Alors que le taux de syndiqués au sein de la population française est de l’ordre de 8%, il frise les 94% au sein du football professionnel français. Ce taux exceptionnellement haut est la résultante d’un modèle de cogestion instauré par la LFP.
Le taux de syndiqués au sein du football professionnel français se situe aux alentours de 94%. Et il atteint le même niveau pour tout type de profession : joueurs (UNFP), patrons (UCPF), entraineurs (UNECATF), personnel administratif ou encore arbitres et médecins de club. Toutes les corporations possèdent un niveau de syndicalisation incroyablement haut par rapport à l’ensemble de la société française.
Ce niveau élevé de syndicalisation est encouragé par la Ligue de Football Professionnel qui souhaite mettre en application le modèle de la cogestion qui fonctionne si bien au sein du tissu industriel allemand. Quand la LFP s’adresse aux différents syndicats, elle préfère que ces organisations représentent une grande majorité de la population concernée pour avoir un avis fiable sur les sujets.
Ce projet de cogestion a permis au monde du football professionnel français de rester uni face à divers projets. Ainsi, la dernière grève au sein du football professionnel remonte à novembre 1972. L’UNFP (syndicat des joueurs) avait appelé à la grève face au refus des dirigeants de club d’appliquer les accords discutés en 1969 sur la durée des contrats. Récemment, face au projet de la taxation à 75%, l’ensemble du football professionnel français s’est uni derrière le patron de la LFP pour protester contre cette taxe. Cette mise au diapason rapide a été possible grâce aux soutiens des différents syndicats et à l’organisation collégiale de la LFP.
Comment la LFP a favorisé le syndicalisme ?
Pour favoriser un haut niveau de syndicalisme, la LFP a mis les moyens. Ils sont tout d’abord d’ordre financier avec la distribution de près de 10 millions d’euros aux différentes organisations syndicales. Cela représente près de 1,5% du budget total de la LFP (700 millions d’euros) pour le développement des différents syndicats.
Sur l’enveloppe de 10 millions d’euros, 6 955 000 € sont alloués à l’UCPF. Le syndicat des joueurs regroupe 75% des syndiqués du milieu du football professionnel. 1 722 000 € sont attribués à l’UCPF, union syndicale patronale. 838 000 € sont distribués à l’UNECATEF (syndicat des entraineurs) ; 230 000 € au syndicat du personnel administratif ; 70 000 € aux syndicats défendant les intérêts des arbitres et enfin 30 000 € aux syndicats du staff médical des clubs.
En plus de moyens financiers, les représentants des syndicats ont un vrai poids au sein du conseil d’administration de la Ligue. Ils possèdent 7 sièges sur 25. Les 7 sièges sont répartis de la manière suivante : 2 sièges pour l’UNFP (occupés par Sylvain Kastendeuch et Jean-Jacques Amorfini), 2 sièges pour le syndicat des entraineurs (réservés à Raymond Domenech et Pierre Repellini), 1 siège pour le syndicat des arbitres (représenté par Damien Ledentu), 1 siège pour le syndicat du personnel administratif et 1 siège pour l’association des médecins du club. En plus des 7 sièges, le président de l’UCPF (Jean-Pierre Louvel) possède également un siège. Les autres sièges sont occupés par des présidents de Ligue 1 et Ligue 2 (11 sièges au total) et par des personnalités qualifiées (5 sièges dont un siège dédié au président de la LFP). Enfin, un siège est accordé à un représentant de la FFF. Ainsi, les syndicats ont un vrai pouvoir en possédant 28% des voix (en excluant le siège accordé à l’UCPF).
Grâce à cette répartition des sièges, les différentes composantes du football professionnel français peuvent rapidement se réunir au sein du Conseil d’Administration de la LFP. Les désaccords peuvent y être débattus librement et une union sacrée peut être rapidement décrétée en cas d’attaque extérieure (ex : taxe à 75%). Ainsi, le personnel du football professionnel français a tout intérêt à être syndiqué car leurs intérêts y sont défendus dans les plus hautes sphères de la Ligue.
Malgré les différents débats qui agitent le football professionnel français, le modèle de cogestion instauré par la LFP permet de montrer au monde extérieur un visage unifié. Cependant, ce système possède également certains défauts. Le modèle de cogestion et le statut associatif de la LFP freinent voire empêchent la mise en place de réformes radicales telles que le passage d’une Ligue 1 à 18 clubs ou une modification de la redistribution des droits TV. Mais aujourd’hui, personne n’envisage de réformer en profondeur ce mode de fonctionnement…