Edinson Cavani est aussi mystérieux qu’il est efficace devant le but. Natif de Salto, l’international uruguayen demeure une énigme. A l’heure où il s’impose comme l’un des meilleurs attaquants du monde sous le maillot du Paris Saint-Germain, l’occasion était belle pour l’approcher autrement. Romain Molina s’en est chargé avec Cavani El Matador, son dernier livre sorti chez Hugo Sport.
Pour comprendre le numéro 9 du PSG, Romain Molina a adopté une stratégie particulière. Plutôt qu’une biographie classique, il a opté pour un portrait en creux. Son idée était de brosser de manière intimiste, le visage de l’attaquant parisien et son ambition était grande : saisir l’homme par l’entremise de ceux qui le connaissent et le racontent, plus que par la litanie de ses buts ou des clubs qu’il a fréquentés.
“Après mon premier livre sur Unai Emery, mon éditeur m’a soumis l’idée de Cavani. Au début je me suis dit : « encore une biographie, encore sur le PSG… », je n’avais pas envie d’être catalogué. Mais je me suis quand même penché dessus pour voir si il y avait matière à creuser, et considérer la chose avant de donner ma réponse. J’ai passé quelques appels pour voir ce qu’on me disait de lui et si c’était un « boludo » (un imbécile) comme on dit. Et la première chose qu’on m’ait dite c’est que c’était un gars mystérieux. D’ailleurs, c’est vrai, personne ne le connaît. Ce fut l’une de mes motivations” nous a ainsi expliqué Romain Molina, auteur de Cavani, El Matador.
Et force est de constater que la promesse est tenue : c’est Edinson qui pointe derrière Cavani, c’est l’amateur de nature et de chasse qui prime sur le serial buteur. Cavani, El Matador réalise donc le tour de force de proposer une cartographie intime et sensible d’un expatrié, fou de football passé par Danubio, Palerme, Naples ou Paris.
Le football, c’est plus que du football
“Ce qui m’intéresse, c’est d’écrire « autour » du football. Je lis beaucoup de littérature footballistique comme Philippe Auclair, Michael Calvin ou encore Rory Smith. Ils m’influencent. Le niveau de leur exigences est aussi un moteur, une exigence très différente de ce que l’on retrouve chez nous. Souvent chez les Britanniques, les livres tournent « autour » du football. Ce dernier n’est qu’un prétexte pour aborder au travers d’un prisme socio-culturel, historique, économique ou même politique, un pays” ajoute alors Romain Molina.
Tout aussi passionnante que soit cette approche biographique d’El Matador, l’auteur d’Unai Emery, El Maestro signe surtout un livre qui dépasse le simple cadre du ballon rond. Ainsi, nombreuses sont les digressions et mises en contexte qui inscrivent dans un cadre culturel étoffé, le propos tenu. Ce n’est pas Cavani le sujet, c’est l’Uruguay du football et la place qu’il y occupe au travers du parcours d’Edison. Assurément, une plaisante et très agréable surprise qui diffère du genre convenu de la biographie de footballeur.
Idéal pour les amateurs de l’Uruguayen, Cavani, El Matador dépasse son objet et voit donc plus loin que la ligne de but. Il embrasse un sujet plus vaste, l’humanité d’un joueur, la vérité d’un être et les étapes d’une vie de footballeur dans un pays semblable à aucun autre. Réussite pour les afficionados et les curieux, l’ouvrage laissera peut-être sur leur faim, les fans parisiens et ceux que le seul genre biographique tente.
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En tous cas, c’est assurément un livre que l’on peut s’empresser d’offrir à l’heure des fêtes avec le Mystère Bielsa de Romain Laplanche ou Larios, j’ai joué avec le feu de Bernard Lions tous deux récemment sortis chez Solar.
L’ouvrage Cavani, El Matador écrit par Romain Molina est disponible sur Amazon
Par Jean-Baptiste Guégan Follow @jbguegan
