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Le football féminin aux États-Unis : la ruée vers l’or ?

Photo SUSA / Icon Sport

Concernant le football (ou plutôt le soccer) aux États-Unis, les médias reprennent souvent l’antienne d’un « Eldorado » pour le football féminin. « L’exceptionnalisme » américain en matière de ballon rond, comme le caractérisent les historiens, aurait donc deux facettes : un football masculin qui s’est peu développé au cours du XXème siècle par rapport à sa forte croissance sur le Vieux Continent ; un football féminin qui, parallèlement, s’est fortement popularisé à partir des années 1970, notamment en raison de la loi votée en 1972, le Title IX, qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes éducatifs financés par l’État fédéral, et qui oblige ainsi les universités à offrir le même nombre de bourses et les mêmes avantages aux athlètes femmes qu’aux athlètes hommes. Aujourd’hui, selon la FIFA, plus du tiers des footballeuses licenciées dans le monde jouent aux États-Unis, celles-ci représentant près de 40% des pratiquants américains. Cette vision d’un « Eldorado » du football féminin américain est cependant fausse si on se penche sur son volet économique. Note d’analyse de Luc Arrondel et Richard Duhautois, Economistes-Chercheurs au CNRS et au CNAM.

Une professionnalisation récente et chaotique

L’image est devenue iconique : en 1999, après avoir marqué le tir au but de la victoire contre la Chine au Rose Bowl Stadium à Pasadena, la footballeuse américaine Brandi Chastain tombe à genoux et, « comme les garçons », enlève son maillot. Ce but offre aux États-Unis sa deuxième Coupe du monde après son succès en 1991. Pourtant, à l’époque, et malgré les performances de l’équipe nationale (l’USWNT), il n’existe toujours pas de championnat professionnel de football féminin en Amérique du Nord. En effet, malgré les succès récurrents de l’USWNT à l’occasion des différentes Coupes du monde (1991, 1999, 2015 et 2019), le développement économique du football professionnel féminin aux États-Unis ne s’est pas fait si facilement. Les succès populaires des tournois internationaux en termes d’affluence ou d’audience ont du mal à se concrétiser au niveau national. Certains chercheurs parlent « d’Olympianisation » du football aux États-Unis, à savoir un public américain « underground » qui réapparaitrait seulement tous les 4 ans.

Luc Arrondel et Richard Duhautois sont auteurs de l’ouvrage L’Argent du Football vol.2 – L’Amérique du Nord

Depuis 2001, trois championnats professionnels féminins différents se sont succédés : la Women’s United Soccer Association (WUSA, 2001-2003) ; la Women’s Professional Soccer (WPS, 2009-2012) ; et depuis 2013, la National Women’s Soccer League (NWSL). Les deux premières tentatives n’ont pas perduré, principalement pour des raisons financières. La WUSA, notamment, avait été créée après le deuxième sacre mondial des États-Unis à la Coupe du monde de 1999, profitant de l’engouement suscité par la compétition. Ce championnat professionnel a alors accueilli de nombreuses joueuses étrangères, dont la Française Marinette Pichon en 2002 et 2003. Cette ligue a disparu en 2003, après trois saisons seulement et une perte nette d’environ cent millions de dollars. Il a fallu attendre six ans avant de revoir du football féminin professionnel mais après que plusieurs franchises eurent été dissoutes à la suite de problèmes financiers, la WPS a cessé son activité aussi rapidement que sa prédécesseure, par manque de participants et en raison d’un différend juridique opposant la ligue à l’une des équipes.

Aujourd’hui, la NWSL connait plus de succès financiers, notamment à travers les sponsors et les droits TV. La politique d’expansion de la ligue est un signe de ce succès.

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