Pierre Ferracci - Paris FC
Interview

P. Ferracci : « La montée en Ligue 1 à court terme est un réel objectif pour le Paris FC »

Photo Icon Sport

Ces dernières années, le Paris FC n’a cessé de gagner en maturité dans son fonctionnement et organisation en y accueillant notamment de nouveaux actionnaires ou encore en inaugurant de nouvelles infrastructures à Orly. Une évolution qui se traduit par de bons résultats sur les terrains : le club parisien s’est progressivement installé dans la première partie de tableau de Ligue 2 au cours des dernières saisons. Mais ce dernier ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le Paris FC aspire à évoluer prochainement en Ligue 1. A quelques heures du début du championnat de Ligue 2 BKT, Pierre Ferracci, Président du Paris FC, fait le point pour Ecofoot.fr sur les ambitions et la stratégie de développement de son club. Entretien.

Quelles sont les ambitions sportives du Paris FC en cette saison 2023-24 ? Le club vise-t-il la montée en Ligue 1 ?

On ambitionne clairement d’évoluer en Ligue 1 d’ici deux saisons. Dès cet exercice 2023-24, nous souhaitons accrocher l’une des cinq premières places. Bien évidemment, parmi ces cinq places, il y en a deux qui sont plus sympathiques que les autres (rires). On aimerait à minima retrouver les play-offs que nous avons déjà disputés à trois reprises par le passé.

Maintenant, on sait que la compétition sera rude. D’’autres clubs s’inscrivent dans cette logique d’accéder rapidement à la Ligue 1. On retrouve notamment Bordeaux ou Saint-Etienne. Caen sera sans doute aussi un candidat. Sans oublier les clubs descendus de Ligue 1 l’an dernier. Enfin, comme d’habitude, on aura sûrement droit à une surprise qui viendra bousculer les rapports de force. Néanmoins, la montée en Ligue 1 à court terme est un réel objectif pour le Paris FC.

Concernant votre équipe première féminine, quels objectifs avez-vous fixés ?

Nous voulons conforter notre troisième place dans la hiérarchie. Nous avons terminé sur le podium de D1 Arkema ces deux dernières saisons. On doit s’inscrire dans cette continuité. En parallèle, nous aimerions aussi nous qualifier pour la phase de groupes de Women’s Champions League. Mais nous n’avons pas été gâtés par le tirage au sort car il faudra sûrement éliminer Arsenal pour atteindre cette phase. (ndlr : le Paris FC affrontera d’abord les Ukrainiennes du FC Kryvbas lors du 1e tour).

Nous disposons d’un effectif de qualité avec une campagne de recrutement judicieuse. Nous avons ainsi les moyens de conserver notre rang en D1 Arkema. Le premier objectif sera de se qualifier pour la nouvelle phase de play-offs qui sera introduite en cette saison 2023-24. Cette nouvelle formule permettra peut-être de bousculer un peu plus le duo de tête à savoir l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain.

On nourrit ainsi de belles ambitions pour nos deux équipes premières. A nous de tout mettre en œuvre pour les satisfaire.

Quel sera le budget de fonctionnement du Paris FC pour l’exercice à venir ? L’arrivée de nouveaux actionnaires au cours des dernières années permet-elle au club de bénéficier de nouveaux moyens ?

Notre budget pour cette saison est de 24 m€. C’est à mon sens un budget suffisant pour répondre aux ambitions que nous venons d’évoquer. Nous sommes parvenus à renforcer les fonds propres du Paris FC au cours des trois dernières saisons. Dans le football, tout ne se joue pas au niveau financier, loin de là, mais c’est tout de même un peu le nerf de la guerre.

« Le budget du Paris FC pour cette saison 2023-24 est de 24 m€ »

Le Paris FC sera privé du stade Charléty lors de ses quatre premières réceptions en Ligue 2 BKT. Est-ce un gros handicap à vos yeux ?

En effet, nous allons organiser nos quatre premiers matches « à domicile » à Troyes. Je dis souvent en plaisantant que c’est une conception assez large du Grand Paris !

