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R. Molina : « Ce qui m’intéresse, c’est d’écrire « autour » du football »

cavani interview romain molina
CP DC Press / Shutterstock.com

A l’occasion de la sortie chez Hugo Sport, de Cavani, El Matador, Romain Molina nous a reçus pour une interview. L’occasion pour Ecofoot.fr de revenir sur son travail et le choix du buteur uruguayen comme sujet d’une biographie hors norme. Propos recueillis par Jean-Baptiste Guégan et Guillaume Monteiro.

Romain, pourquoi avoir choisi ce joueur comme sujet pour une nouvelle biographie ?

Après mon premier livre sur Unai Emery, mon éditeur m’a soumis l’idée de Cavani. Au début je me suis dit : « encore une biographie, encore sur le PSG… », et je n’avais pas envie d’être catalogué. Mais je me suis quand même penché dessus pour voir s’il y avait matière à creuser, et considérer la chose avant de donner ma réponse. J’ai passé quelques appels pour voir ce qu’on me disait de lui et si c’était un « boludo » (un imbécile) comme on dit. Et la première chose qu’on m’ait dite c’est que c’était un gars mystérieux. D’ailleurs c’est vrai, personne ne le connaît. Ce fut l’une de mes motivations.

Tu dis souvent avoir écrit un livre « autour » de Cavani et non pas « sur » Cavani, pourquoi ?

Ce qui m’intéresse, c’est d’écrire « autour » du football. Je lis beaucoup de littérature footballistique comme Philippe Auclair, Michael Calvin ou encore Rorie Smith. Ils m’influencent. Le niveau de leurs exigences est aussi un moteur, une exigence très différente de ce que l’on retrouve chez nous. Souvent chez les Britanniques, les livres tournent « autour » du football. Ce dernier n’est qu’un prétexte pour aborder au travers d’un prisme socio-culturel, historique, économique ou même politique, un pays.

Pour moi, c’est une sensibilité et une volonté affichée.

D’ailleurs les premiers chapitres tournent beaucoup autour de ce que sont l’Uruguay, les Uruguayens, et de la manière dont ils s’imprègnent du football. Autant de choses que nous n’avons pas forcément dans des biographies classiques…

C’est là que la volonté d’écrire autour de Cavani est clairement affichée. Après un prologue, assez facile à lire pour pouvoir développer sur l’Uruguay ensuite, les premiers chapitres sont assez courts.

J’ai misé sur une lecture dynamique afin d’être accessible pour des personnes qui n’ont pas forcément le goût de la lecture.

Je me suis quand même demandé si l’éditeur serait d’accord sur tout. Je peux prendre l’exemple de Pedro Cribari au début du livre, fondateur du magazine uruguayen Túnel. On parle de lui, de son magazine, de sa vie pendant la dictature et de beaucoup d’autres sujets sans forcément de lien avec le football. Beaucoup d’éditeurs m’auraient sûrement dit que cela s’éloignait trop du football et de Cavani. Mais il ne faut pas prendre les supporters pour des idiots.

[clickToTweet tweet= »‘Il y a une envie de valoriser le lecteur’ @Romain_Molina » quote= »Il y a une envie de valoriser le lecteur » theme= »style1″]

Ce livre peut s’adresser à tout type de public. Il y a une envie de valoriser le lecteur.

 On sent que tu as une manière totalement différente d’aborder ton sujet. On songe notamment à la biographie très romancée de Zlatan. As-tu eu des modèles pour écrire ainsi ?

Je pourrais citer Duncan Hamilton qui a fait cette biographie incroyable de George Best (Immortel George Best), Michael Calvin (Living on the volcano), Side Lowe (Fear and Loathing in La Liga : Barcelona vs Real Madrid), James Montague (Thirty-One Nil : On the Road With Football’s Outsiders) et bien d’autres. Beaucoup de britanniques évidemment constituent des références pour moi.

Il y a aussi le livre de Marti Perarnau sur Guardiola (Pep Guardiola : la métamorphose). Son intimité avec le sujet et sa profondeur sont assez bluffantes.

Je lis environ un livre de foot par semaine, j’ai une sacrée collection qui traite de tous les sujets. Je ne me compare pas à eux bien sûr mais en les lisant, tu t’ouvres, tu analyses et tu t’inspires. En France, c’est différent en termes d’édition, que ce soit au niveau du temps consacré, de la capacité financière et parfois de l’exigence. Malheureusement.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Guégan et Guillaume Monteiro

L’ouvrage Cavani, El Matador écrit par Romain Molina est disponible sur Amazon

Ne ratez pas la deuxième partie de l’interview qui sera publiée demain, en début de matinée !

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