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Faut-il revoir le modèle des Jeux Olympiques ?

Abaca / Icon Sport

Evénement très coûteux à héberger, le CIO a connu ces dernières années une érosion des candidatures à l’organisation des Jeux Olympiques. Une tendance inquiétante qui pousse le Comité International Olympique à engager de nouvelles réflexions pour faire davantage correspondre le modèle des JO aux évolutions et aspirations de notre société. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot, Pierre Chaix, Spécialiste en économie du sport ayant dirigé l’ouvrage LES JEUX OLYMPIQUES DE 1924 À 2024 : Impacts, retombées économiques et héritage, revient sur les enjeux liés à l’organisation des JO pour une ville hôte. Propos recueillis par Anthony Alyce et Karim Ghariani.

Quelles sont les motivations poussant une ville à candidater à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques auprès du CIO ?

Les motivations sont surtout liées à des enjeux géopolitiques. Organiser un telle compétition permet de braquer les projecteurs du monde entier sur son pays et cela conforte voire renforce son rayonnement. Des pays comme la Chine ou le Brésil ont dernièrement profité de l’organisation des Jeux Olympiques pour renforcer leur poids géopolitique et leur capacité d’influence. L’organisation des grands événements sportifs mondiaux est devenue un véritable instrument de soft power.

D’autres raisons peuvent néanmoins pousser une ville à candidater à l’organisation des Jeux Olympiques. Accueillir un tel événement peut par exemple lui permettre d’accélérer certains projets de réaménagement urbain ou de développement des infrastructures. Cela peut également aider une ville à accroître significativement sa fréquentation touristique. Lors de l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble en 1968, la France a cherché à se positionner comme une nation à l’avant-garde de la technologie avec par exemple, pour la première fois, la retransmission TV en couleur des différentes compétitions. Cet événement a permis à la France de montrer au monde entier son savoir-faire technologique.

Les enjeux d’image priment-ils sur les considérations économiques ?

Bien sûr ! Qui ose encore dire aujourd’hui que l’organisation des Jeux Olympiques est rentable pour une ville hôte ? Plus aucun acteur sérieux n’ose soutenir une telle théorie. Au début des années 90, en France, on tenait encore ce discours. Notamment lors de l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville. On faisait alors croire que « les jeux vont payer les jeux ». Sauf qu’au final, il a fallu combler le déficit du COJO. Les coûts organisationnels liés à la construction des différents équipements sont trop importants pour être rentabilisés sur deux semaines d’événement.

Par ailleurs, le calcul de la rentabilité de tels événements fait régulièrement débat. Que doit-on inclure dans les coûts ? Faut-il se limiter aux investissements consentis pour construire les édifices chargés d’accueillir les athlètes, médias et les différentes compétitions ? Ou doit-on également prendre en compte les importants projets de réaménagement urbain et nouvelles voies de transport ?

La question est également pertinente pour les recettes. Concernant les revenus directement générés par l’événement, ils sont essentiellement captés par… le CIO ! Même s’il en redistribue une partie au COJO, il perçoit la quasi-intégralité des revenus de droits TV, de billetterie et de sponsoring liés à l’événement. Et concernant les revenus indirects, notamment liés au tourisme, ils sont souvent exagérés. Par exemple, on ne tient pas toujours compte des effets d’éviction. Paris fait déjà partie des principales destinations touristiques au monde. Les JO permettront-ils à la ville d’accueillir des touristes additionnels ? Le doute est permis. A Londres, lors des Jeux Olympiques de 2012, les commerçants et les hôteliers ont été très déçus des retombées. Elles ont été inférieures aux attentes mais également à la fréquentation traditionnellement enregistrée lors d’un mois de juillet dans la capitale britannique !

Au-delà de la rentabilité purement économique, il ne faut pas occulter les sujets liés au rôle social des Jeux Olympiques. Accueillir un tel événement peut permettre à une ville et à un pays tout entier de lancer une réelle dynamique en matière de politique sportive. Malheureusement, en France, ce mouvement n’est pas encore réellement perceptible autour des Jeux Olympiques de 2024.

L’organisation des Jeux Olympiques constitue également pour une ville hôte une excellente occasion pour entamer d’importants projets d’aménagement du territoire dont les effets et retombées seront durables pour son développement économique. Quelle ville peut être citée en exemple sur cet aspect ?

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