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Stratégie

Quel modèle de développement pour le MHSC ?

Romain Biard / Shutterstock.com

Sacré champion de France pour la première fois de son histoire en 2012, le MHSC, club historique du sud de la France, est aujourd’hui solidement installé en Ligue 1. Longtemps associé à son emblématique président Louis Nicollin, le club est désormais dirigé par son fils Laurent, avec pour ambition de faire passer aux Héraultais un nouveau palier économique et sportif, sans pour autant délaisser l’ancrage territorial qui a fait le succès et la popularité du club pailladin. Décryptage par Antoine Blouin.

MHSC : une décennie fructueuse en matière de développement sportif et économique

Pensionnaire de Ligue 2 pendant plusieurs années au milieu des années 2000, le MHSC est parvenu à retrouver l’élite à l’issue de la saison 2008-09. Dès lors, le club héraultais n’a plus quitté la L1, devenant même champion de France pour la 1ère fois de son histoire en 2012, et enregistrant au passage quelques beaux classements (5ème en 2009-10, 7ème en 2014-15, 6ème en 2018-19).

Cette nette amélioration des résultats sportifs a dès lors permis au club de développer de manière significative ses recettes, passant de 14,5 M€ en 2008-09 à une moyenne autour de 40 M€, atteignant même un pic à hauteur de 60 M€ à l’issue de la saison 2012-13 grâce à la participation à la Champions League. Pour l’exercice 20/21, Laurent Nicollin a présenté un budget prévisionnel de 54,5 M€ à la DNCG, soit le plus élevé depuis 2013. Une progression essentiellement due à l’augmentation des recettes issues des droits TV – une hypothèse mise à mal par l’affaire Mediapro secouant l’ensemble du football professionnel français.

Le MHSC a également su franchir un cap au niveau des infrastructures. Locataire du site de Grammont contre un loyer annuel de 200 000 €, Louis Nicollin a pris la décision en 2011 de racheter le terrain à la ville de Montpellier contre un investissement de 6,5 M€. Les recettes additionnelles liées au titre de champion de France perçues quelques mois plus tard ont aidé le club à financer les travaux de rénovation du site – estimés aux alentours de 12 M€. Le MHSC est aujourd’hui doté d’un outil moderne qui a reçu les éloges de plusieurs techniciens passés sur le banc héraultais à l’image de Rolland Courbis.

MHSC : un modèle économique sain et cohérent

Si Montpellier a indéniablement franchi un cap sur le plan sportif, le club est aussi régulièrement loué pour la qualité de sa gestion financière. Depuis sa remontée en Ligue 1, le club a terminé chaque exercice avec un résultat net excédentaire – à l’exception d’une seule saison à l’issue de laquelle le club a présenté un déficit de plus de 2 M€. Lors de la saison 2018-19 – dernier exercice connu en date – le MHSC a engrangé des profits à hauteur de 3,5 M€.

Ces bonnes copies financières sont liées à l’approche prudente adoptée par le Board du MHSC dans la construction de chaque budget. Ainsi, comme le rappelait dernièrement Philippe Peybernes, Directeur Général du MHSC, le club héraultais table toujours sur une modeste 16e place finale pour élaborer son budget prévisionnel. Le MHSC évite ainsi toute mauvaise surprise liée à une mauvaise saison sur le plan sportif. Terminant régulièrement entre la 6e et la 10e place, le MHSC engrange généralement des recettes plus importantes que celles présentées devant la DNCG.

Le MHSC peut également compter sur sa capacité à réaliser de belles affaires sur le marché des transferts. Selon une étude publiée par le CIES, le club héraultais était en 2019 le 8e club européen présentant la plus importante balance des transferts sur la période 2010-19. Le club présentait alors une balance positive de 111 M€, se positionnant entre l’Athletic Bilbao (114 M€) et l’Atalanta Bergame (109 M€). Un classement qui reflète la capacité du club montpelliérain à repérer de très bons joueurs encore méconnus et à les révéler au plus haut niveau. Permettant alors au club d’encaisser d’importantes plus-values. Quatre des cinq plus grosses ventes concrétisées par le MHSC sont liées à des joueurs achetés pour un prix inférieur à 2,5 M€ (Giroud, Lecomte, Mbenza, Mukiele). Des joueurs qui ont ensuite été revendus entre 12 et 16 M€. Par ailleurs, le club travaille également très bien au niveau de la formation : selon une autre étude menée par le CIES – basée sur le nombre de minutes disputées par des joueurs formés au club – le MHSC se classait au 14e rang mondial et à la 6e place au niveau français.

