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Clubs féminins de haut niveau et collectivités : une relation à réinventer ?

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A quelques exceptions près, les collectivités mettent généralement la main à la poche pour soutenir les clubs féminins de haut niveau de leur territoire à travers le versement de subventions ou l’achat de prestations. Mais ce soutien est souvent jugé insuffisant pour des clubs qui peinent à construire un solide modèle économique. Une redéfinition de l’implication des collectivités semble nécessaire pour consolider le développement du sport féminin de haut niveau en France. Eclairage.

Fleury Loiret Handball, Bourg-de-Péage Drôme Handball, Chilly-Mazarin, Bouillargues Handball Nîmes Métropole… la liste est malheureusement longue des clubs féminins français de haut niveau à avoir connu de graves déboires financiers ces derniers mois, obligeant certains d’entre eux à mettre la clé sous la porte. Des cas qui mettent en exergue la difficulté de construire un solide modèle économique au sein du sport professionnel féminin français, y compris pour des clubs prestigieux.

Pour expliquer ces déconvenues financières, certains dirigeants n’hésitent pas à pointer du doigt le rôle des collectivités, évoquant des promesses non-tenues ou la réalisation d’économies sur le dos du sport féminin d’élite. Ainsi, le non-versement d’une subvention exceptionnelle de 100 000 € de la part d’Orléans Métropole aurait précipité la liquidation judiciaire du Fleury Loiret Handball. Du côté du Gard, la direction et les joueuses de Bouillargues Handball dénoncent la suppression d’une subvention de 60 000 € versée par Nîmes Métropole. Pour compenser ce trou important dans le budget et interpeller le grand public sur le sujet, le club a organisé une cagnotte sur Leetchi tout en publiant plusieurs vidéos sur ses réseaux sociaux.

Les collectivités se désintéressent-elles pour autant complètement du développement du sport féminin de haut niveau sur leur territoire ? « Les collectivités territoriales sont peu sensibles à notre projet féminin. Le soutien de la Ville de Saint-Malo est quasi-inexistant à ce sujet et les contributions du département et de la région sont modestes » nous indique Fabrice Rolland, Directeur Général de l’US Saint-Malo, club de football dont l’équipe première masculine évolue en N2 et l’équipe féminine en D2F. Pourtant, le club malouin est monté en puissance sur son projet féminin ces dernières saisons. Il y consacre désormais 25% de son budget global de fonctionnement. « Il y a 5 ans, nous avions seulement une seule joueuse sous contrat. Désormais, nous en comptons une dizaine. On tend vers plus de professionnalisation avec une contractualisation des joueuses » avance ainsi le Directeur Général de l’USSM. Un mouvement qui n’est donc pas accompagné par les collectivités.

« En réalité, les collectivités jouent déjà un rôle majeur dans le sport féminin de haut niveau. Elles sont les premiers financeurs dans la plupart des disciplines » nuance Quentin Boissard, Enseignant en Marketing du Sport et préparant un projet de thèse sur le financement du sport féminin par les collectivités. Ce dernier s’appuie notamment sur une étude de 2021 sur le financement public du sport professionnel, coréalisée par l’ANDES et le CDES, pour illustrer son propos. « En Ligue Féminine de Basket, la part du public – subventions et achats de prestations – représente plus de 35% du budget des clubs à titre d’exemple » poursuit notre expert.

« Au GPSO 92 Issy, le soutien des collectivités est à la fois fort et faible. Une partie non-négligeable du budget est assurée par les subventions. Le montant est significatif mais cela reste bas par rapport aux besoins du club dans son univers concurrentiel » résume pour sa part Bernard Goudard, ex-Manager Général du GPSO 92 Issy, club de D2F.

La solution passe-t-elle par l’application de « budgets genrés » ?

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