Plus sérieusement, nous sommes satisfaits des travaux à Charléty avec la pose d’une nouvelle pelouse hybride. Mais nous aurions préféré une programmation mieux maitrisée pour qu’on ne soit pas obligé de s’exiler à Troyes jusqu’au début du mois d’octobre ! Pour ainsi dire, on va finalement jouer nos 9 premiers matches à l’extérieur. Même si on aura le sentiment de recevoir à Troyes, tous nos fidèles habitués de Charléty ne pourront se rendre jusqu’au stade de l’Aube. On va s’efforcer d’accompagner au maximum nos supporters en leur facilitant la vie pour venir à Troyes. C’est un handicap qu’on va chercher à transformer en force via une mobilisation générale derrière le club. On espère sortir de cette première série d’une dizaine de matches en étant tout de même bien classé.

Le club a beaucoup investi dans ses infrastructures au cours des dernières saisons avec notamment l’inauguration du Groupe ADP – Centre d’entrainement Paris FC en 2019 à Orly. Ces nouvelles infrastructures permettent-elles au club de franchir un cap au niveau sportif et économique ? Êtes-vous également satisfait des résultats en matière de formation ?

Ce qui se passe à Orly est pleinement satisfaisant. Les conditions d’entrainement des deux équipes premières et de fonctionnement du centre de formation me satisfont. Il n’y a qu’à voir la forte représentation du Paris FC au sein des différentes sélections nationales de jeunes. Lors du dernier EURO féminin U19, 5 joueuses du Paris FC étaient alignées en demi-finale face à l’Allemagne !

« Nous allons présenter un premier projet de rénovation du stade Charléty à la Mairie de Paris à la rentrée prochaine »

En revanche, nous sommes un peu moins satisfaits des installations au stade Charléty. Il est possible de monter en Ligue 1 avec ce stade en l’état. En revanche, il ne sera pas possible de s’y maintenir durablement s’il ne connait pas des modifications profondes à l’avenir. Il ne respecte pas le niveau de standing d’un club de l’élite du football professionnel.

Nous allons présenter un premier projet à la Mairie de Paris à la rentrée prochaine. On veut proposer une rénovation qui soit compatible avec les besoins du Paris Université Club, l’autre club résident de l’enceinte. C’est important d’anticiper de tels projets pour pouvoir se projeter sereinement dans l’avenir. C’est le principal chantier pour demain et on va tenter d’accélérer la réflexion à ce sujet.

Le Paris FC est-il devenu un club attractif aux yeux des sponsors / annonceurs ?

Oui, c’est clairement le cas. Preuve en est : nous enregistrons l’un des plus importants – si ce n’est le plus important – chiffre d’affaires de sponsoring de Ligue 2. La marque Paris attire les entreprises et nous portons un projet ambitieux. Nous parvenons à réunir à la fois des entreprises internationales et de grands groupes français qui nous suivent depuis longtemps. Dans notre portefeuille de sponsors, on retrouve notamment Vinci, ADP, Aésio mutuelle… L’attractivité du Paris FC est forte !

Toutefois, dans notre développement, nous sommes à nouveau freinés par le stade Charléty. Il faudra songer à une modification en profondeur de l’infrastructure pour notamment reconfigurer les espaces d’hospitalités. Lors des Mondiaux de para-athlétisme dernièrement organisés à Charléty, les organisateurs avaient mis en place des structures dans les virages pour y accueillir du public. On va se nourrir de cette expérience pour faire des propositions à la Mairie de Paris. Le développement de nos revenus B2B en jour de match deviendra un sujet essentiel si nous connaissons le bonheur d’accéder à la Ligue 1 prochainement.

Le Paris FC encaisse désormais près de 7 m€ de revenus de sponsoring par saison soit l’un des plus importants montants de Ligue 2 BKT. Photo : Icon Sport

Le Paris FC a-t-il un plan pour développer ses revenus B2C issus notamment de la billetterie et du merchandising ?

