Interview

Phenix Sport, l’équipementier responsable

Phenix Sport

Alors que l’industrie textile est régulièrement pointée du doigt pour le niveau de pollution généré par ses activités ; les grands équipementiers et leurs clubs partenaires n’échappent pas à de telles critiques. Grâce à une réelle prise des conscience de l’importance des enjeux écologiques, les modes de production et habitudes de consommation des équipements sportifs commencent progressivement à évoluer. Dans ce domaine, un acteur français donne l’exemple. Nouveau venu sur le marché des équipementiers, Phenix Sport, première marque française 100% écoresponsable intégrant l’économie circulaire, propose aux clubs des équipements sportifs en matériaux recyclés tout en développant un modèle économique reposant sur l’économie de la fonctionnalité. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot, Olivier Guigonis et Paul-Emmanuel Guinard, Co-Fondateurs de Phenix Sport, reviennent en détail sur le lancement de l’aventure Phenix Sport tout en évoquant leurs prochains projets de développement.

Comment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans la production d’équipements sportifs en matériaux recyclés ?

Olivier Guigonis : C’est une idée assez ancienne, puisque mes premières recherches sur le sujet datent de 2015. A l’époque, les possibilités de travailler en matière recyclée étaient nouvelles, limitées, et donc forcément assez onéreuses. J’ai plusieurs fois tenté, en vain, de lancer PHENIX SPORT, mais c’est la rencontre avec Paul-Emmanuel Guinard, et le confinement, qui ont fait basculer les choses. On s’est dit que c’était le bon moment, que le public était mûr à ce changement, et on a lancé PHENIX SPORT le 1er juin 2020.

Paul-Emmanuel Guinard : De mon côté, je m’étais surtout penché sur le question des chaussures de sport il y a 2-3 ans, alors que j’étais chef de produit pour une marque d’Outdoor. C’est à cette époque que j’ai compris qu’on pouvait produire des bonnes chaussures de randonnée en Europe (Italie, Bulgarie), avec des matières naturelles & recyclées ainsi que des beaux cuirs, pour un prix sensiblement similaire à une production asiatique avec du polyuréthane et avec des minimums de commande à « taille humaine ». Et puis, je suis venu poser mes valises à Nice où j’ai rapidement rencontré Olivier. On a parlé sport et écologie autour d’un (plusieurs peut-être) bon verre de vin et on a réussi à articuler nos idées pour lancer PHENIX SPORT cette année.

L’empreinte carbone des activités de merchandising d’un club de sport est-elle importante ?

OG : Oui énormément. L’industrie du merchandising, comme d’autres, est quasi essentiellement produite en Asie. Outre les conditions de travail que l’on ne peut pas toujours contrôler, les matériaux utilisés sont souvent de mauvaise qualité car de premier prix. Le merchandising obéit à une logique de dumping, de tarif toujours plus bas, ce qui est mécaniquement inversement proportionnelle à la maitrise de l’empreinte carbone. Et je ne parle évidemment pas du transport en bateau ou avion depuis l’Asie, même s’il faut souligner que le ferroviaire se développe depuis quelques temps.

« Le merchandising obéit à une logique de dumping ce qui est mécaniquement inversement proportionnelle à la maitrise de l’empreinte carbone »

PEG : Je voudrais ajouter que le textile sportif est un grand consommateur de matières synthétiques, et surtout de polyester – de plastique en fait. Le textile est l’industrie qui pollue le plus notre planète, après l’industrie pétrolière – c’est pour dire l’étendue du problème. Donc, en travaillant avec du polyester réalisé à base de déchets plastiques (bouteilles, packagings) collectés en Europe, on économise 32% de CO2 par rapport à la production de polyester dit vierge. C’est toujours ça de gagner, mais à notre avis, ça ne suffit pas. En effet, les polyesters (vierge comme recyclé), libèrent des fibres de plastique microscopique au moment du lavage en machine, pouvant aller jusqu’à 700 000 fibres microplastiques par lavage d’après une étude très sérieuse de l’Université de Plymouth. Ainsi, pour aller plus loin dans notre démarche, à la rentrée nous allons offrir avec chaque commande des sacs de lavage qui protègent les vêtements synthétiques et empêchent la libération des microplastiques dans les eaux usées. Nous travaillons sur le sujet avec la marque allemande GuppyFriend qui a justement breveté des sacs magiques !

Au-delà de proposer des tenues en matériaux recyclés, Phenix Sport a également pour ambition de révolutionner le modèle économique des équipements appliqué au sport amateur, via la formule de l’abonnement. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouveau modèle économique ? En quoi est-ce avantageux pour un club amateur ?

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