Sujet rarement évoqué, les attributs sonores et musicaux jouent pourtant un rôle significatif dans la vie des clubs et des compétitions. Construction identitaire, place occupée dans l’expérience au stade, captation de nouveaux publics… les enjeux liés à l’univers musical sont nombreux et variés pour les organisations sportives. D’où l’intensification des liens entre les deux secteurs au cours des dernières années…
Le Paris Saint-Germain avait réservé une drôle de surprise à ses supporters présents au Parc des Princes le 14 août dernier pour la réception du RC Strasbourg. Outre la présentation officielle de Lionel Messi, le club parisien s’est permis de modifier la musique d’entrée des joueurs sur la pelouse du Parc, troquant l’immuable Who Said I Would de Phil Collins pour un son de DJ Snake. Un changement que le public parisien pensait d’abord temporaire – pour célébrer la signature du désormais septuple ballon d’or au club – mais qui a suscité un réel tollé au sein des groupes de supporters parisiens quand la direction du PSG a confirmé son intention de remplacer de manière pérenne la musique d’entrée des joueurs. A tel point qu’elle a été obligée de faire machine arrière au bout de quelques matches et de redonner au titre de Phil Collins la place qu’il occupe depuis le début des années 90.
« Le Paris Saint-Germain est un jeune club qui a complètement changé de nature depuis l’arrivée de QSI à sa tête. C’est donc un vrai défi de créer une identité claire et cohérente pour un tel club. Finalement, le titre de Phil Collins fait partie des rares symboles qui assurent une continuité dans l’histoire du PSG. C’est une des raisons pour lesquelles les fans parisiens y sont autant attachés. C’est en quelque sorte leur madeleine de Proust car c’est un élément de cohérence structurant l’histoire du club » analyse Pierre-Etienne Minonzio, Journaliste à L’Equipe et Auteur de l’ouvrage Le Petit Manuel Musical du Football.
Alors que l’écosystème parisien se serait bien passé de ce couac, cet incident a eu le mérite de mettre en exergue la place importante qu’occupent les symboles musicaux dans l’identité des clubs. Une assertion d’autant plus vraie pour la musique d’entrée des joueurs, faisant partie intégrante de l’expérience vécue au stade et dont les notes résonnent à un moment particulièrement riche en émotions pour les plus fervents supporters.
« Le générique de la Ligue des Champions transcende les fans de football »
Pierre-Etienne Minonzio – Journaliste – L’Equipe
« La musique d’entrée des joueurs est loin d’être un sujet anecdotique. La plupart des fans du PSG ont les poils qui se dressent quand ils entendent les premières notes de Who Said I Would. Chacun imagine alors le scénario du match dans sa tête. L’adrénaline monte, c’est presque un réflexe pavlovien ! L’attachement à cette musique est à la fois symbolique, historique et identitaire » poursuit Pierre-Etienne Minonzio.
Ce lien fort entre musique d’entrée des joueurs et fans n’est pas propre au Paris Saint-Germain. En France, les habitués de l’Orange Vélodrome sont également très attachés à Jump. Enfin, le meilleur exemple en la matière est sans doute le générique de la Ligue des Champions. « Avec cet exemple, on tombe dans la réminiscence proustienne. Cette composition, c’est la perfection à l’état pur ! Tout fan de football qui entend cette musique n’a qu’une seule envie : taper dans un ballon et se prendre pour son idole de jeunesse ! Cette musique transcende les fans de football » décrypte ainsi Pierre-Etienne Minonzio.
La musique comme marqueur d’identité territoriale ?
