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OL : un modèle financier singulier en Ligue 1

OL modèle financier singulier
Cecile Creiche / Shutterstock.com

En décidant de construire son propre stade, l’Olympique Lyonnais a considérablement fait évoluer son modèle économique et sa structure financière au cours des dernières années. Jusqu’à mettre en place un modèle de développement unique en Ligue 1. Ce que met en évidence l’évolution de son bilan comptable. Par Bastien Drut.

La construction du Groupama Stadium marque un événement dans le football français. Effectivement, cela a été la première fois qu’un grand club français a fait construire son propre stade tout en devenant propriétaire de son outil de production. Cette réalisation n’a pas été simple. La construction du stade a d’abord été perturbée par un certain nombre de recours juridiques. D’un point de vue financier, l’opération a été complexe surtout en raison de la taille de l’opération : le stade aurait coûté aux alentours de 380 millions d’euros (coût de construction, frais de maitrise d’ouvrage, acquisition du foncier, études et honoraires), une somme très importante lorsque l’on considère que le chiffre d’affaires de l’Olympique Lyonnais tournait autour de 100 à 150 millions d’euros avant l’inauguration du stade.

Il a donc fallu trouver des sources de financement externe importantes. L’introduction en Bourse de l’OL Groupe en février 2007 avait permis de lever 89 millions d’euros et avait explicitement été réalisée dans la perspective de la construction d’un stade. L’OL a ensuite émis des obligations convertibles en actions (OCEANE) puis des obligations classiques et a emprunté auprès de banques afin de financer la construction du stade.

Fin 2016/début 2017, l’arrivée d’IDG European Sports Investment (investisseur chinois) a permis d’engranger 100 millions d’argent frais via une augmentation de capital. Cela a mécaniquement abaissé l’endettement net du club. Comme l’indique le rapport financier 2017 d’OL Groupe, l’arrivée d’IDG a facilité les négociations pour le refinancement de la dette, qui est intervenue en 2017. Cette opération de refinancement a permis d’allonger la maturité de la dette et d’alléger les charges de dette : le taux d’intérêt moyen payé sur la dette est actuellement de 4,3% contre 6,5% avant l’opération de refinancement.

Au final, le bilan d’OL Groupe ne ressemble à aucun autre en Ligue 1 car les « immobilisations corporelles » (essentiellement le stade) s’élevaient à 399 millions à la fin de la saison 2017-2018. Comme nous l’avons montré dans un article précédent, cela a permis à l’OL de diversifier ses revenus « stade. » En contrepartie, la dette financière – qui a financé la construction du stade – d’OL Groupe est également nettement plus importante que celle de ses concurrents français : elle a culminé à un peu plus de 300 millions d’euros à la fin de la saison 2015-2016 puis a baissé suite à l’augmentation de capital liée à l’arrivée d’IDG. L’endettement net (dettes financières moins trésorerie) est ainsi passé de 13 millions pour la saison 2011-2012 à 222 millions pour la saison 2017-2018. La structure économique de l’Olympique Lyonnais est donc complètement à part dans le sport français.

Bastien Drut est l’auteur de l’ouvrage Mercato : L’économie du football au XXIème siècle

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