Alors que la méthode des multiples, appliquée au chiffre d’affaires, est couramment utilisée pour obtenir une première valorisation des clubs de football ; certains financiers recommandent de recourir à des indicateurs plus solides permettant de donner une réelle photographie de la (future) valeur créée par les différentes organisations sportives. Décryptage.
Plus de 5 Mds£ : c’est sur cette base de valorisation que Jim Ratcliffe, milliardaire britannique à la tête du groupe INEOS, a fait son entrée au capital de Manchester United à hauteur de 25% à l’automne dernier. Une transaction qui place les Red Devils en tête de la hiérarchie européenne, dépassant largement Chelsea FC et son acquisition par BlueCo via une valorisation d’entreprise de l’ordre de 4,2 Mds£ (5 Mds€). En fin d’année dernière, le fonds américain Arctos a également acquis une participation minoritaire (12,5%) dans le capital du Paris Saint-Germain valorisant alors le club de la capitale à plus de 4 Mds€. Des sommes qui paraissent très élevées pour des formations affichant régulièrement un résultat net comptable déficitaire…
« En théorie, il y a deux grandes familles d’approche pour procéder à l’estimation d’un club de football. Il y a premièrement la méthode que l’on pourrait qualifier de relative. Elle est basée sur la question suivante : combien un investisseur est-il prêt à mettre pour acheter le club ? On estime alors le prix potentiel de l’actif en se basant sur les transactions récemment réalisées dans le même secteur. On calcule un multiple que l’on applique à une métrique telle que les revenus » nous explique Roger Bell, Co-Fondateur de Vysyble, société accompagnant de nombreuses organisations sportives anglaises dans la création de valeur. « Puis, il y a la deuxième méthode, la valorisation fondamentale. Elle vise à estimer la valeur réelle de l’entreprise en termes de liquidités et de profits économiques. Cette deuxième méthode, pourtant bien plus solide, est beaucoup moins utilisée dans le monde du football » poursuit notre expert.
Les équipes de Vysyble suggèrent ainsi de placer le profit économique – parfois également appelé le super-profit – au cœur des modèles de valorisation des clubs professionnels. Ce dernier est calculé à partir du résultat opérationnel net auquel on y retranche les coûts d’opportunité autrement dit le coût de mise à disposition des capitaux.
Le profit économique, un indicateur (in)adapté aux clubs professionnels ?
« Contrairement aux métriques comptables conventionnelles qui excluent le coût de mise à disposition des capitaux, le profit économique renvoie un signal bien plus précis sur la performance financière d’une organisation » décrypte Roger Bell.