Sur un plan stratégique, nous voulons rendre le football professionnel à Paris encore plus accessible. L’objectif est d’attirer plus de monde à Charléty via le spectacle offert sur la pelouse mais aussi à travers des innovations qui viendront enrichir l’expérience spectateur. On doit se montrer innovant y compris en matière de tarification.

Attirer plus de monde au stade Charléty ne passe pas exclusivement par une modernisation de l’infrastructure en tant que telle. On doit aussi travailler sur l’expérience offerte aux spectateurs, pendant mais aussi autour du match. On veut faire en sorte que l’expérience soit plus large qu’un match de football. Même si cela reste bien évidemment la composante essentielle de la fan expérience. On mènera des premiers tests dès qu’on retrouvera Charléty à partir du mois d’octobre prochain.

Comment cherchez-vous à renforcer globalement la marque Paris FC ?

On ne cesse de développer notre empreinte numérique notamment sur les réseaux sociaux. Nous sommes déjà bien placés en termes de taille des communautés et d’engagement. Nous avançons vite sur nos projets numériques et c’est très bien.

Le renforcement du rayonnement du club passera aussi par la mise en place de nouvelles expériences à destination de nos communautés. Par exemple, on souhaiterait que nos supporters côtoient encore plus facilement nos joueurs, à Orly ou à Charléty. On veut fédérer encore davantage autour du club. Nos ultras nous soutiennent depuis tant d’années ! Ils s’inscrivent toujours dans une démarche positive. Le club entretient des relations de qualité avec ses plus fervents supporters. On veut aussi renforcer la dimension spectacle autour de nos matches pour que tous nos spectateurs à Charléty apprécient l’expérience et aient envie de revenir au plus vite.

Dans sa stratégie d’ancrage territorial, le Paris FC vise-t-il spécifiquement certaines parties de l’Ile-de-France ?

C’est toujours difficile de répondre à une telle question. Historiquement, c’est vrai, le Paris FC est un club de l’est et du sud-est de l’Ile-de-France. Une portion significative de nos jeunes joueurs mais aussi de nos spectateurs proviennent de cette partie de la région francilienne. Mais notre objectif est de rayonner sur l’intégralité du Grand Paris.

« Par rapport au PSG, de notre côté, il faut surtout qu’on parvienne à se distinguer en matière d’image plutôt que de territoire »

Pour les initiés, le Paris Saint-Germain est plutôt identifié comme un club de l’Ouest parisien. On note d’ailleurs une surreprésentation des Hauts-de-Seine et des Yvelines dans ses communautés franciliennes. Pourtant, aujourd’hui, le PSG est perçu comme le club de Paris sans distinction.

Par rapport au PSG, de notre côté, il faut surtout qu’on parvienne à se distinguer en matière d’image plutôt que de territoire. Nous avons des facteurs différenciants. On en a évoqué quelques-uns lors de cette conversation. Dont notamment celui de rendre le football professionnel accessible à Paris. A nous de capitaliser dessus pour rayonner sur l’intégralité du Grand Paris.

Aujourd’hui, le Paris FC réunit-il tous les ingrédients pour s’imposer durablement comme le deuxième club de football d’Ile-de-France ?

Notre deuxième place est déjà incontestable. Nous jouons le haut du tableau de Ligue 2 depuis plusieurs saisons. Notre équipe féminine s’est installée juste derrière les deux ogres de D1 Arkema. Nous disposons d’un centre de formation très performant. Notre équipe U21 vient de remporter le prestigieux tournoi européen de Ploufragan en battant l’ASSE en finale.

Désormais, pour que cette deuxième place ait plus d’impact et de visibilité auprès de la population francilienne, il faudrait que notre équipe première masculine évolue en Ligue 1. C’est la dernière étape à franchir. Accéder à la Ligue 1, cela permettrait d’organiser ce vrai derby face au Paris-Saint-Germain que toute la région attend ! C’est le grand objectif qu’on se fixe dans les deux ans qui viennent. On va tout mettre en œuvre pour y arriver.

Etude de cas à lire sur Ecofoot


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