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Quelle évolution pour les salaires du football féminin ?

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Historiquement, le football féminin a dû lutter pour exister et ce, pour différentes raisons : interdiction, pression sociale, normes hygiénistes, contraintes économiques… Aujourd’hui, les femmes tiennent peut-être leur revanche. Le football féminin suscite beaucoup d’intérêts, non seulement sportifs, mais aussi idéologiques, politiques et économiques : de jeunes footballeuses, toujours plus nombreuses, intègrent les clubs ; les championnats nationaux se professionnalisent ; les compétitions se médiatisent ; les investisseurs arrivent. Pour l’instant, d’un point de vue économique, le football féminin comparé à son homologue masculin demeure néanmoins une très « petite affaire ». Un « gouffre » financier sépare en effet les deux économies, que ce soit au niveau des chiffres d’affaires des clubs et des ligues, que celui des salaires ou des montants des transferts. La faiblesse des droits TV, des revenus commerciaux et de la billetterie générés par le football féminin explique cet état de fait. Note d’analyse de Luc Arrondel et Richard Duhautois, Economistes-Chercheurs au CNRS et au CNAM.

Une des questions qui alimente les débats aujourd’hui concerne le sujet des inégalités « salariales » entre joueuses et joueurs. La comparaison entre footballeurs et footballeuses n’est cependant pertinente que pour les joueuses internationales, car la plupart des championnats féminins ne sont pas professionnels, et ceux qui le sont, produisent des revenus insuffisants pour égaler le salaire moyen des joueurs, même dans les pays les plus égalitaires.

« Equal play, equal pay » ?

Les joueurs internationaux, qui sont massivement professionnels – payés par leur club en tant que salariés – ne reçoivent de leur fédération que des primes de participation et de performance. Pour leur part, les joueuses internationales ne percevant pas les mêmes revenus et n’ayant pas toutes le statut professionnel, peuvent rencontrer des problèmes financiers lorsqu’elles sont appelées en sélection. C’est pourquoi elles peuvent être amenées à signer des accords avec leur fédération. Le slogan « Equal play, equal pay », revendiqué par les footballeuses de l’équipe nationale américaine et repris par de nombreuses sélections, en témoigne. Les revendications des joueuses internationales se sont multipliées ces dernières années. En voici les principales :

Fin 2017, en Norvège 🇳🇴, la fédération a aligné les rémunérations globales des hommes et des femmes (640 000 euros au lieu de 332 000 euros), l’équipe masculine ayant accepté une diminution de son budget (58 000 euros issus de ses revenus commerciaux) pour atteindre l’égalité.

En 2018, la fédération néo-zélandaise 🇳🇿 a annoncé la signature d’une nouvelle convention collective (CBA) qui met en place un traitement égal entre les équipes nationales féminines et masculines : même prime de participation, équité des primes de performance et des droits à l’image, égalité de traitement pour les voyages.

Fin 2019, en Australie 🇦🇺, un accord de 4 ans a été conclu entre la Fédération australienne de football et le syndicat des joueurs qui stipule que l’équipe masculine et l’équipe féminine percevront les mêmes salaires pour jouer en équipe nationale. Par ailleurs, le nouveau contrat précise également que les joueuses et joueurs recevront 24 % des recettes de leurs équipes respectives (dont 5 % iront aux équipes nationales de jeunes). En outre, en cas de qualification pour les tournois internationaux, ce montant passera à 40 % des gains engendrés par les sélections (contre 30 % précédemment). Un écart « salarial » persistera en ce qui concerne les primes des Coupes du monde, car le « prize money » de ces tournois varie considérablement selon le sexe.

En Angleterre 🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿, la parité sur indemnités de participation et les primes de matchs hors tournois majeurs est en place depuis janvier 2020. La FA paie ainsi ses joueuses et ses joueurs exactement de la même façon pour représenter le pays soit environ 2 000 livres par match (hors prime). Cependant, lors des grands tournois, les primes diffèrent énormément en raison de la disparité entre les sexes dans les prix offerts par la FIFA et l’UEFA. Si l’Angleterre avait remporté la Coupe du monde féminine en 2019, les joueuses auraient reçu 50 000 livres chacune alors que les hommes auraient reçu 217 000 livres s’ils avaient été champions du monde en 2018. Les internationales anglaises bénéficient également de contrats centraux financés par la FA en plus des salaires versés par les clubs. Cela concerne environ 30 joueuses dont la majorité est payée environ 30 000 livres dans un système à plusieurs niveaux qui commence à 15 000 livres et qui dépend de l’âge et de l’ancienneté.

Luc Arrondel et Richard Duhautois sont auteurs de l’ouvrage Comme les garçons ? L’économie du football féminin (CEPREMAP)

En 2020, la fédération brésilienne 🇧🇷 de football a annoncé qu’elle paierait aux hommes et aux femmes le même montant (primes et indemnités journalières) pour représenter l’équipe nationale. Lors des tournois internationaux, elles toucheront le même pourcentage que les hommes sur les gains de leur équipe.

En août 2021, la Fédération irlandaise 🇮🇪 a égalisé les indemnités de matchs internationaux pour l’équipe masculine et féminine. Les hommes ayant accepté de réduire leur prime pour contribuer aux salaires des femmes. Les primes de qualification pour les tournois internationaux sont également identiques.

En Espagne 🇪🇸, un accord a été signé durant l’été 2022 qui porte sur cinq ans. Si aucun salaire n’est versé pour jouer pour l’Espagne, cet accord garantit que les joueurs et les joueuses bénéficient des mêmes conditions en matière de primes et de droits d’image : les primes reçues en pourcentage seront donc égalisées. Aucune information sur les montants n’a cependant été divulguée. Par ailleurs, les conditions de travail seront également identiques, que ce soit les dispositions relatives aux voyages, à la nourriture et au logement.

En 2023, au Pays de Galles 🏴󠁧󠁢󠁷󠁬󠁳󠁿, la fédération a adopté l’égalité des primes de matchs internationaux, les hommes ayant renoncé à une part de leur rémunération pour parvenir à l’égalité (25 %).

La class action des internationales américaines : une « victoire » pour l’égalité ?

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