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La MLS peut-elle devenir une ligue « majeure » ?

Photo SUSA / Icon Sport

Le site Sportico a publié récemment le classement mondial des 50 clubs de football les plus « chers ». De façon un peu surprenante c’est le championnat américain, la MLS, qui place le plus d’équipes dans la liste. En effet, même si leur valeur globale est loin de celle des grands d’Europe – les clubs américains ne se situant qu’au-delà de la quinzième place – pas moins de 18 franchises apparaissent dans le classement. Cette liste confirme un autre classement récent, celui de Forbes, qui valorise – hors biens immobiliers – les franchises de MLS à près de 600 millions de dollars en moyenne (550 m€), le Los Angeles FC étant le plus cher, estimé à un milliard de dollars. Sur les 15 dernière années, l’inflation a été particulièrement forte, le prix d’un club étant multiplié par 16 en moyenne. Même si on est très loin des valeurs des franchises des ligues majeures américaines – un club de football américain est estimé en moyenne à près de 4,5 milliards de dollars (4,1 Mds€) – le soccer aux États-Unis serait-il en train de devenir une ligue économique « majeure » dans le monde du football ? Note d’analyse de Richard Duhautois et Luc Arrondel, Economistes-Chercheurs au CNAM et au CNRS.

La Major League Soccer (MLS) a permis au football professionnel nord-américain de renaître douze ans après la faillite de la North American Soccer League (NASL) en 1984. La NASL a vu le jour en 1968, deux ans après la Coupe du monde en Angleterre qui a connu un succès d’audience aux États-Unis. Après des débuts difficiles, le championnat décolle économiquement au milieu des années 1970. C’est à cette époque, en 1975, que Pelé, la star brésilienne, signe pour l’équipe des New York Cosmos suivi par de nombreuses autres stars internationales : George Best, Johan Cruyff, Eusebio, Gerd Muller… Au début des années 1980, alors que les affluences ne progressent plus – moins de 15 000 supporters en moyenne – et que les clubs doivent payer de gros salaires, nombre de franchises font faillite et ne reprennent pas le championnat qui n’y survivra pas.

Le football au pays du football américain : un rapport difficile

La première décennie de la MLS fut décevante en matière d’affluence et d’audiences et il a fallu attendre le milieu des années 2000 pour la voir décoller, l’essentiel des revenus de la MLS provenant en effet des guichets – 80% en 2016. Au-delà de la politique volontariste de la MLS et de son commissaire, Don Garber, pour développer économiquement le championnat – politique d’expansion du championnat, maintien de l’équilibre compétitif, stades dédiés au football, entretien de rivalités, développement de la ligue dans les zones hispaniques, soutien au football féminin… – certains changements dans la société américaine ont également pu contribuer à expliquer ce nouvel attrait pour le football : évolution du rôle de la femme dans la société, forte immigration hispanique, diffusion de la culture des banlieues, mondialisation économique, multiplication des supports de communication, internationalisation des sportifs des ligues majeures – à l’exception du football américain… De plus, plutôt que la Coupe du monde 1994, c’est celle de 2002, avec notamment le bon parcours de l’équipe masculine américaine et sa forte médiatisation, qui a donné l’impulsion à ce nouvel engouement des Américains pour le ballon rond que les performances récurrentes de l’équipe nationale féminine avaient vraisemblablement initié.

Luc Arrondel et Richard Duhautois sont auteurs de l’ouvrage L’Argent du Football vol.2 – L’Amérique du Nord

Contrairement à une antienne, il existe donc bien une certaine culture du football en Amérique mais elle diffère de celle d’autres pays : la difficulté des ligues professionnelles à y survivre en est la principale particularité. Mais la MLS mise à part, le ballon rond est largement représenté dans tout le pays : de nombreux jeunes Américains jouent au football à l’école ou au collège ; le football féminin américain, largement pratiqué, est l’un des plus performants au monde ; le football en salle est très développé ; les ligues mexicaine, anglaise et espagnole sont largement diffusées ; enfin, les compétitions internationales – Coupe du monde, Ligue des champions – sont très suivies. Mais cette culture a du mal à se « généraliser », notamment dans les médias.

Le modèle économique de la MLS : une « utopie » socialiste

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