Interview

Petit Pont, le football comme trait d’union entre jeunesse et lecture

petit pont matthias rey

Transmettre les bonnes valeurs du ballon rond aux plus jeunes tout en renforçant leur goût pour la lecture. C’est la mission que tentent de relever Matthias Rey et Franck Paquet-Durand, co-fondateurs du magazine papier hebdomadaire Petit Pont, dédié aux enfants. Après un peu plus de 7 mois d’activité, Matthias revient pour Ecofoot.fr sur les débuts de cette aventure entrepreneuriale tout en nous faisant partager certaines réflexions sur la manière de créer du contenu pour intéresser un jeune public.

Comment est née l’aventure Petit Pont ? Comment avez-vous eu l’idée de lancer un magazine dédié aux enfants passionnés de ballon rond ?

C’est sûrement lié à la crise de la quarantaine (rires) ! Avec mon associé, Franck Paquet-Durand, nous sommes amis depuis notre enfance. L’aventure Petit Pont, c’est avant tout un projet de copains !

Avant le lancement du journal, Franck et moi-même travaillions dans l’univers de la communication. Nous mettions beaucoup d’énergie dans des projets qui ne nous faisaient plus vibrer. Nous songions alors à nous lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Le but était de partir sur un projet pouvant combiner notre passion pour le football tout en étant utile à la société. En nous appuyant notamment sur l’expérience de Franck – qui a été journaliste par le passé – nous avons décidé de lancer Petit Pont. Un journal ludique qui a, entre autres, pour mission de donner le goût pour la lecture aux enfants.

A posteriori, nous avons intellectualisé l’idée de lancer un magazine dédié aux enfants. Mais, en réalité, nous avons nous-mêmes à la maison des enfants passionnés de football et qui consomment de nombreux contenus à ce sujet sur des supports numériques. Via Petit Pont, nous avions envie de produire un magazine physique, à tenir entre les mains. Pour « désintoxiquer » nos enfants des contenus numériques.

Vous évoquez la volonté d’être utile à la société à travers le football. Êtes-vous vous-même impliqué dans la vie d’un club de football amateur ?

Oui, tout à fait. Avec Franck, nous jouons dans le club de CAP Charenton, situé dans le Val de Marne. Nous essayons, le plus souvent possible, d’aider le club dans son fonctionnement. Par exemple, nous accompagnons les enfants lors des jours de match.

A qui s’adresse exactement le magazine Petit Pont ? Comment adaptez-vous votre ligne éditoriale pour vous adresser à un jeune public ?

Petit Pont s’adresse essentiellement aux jeunes garçons et filles de 6-13 ans, du CP à la 5ème. A des enfants qui aiment le football. Une discipline qui est présente partout dans leur quotidien. Tant dans les médias qu’en termes de pratique. Les enfants sont capables de jouer au foot n’importe où, avec une boule de papier ou une cannette de soda qui fera office de ballon (rires) ! C’est d’ailleurs ce qui contribue à la beauté de ce sport.

Petit Pont

Indirectement, nous nous adressons également aux parents. Des parents qui sont intéressés par notre démarche, cherchant à favoriser la lecture à travers une discipline qui passionne leurs enfants. A un âge où on acquiert d’ailleurs les bons réflexes en termes de goût pour la lecture.

Enfin, nous nous adressons au sens large à l’ensemble de l’écosystème éducatif, de l’école à la bibliothèque de quartier, en passant par l’école de football ou encore l’association. Par exemple, nous avons développé des contacts avec des associations luttant contre l’illettrisme.

Concernant les contenus développés, on cherche à diffuser la culture footballistique tout en mettant en avant l’éthique d’un sport collectif. Des sujets liés à l’histoire de la discipline et des clubs, à des faits marquants, à d’illustres joueurs y sont développés. La technique et la tactique, abordées de manière pédagogique, occupent également une place importante dans le magazine.

