Stratégie

Vers une présidence tournante pour diriger la FIFA ?

FIFA réforme gouvernance
Yuri Turkov / Shutterstock.com

Certaines discussions menées au sein des cercles d’influence de la fédération internationale pourraient aboutir à un changement radical de gouvernance de la FIFA. Mais de tels chamboulements pourraient être difficiles à mettre en place. Eclairage.

L’information a été révélée en fin de semaine dernière par le média allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Des tractations auraient actuellement lieu au sein des cercles de pouvoir et d’influence de la FIFA pour changer le mode de gouvernance et d’administration de la fédération internationale.

Et l’idée phare de cette réforme serait la mise en place d’une présidence tournante concernant la direction de la fédération internationale. Une présidence qui serait alors occupée à tour de rôle par le président de l’une des 6 confédérations affiliées à la FIFA pour une durée encore à définir. Un tel système mettrait alors fin au scrutin présidentiel, impliquant l’ensemble des fédérations internationales dans l’élection du nouveau président.

Une telle proposition pourrait connaître un écho favorable auprès des fédérations provenant de régions peu représentées à la tête de la fédération internationale. Ayant à chaque fois présenté au moins un représentant lors des dernières élections présidentielles – le prince Ali de Jordanie ou encore le Cheikh Salman de Bahreïn – le candidat asiatique n’est jamais parvenu à remporter le scrutin.

Néanmoins, il parait peu probable qu’une telle initiative soit mise en place rapidement. Actuel président de la FIFA, Gianni Infantino a dernièrement annoncé qu’il serait candidat à sa propre succession lors du scrutin organisé l’an prochain à Paris. Et ce dernier ne s’est jamais exprimé publiquement sur une réforme aussi importante de la gouvernance de la FIFA.

Présidence tournante de la FIFA : une idée qui n’est pas nouvelle

En cas d’adoption d’une telle mesure, la FIFA ne serait pas la seule institution à adopter une présidence tournante. Un tel modèle est déjà appliqué concernant la présidence du Conseil de l’Union Européenne. Tous les 6 mois, un nouveau pays de l’UE prend la tête du Conseil des Ministres. Un système qui subit quelques critiques, ne permettant pas notamment d’assurer une continuité dans le travail mené et l’élaboration des priorités.

Concernant la FIFA, une telle proposition avait déjà été formulée par Domenico Scala, quand ce dernier présidait encore la Commission d’audit et de conformité de la FIFA. Et pour éviter les critiques habituelles concernant les présidences tournantes, il préconisait un mandat relativement long – entre 4 et 6 ans – afin de permettre au président d’inscrire ses actions dans le temps long.

« Un système de présidence tournante reflèterait davantage la diversité du football et permettrait d’éviter à tout individu de concentrer trop de pouvoir. Cela ferait alors partie des mesures nécessaires pour éviter la corruption et les conflits d’intérêt qui ont nui à la FIFA par le passé » exprimait alors à l’époque Domenico Scala.

La gouvernance de la FIFA toujours objet de critiques

Malgré les nombreuses réformes entreprises par la nouvelle administration Infantino – qui ont mis fin aux scandales affectant l’institution et ont permis de séduire de nouveaux sponsors – la gouvernance de la FIFA est toujours régulièrement pointée du doigt. La concentration des pouvoirs, détenus par le président, en est souvent la cible.

« Je crois que la position prééminente du président et son emprise sur les questions (notamment) de management restent une des composantes clés de la culture de gouvernance de la FIFA. Il en est ainsi depuis des dizaines d’années et il serait naïf de croire que cela pourrait changer à cause d’une nouvelle disposition proclamant un modus operandi différent » indiquait ainsi en fin d’année 2017 la parlementaire luxembourgeoise Anne Brasseur, qui a rendu un rapport sur la « bonne gouvernance dans le football » pour l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.

Parmi les recommandations soumises dans ce rapport, le Conseil de l’Europe appelle à la mise en place d’un observatoire indépendant, chargé de surveiller les activités des différentes fédérations internationales sportives. Une solution qui pourrait être moins contraignante à mettre en place qu’une présidence tournante.

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