Dénonçant régulièrement un phénomène de gentrification des tribunes des enceintes de certains clubs européens, la fondation Jean Jaurès milite pour un spectacle footballistique accessible à tous. Lors de cet entretien accordé à Ecofoot.fr, Richard Bouigue, Codirecteur de l’observatoire Sport et Société de la Fondation Jean Jaurès, et Pierre Rondeau, Chroniqueur spécialisé dans l’économie du sport à RMC Sport, mettent en garde contre certaines dérives visant à réserver le spectacle footballistique de haut niveau à une certaine classe tout en formulant des propositions pour préserver l’ambiance des stades et favoriser la mixité sociale.
Dans différents articles publiés récemment, vous avez pointé du doigt un phénomène de « gentrification des tribunes » sévissant au sein du football professionnel français. Pourtant, de nombreux clubs semblent vouloir maintenir une tarification basse – notamment dans les virages – pour conserver une bonne ambiance au stade et ne pas déplaire aux groupes de supporters. Ce phénomène de gentrification n’affecte-t-il pas qu’une poignée de clubs de L1 ?
La question qu’il faut se poser n’est pas de savoir si le foot français se tourne vers une gentrification à marche forcée ou s’il parvient, tel un village d’irréductibles gaulois, à faire face à l’envahisseur, mais plutôt de s’assurer que tout est mis en œuvre aujourd’hui pour faire face à cette menace.
En Angleterre, dès les années 1990, une politique sécuritaire couplée à une logique de rentabilité financière a conduit à une augmentation considérable du prix des places et des abonnements : on parle d’une hausse de plus de 1 150% sur 20 ans dans certains stades de Premier League. Le peuple a été relégué, exfiltré, renvoyé à assister aux rencontres dans les pubs anglais ou à la maison, remplacé par un nouveau public feutré et aseptisé. Est-ce vraiment cela que nous voulons ?