Pour intéresser nos jeunes lecteurs, nous essayons également de construire un support ludique. Le but n’est pas de produire une encyclopédie du football barbante à lire (rires) ! Dans le ton employé, nous avons notamment fait le choix de tutoyer notre lecteur. C’est une manière de parler directement à l’enfant et de l’impliquer dans la lecture du magazine. Nous portons également une attention particulière au nom des rubriques. Un personnage récurrent, que nous avons baptisé PP (ndlr : initiales de Petit Pont), prend également la parole lors de chacun des magazines en interpellant les enfants pour leur livrer des anecdotes. Nous essayons d’instaurer un échange direct avec le lecteur.

Le travail « participatif » est au cœur du modèle Petit Pont. Avec des enfants qui s’initient au journalisme, en interrogeant notamment leurs idoles. Opérationnellement, comment mettez-vous en place de telles initiatives ?

Nous cherchons à solliciter les enfants pour qu’ils développent leur créativité. C’est une excellente opportunité pour eux. En étant régulièrement à leur contact, nous avons remarqué que les enfants pensent régulièrement que leurs réflexions n’intéressent personne. Ils sont alors plutôt sur la retenue. A travers Petit Pont, nous voulons contribuer à changer ce comportement. Nous développons Petit Pont pour et avec les enfants. C’est le moteur de notre fonctionnement !

Petit Pont

Ainsi, les enfants prennent en effet part à nos interviews de joueuses/joueurs professionnels, en posant notamment les questions. Nous nous attachons à publier systématiquement leurs contenus. Mais d’autres contenus produits par les enfants sont publiés dans le magazine comme des dessins en lien avec le football par exemple. Des histoires d’enfants, comme l’organisation d’une rencontre de football lors d’un anniversaire, sont également intégrés dans le magazine. Lire des contenus au sujet d’autres enfants, ça plait beaucoup à nos jeunes lecteurs !

Nous développons Petit Pont pour et avec les enfants. C’est le moteur de notre fonctionnement !

Enfin, nous essayons au maximum d’aller à leur rencontre. Régulièrement, nous nous rendons dans les écoles ou les bibliothèques pour mener des ateliers sur le journalisme. Nous évoquons cette profession avec eux et nous les sensibilisons à certains sujets comme la déontologie du journaliste, le travail de vérification des sources ou encore la manière d’identifier des fake news.

Comment l’écosystème footballistique français a-t-il accueilli votre initiative ?

Notre écosystème est large. Outre le football amateur et professionnel, nous nous adressons également au monde éducatif, pédagogique et associatif. L’ensemble des acteurs de notre écosystème accueille très bien notre initiative. Ils comprennent la raison pour laquelle nous avons créé un journal sur le foot. Ils ressentent le bon sens de la démarche.

Après, tous les acteurs n’ont évidemment pas le même objectif. Le monde éducatif voit dans notre magazine un intérêt direct pour favoriser la lecture auprès de leurs élèves. Cela favorisera notamment la venue des enfants au sein de la bibliothèque de l’école.

Concernant les clubs professionnels, ils ont parfois du mal à comprendre notre démarche dans sa globalité. S’ils cernent très bien le potentiel de notre support – notamment à destination des jeunes fans – les clubs cherchent à intégrer une collaboration avec nous dans une logique marketing. La finalité étant de dynamiser certains aspects commerciaux. Ce qui peut contrevenir à l’essence de notre démarche.

Néanmoins, petit à petit, nous parvenons à nouer de véritables liens avec certaines formations. Des connexions qui pourraient aboutir sur la sortie de numéros Petit Pont dédiés à différents clubs de Ligue 1. Les discussions à ce sujet sont notamment avancées avec les Girondins de Bordeaux et le FC Nantes.

Un joueur professionnel de premier plan figure régulièrement en Une de votre magazine, via une interview. Les clubs et joueurs accèdent-ils facilement à vos demandes ?

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