Enfin, au cours des dernières saisons, le MHSC est parvenu à contenir l’inflation des salaires. Avec une masse salariale inférieure à 40 M€, le MHSC se classe derrière des clubs tels que le FC Nantes, l’OGC Nice, l’ASSE ou encore les Girondins de Bordeaux sur ce critère. Des formations face auxquelles le MHSC parvient pourtant à rivaliser sur le plan sportif. Seule une poignée de joueurs franchissent désormais la barre des 100 000 € par mois, sorte de salary cap instauré par le club.

MHSC : des freins au développement

Malgré sa nette progression économique et sportive, l’ascension du MHSC sera compromise à l’avenir par l’impossibilité de garder ses meilleurs joueurs à long terme. Car si la politique salariale du club héraultais est bénéfique sur le plan financier, elle n’empêchera cependant pas ses meilleurs éléments d’être tentés par les offres des écuries étrangères, aux moyens financiers et aux ambitions sportives supérieures. A l’image de la majorité des clubs français, et ce depuis plusieurs décennies, les Montpelliérains devront faire face au départ de leurs cadres, et à la nécessité de trouver des joueurs au moins aussi bons, avec des moyens financiers limités.

Par ailleurs, le MHSC n’a pas su profiter de sa progression sportive pour développer de manière significative ses différentes sources de revenus. Les recettes issues du sponsoring et des partenariats ne s’élèvent qu’aux alentours de 7 M€ – correspondant à une augmentation d’environ 1,5 M€ sur 5 ans – là où ses principaux rivaux du top 6 français oscillent entre 10 M€ et 15 M€ par saison. Les deals dernièrement signés avec Nike et PasinoBet sont évalués aux alentours de 1 M€ par saison.

Les revenus de billetterie ont également stagné ces dernières saisons, pour atteindre péniblement la barre des 2,5 M€ par exercice. Le MHSC a affiché ces dernières saisons un taux de remplissage relativement bas malgré une hausse du nombre d’abonnés, des résultats sportifs convaincants et une politique tarifaire agressive. Un sujet qui est d’ailleurs étudié très sérieusement par le Président Nicollin, qui souhaite opérer de profonds changements pour développer cette activité à l’avenir.

MHSC : l’ambition d’installer le club dans le top 6 français

Laurent Nicollin n’a jamais caché son ambition d’installer le MHSC, à terme, dans le Top 6 de Ligue 1. Un classement synonyme de qualifications régulières pour les compétitions européennes. Une ambition qui passe forcément, selon le dirigeant héraultais, par un changement de stade. Un projet qui était déjà évoqué par son père « Loulou », depuis 2016. Bien qu’emblématique, le Stade de la Mosson est aujourd’hui trop vétuste pour assouvir les besoins du MHSC. Sa localisation constitue également un frein au développement du club.

Le MHSC a ainsi pour projet de se doter d’un nouveau stade d’une capacité de 25 000 places. Entièrement financé par des fonds privés – via notamment le Groupe Nicollin – le coût de construction de cette nouvelle enceinte est évalué entre 170 et 190 M€. Dotée de bars, de restaurants, et du mythique Musée Louis Nicollin, cette enceinte devrait permettre au MHSC de gonfler considérablement ses recettes matchday et ainsi alimenter son développement économico-sportif. Reste désormais à définir définitivement l’emplacement de cette nouvelle enceinte que la direction du MHSC aimerait inaugurer d’ici 2024, saison au cours de laquelle le MHSC soufflera ses 50 bougies…

Enfin, au-delà du projet de nouveau stade, le MHSC doit continuer à travailler son image au sein d’une agglomération où le football n’est pas forcément le sport roi. En effet, Montpellier héberge des clubs de haut niveau de rugby, de handball ou encore de volleyball. Il est alors difficile pour le MHSC de monopoliser l’attention des fans de sport et du tissu économique montpelliérain tant la concurrence est vive. Pour réussir dans cette mission, le club peut s’appuyer sur sa solide et cohérente stratégie d’ancrage local. Tout au long de son histoire, le MHSC a pris pour habitude de nommer des anciens de la maison à des postes clés à l’image par exemple de Michel Der Zakarian, de Franck Rizzetto, de Michel Mézy ou encore de Bruno Carotti, actuellement présents dans l’organigramme du club. Une stratégie qui a atteint encore une nouvelle dimension dernièrement, avec l’intégration dans l’effectif de cadres issus de la région, à l’image d’Andy Delort ou encore de Téji Savanier. Et même dans ses projets de développement, le club n’oublie pas son territoire. Ainsi, pour faire ses premiers pas dans l’eSport, le MHSC a noué un partenariat avec BeGenius, une société créée et basée à Montpellier. Malgré ses rêves de grandeur, le MHSC ne compte donc pas délaisser sa stratégie d’ancrage territorial, qui a fait sa force au cours des dernières saisons.

Par Antoine Blouin

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