous n’avons connu quasiment aucune rupture de partenariat. Nous représentons réellement quelque chose dans le Niortais. Nous avons fêté les 90 ans du club l’an dernier. Nous sommes une institution. Les acteurs économiques et le public en général savent qu’il est important de nous soutenir pour maintenir le club au niveau professionnel.

Quels sont les projets actuellement menés pour accroître les revenus commerciaux du club ?

Nous collaborons avec G2 Strategic depuis désormais 3 ans. Au départ, cette association est née à l’initiative de la LFP. Désormais, nous travaillons ensemble en direct. G2 nous apporte notamment leur expertise dans l’optimisation de l’exploitation de notre enceinte actuelle tout en nous aidant également à peaufiner notre projet de nouveau stade.

Nous avons notamment été un des premiers clubs à bâcher nos virages. Nous cherchons également à mettre en place des initiatives afin d’attirer de nouveaux publics dans notre stade. Dans cette optique, nous avons dernièrement créé un nouvel espace que nous avons appelé La Terrasse. Une trentaine de supporters peuvent ainsi prendre place sur notre piste d’athlétisme, à un poteau de corner, pour regarder le match au plus près de la pelouse. Alors que la présence d’une piste d’athlétisme peut être perçue comme un inconvénient, nous avons essayé de transformer cette caractéristique en atout.

Toujours dans la même optique d’attirer de nouveaux publics, nous allons mettre en place une opération à l’occasion de la journée de la femme au mois de mars. Et nous avons également conçu des espaces réservés aux familles, comme cela existe déjà dans quelques enceintes de L1 et L2.

Ce genre d’initiatives sert également de test pour affiner notre projet de futur stade. Même si tout n’est pas encore arrêté, nous avons déjà en tête pour notre future enceinte de concevoir un stade qui disposerait de moins de sièges que de places réellement disponibles. Cela signifie la mise en place de prestations de services à destination de nos spectateurs, accessibles notamment durant la rencontre. Les spectateurs pourraient ainsi regarder le match tout en étant assis à une terrasse, en prenant un verre et en discutant avec des amis.

Indépendamment de l’arrivée du futur stade et de la conquête de nouvelles cibles, nous espérons poursuivre notre croissance de recettes commerciales via notamment la mise à disposition de nouveaux produits. Nous avons notamment repensé dernièrement une de nos loges. Précédemment, une de nos deux loges ne possédait aucun accès direct à la tribune. Aujourd’hui, nous l’avons entièrement repensée et redécorée, afin de donner plus de valeur à cet espace. Désormais, l’accès aux tribunes est effectif et les gens en loges peuvent donc recevoir plus facilement dans cet espace. C’est le type d’optimisation que nous mettons en place pour accroître nos recettes. Après, nous ne pouvons pas jouer sur les effets volumes car nos places BtoB sont limitées au sein de notre stade actuellement exploité.

Où en est actuellement le club avec son projet de nouveau stade ?

Le projet est aujourd’hui bien engagé malgré la saison difficile vécue l’an dernier. La Mairie, la Communauté d’Agglomération et la Région ont continué à bien avancer avec nous sur ce dossier. Nous avons tous fait abstraction des résultats de l’an dernier pour poursuivre le développement de ce projet.

Pour résumer la situation, nous sommes plusieurs clubs sportifs sur le coup pour obtenir un nouveau stade dans la nouvelle grande région Aquitaine. Et nous attendons désormais le retour de la Région concernant notre projet.

Au sujet du lieu d’implantation, le stade sera au même endroit que notre stade actuel. La réflexion porte soit sur une rénovation complète de notre enceinte actuelle, soit sur la construction d’un nouveau stade juste à côté de notre outil actuellement mis à disposition. Et l’idée est de bâtir un complexe sportif qui fonctionne au quotidien. Mais c’est d’ailleurs déjà un peu le cas aujourd’hui car nous possédons notre siège social, notre centre de formation et deux collèges présents à côté de notre stade. On veut garder cet esprit d’un stade qui serve au quotidien et qu’il ne soit pas dédié aux seules rencontres disputées par les Chamois Niortais. C’est un projet global et nous avons estimé une durée de 18 mois pour la réalisation des travaux.

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Sources photos : © Benoit Felace – Chamois Niortais FC

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