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R. Molina : « L’écriture, c’est le seul moment où j’ai vraiment une impression de liberté »

interview romain molina métier écrivain
Vlad1988 / Shutterstock.com

Ecofoot.fr publie aujourd’hui la deuxième partie de l’interview accordée par Romain Molina, à l’occasion de la sortie de son dernier livre, Cavani, El Matador. Dans cette deuxième partie, Romain Molina revient sur sa propre conception du métier d’écrivain de sport. Propos recueillis par Guillaume Monteiro et Jean-Baptiste Guégan.

Qu’est-ce qui t’a poussé à écrire, à passer le cap de la rédaction d’un manuscrit ?

C’est Bertrand Pirel (directeur Hugo Sport) qui m’a contacté pour la première fois. Mon premier livre, Galère Football Club sorti il y a plus de deux ans maintenant, c’est plus son idée que la mienne. On n’en a pas vendu beaucoup mais franchement 2 500 ventes pour un livre sans tête d’affiche et qui montre le côté négatif du foot, ce n’est pas si mal. C’était assez risqué et je remercie Bertrand Pirel, mon éditeur, pour cela.

L’écriture, c’est le seul moment où j’ai vraiment une impression de liberté, de pouvoir faire ce que je veux. Et vu que j’aime aller au fond des choses…

Mon objectif serait d’être un auteur international. Le livre sur Unai Emery doit bientôt être traduit en espagnol, celui sur Edinson Cavani le sera certainement aussi. Je pense que ces ouvrages ont l’exigence pour être traduit à l’étranger.

Mais je veux garder mes idéaux, je ne ferai jamais un livre pour faire un livre. Il faut un but derrière. Ce n’est pas juste un moyen de gagner ma vie c’est aussi un moyen d’être, dans le sens de l’épanouissement littéral.

Aujourd’hui te vois-tu davantage comme écrivain ou journaliste ?

Je me vois faire du journalisme, mais ne pas être journaliste. Je pense qu’on peut faire du journalisme sans être journaliste, et la réciproque est vraie.

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Tu parles notamment au niveau du travail de recherche et d’investigation ?

Oui notamment. Pour moi, un journaliste doit avoir un certain recul sur les choses sinon c’est compliqué. Prendre de la hauteur et remettre en perspective, c’est important. Ce livre c’est quelque chose que j’ai dû bâtir donc pour moi. C’est un travail journalistique. Après chacun a sa définition du journalisme.

Écrivain, honnêtement, je ne me considère pas comme tel. Je me vois plutôt comme un conteur d’histoires au coin du feu, que ce soit de manière orale dans mes vidéos ou écrite dans mes livres. J’essaie ainsi de mettre en scène. Ce livre sur Cavani, je ne raconte pas l’histoire moi-même, je la mets en scène.

Lorsque tu interroges un témoin pour une biographie, tu dresses toujours une barrière entre ton sujet et la vie privée de ton interlocuteur. Par exemple avec Elias Figueroa, l’ancien footballeur international chilien, tu ne parles pas de son problème d’alcool. Où situes-tu la limite ?

Souvent, tu la sens. Tu dois être un minimum humain et psychologue. Pour l’exemple d’Elias Figueroa, il faut s’imaginer ce que c’est que de tomber vraiment dans l’alcool. Je ne pouvais pas lui rappeler ça, réveiller ses mauvais souvenirs.

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Quand je fais un entretien, je ne recherche pas l’émotion à tout prix. J’écoute. Si tu recherches ça, tu orientes la chose. Il y a parfois un côté voyeuriste qui me choque. Cela me parait tellement normal que je ne comprends pas que certains veuillent s’immiscer dans la vie privée à tout prix.

Pourrais-tu écrire sur une personne que tu n’apprécies pas ? Parce que l’on sait qu’il faut tout de même un certain feeling avec un sujet pour écrire… Par exemple sur Pini Zahavi serait-ce imaginable ?

Avec Zahavi, c’est différent. Même si je n’ai aucun feeling avec le personnage, j’ai un feeling envers la vérité. Et cela l’emporte sur toutes les considérations idéologiques.

Là on m’a proposé d’écrire sur Zidane en tant que coach. Je suis face à un dilemme car j’ai besoin de continuer à écrire pour gagner ma vie. Je ne sais pas si je vais le faire, parce que les gens ne veulent pas parler. Il y a comme une omerta autour de Zidane. Et je ne ferai pas un livre pour remplir.

Le livre sur Edinson Cavani, c’est combien de jours de travail ?

4 à 5 mois, dont un mois et demi d’écriture et le reste pour les témoignages. Mais dans le cas de ce livre, j’ai presque abusé, près de 100 témoignages… Pour Unai Emery, c’était 3 mois.

Je pourrais écrire un livre en un ou deux mois mais en me contentant du minimum. Et je serais une “belle ordure” si je faisais ça.

Tu as cherché des sources directes sans te contenter des fonds de presse que tu aurais pu compiler comme cela peut se faire ailleurs.

Oui, c’est effectivement ce qui se fait souvent. Des journalistes ou autres auraient pu me parler de Cavani à Naples en me racontant sa façon de jouer. Mais ce n’est pas ma façon de faire.

Peut-être qu’un joueur qui a joué avec Cavani va me dire la même chose mais ça n’aura pas le même impact pour moi. Je préfère le témoignage d’un réserviste à Naples mais qui s’entraînait tous les jours avec lui plutôt qu’une personnalité plus connue mais qui n’était pas là en même temps. C’est la légitimité de la personne.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Guégan et Guillaume Monteiro

L’ouvrage Cavani, El Matador écrit par Romain Molina est disponible sur Amazon

Pour (re)lire la première partie de l’interview : https://www.ecofoot.fr/interview-romain-molina-ecriture-football-2716/

Ne ratez pas la troisième partie de l’interview qui sera publiée lundi, en début de matinée !

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