Edito

Si nous voulons lutter efficacement contre le dérèglement climatique, tout le monde doit s’y mettre, y compris les acteurs du foot

urgence climatique football
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En cette période de canicule généralisée sur tout le territoire européen, de nombreux acteurs politiques, économiques et médiatiques mettent en garde contre les effets du dérèglement climatique. Face à l’urgence de la situation, Pierre Rondeau, Codirecteur de l’Observatoire Sport et Société à la fondation Jean Jaurès, appelle le monde du sport – et notamment du football – à prendre sa part de responsabilité pour faire bouger les lignes.

Mardi 7 août, on annonce la journée la plus chaude de l’année. Des températures dépassant souvent les 35 degrés sont annoncées un peu partout en France. A Paris, on devrait atteindre les 38 degrés pendant que dans le sud du pays, le seuil fatidique des 40 a déjà été dépassé depuis belle lurette.

Le dérèglement climatique est dorénavant une évidence, personne ne peut le nier. Les températures caniculaires se multiplient année après année, les catastrophes naturelles sont de plus en plus courantes aux quatre coins du monde et l’air pollué des grandes mégalopoles est devenu une norme quotidienne.

Les principaux climatologues ont depuis longtemps tiré la sonnette d’alarme. Si on ne fait rien rapidement, si on ne change pas drastiquement nos habitudes de vie et si on ne bouleverse pas maintenant notre vision des choses, on court tout droit vers la catastrophe.

D’après Jean Jouzel, vice-président du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), « dans la deuxième partie du siècle, on pourrait craindre des températures records de l’ordre de 50 degrés, voire 55 degrés sur l’Est de la France. On passe dans un autre monde ». Il est urgent de prendre des décisions.

Tous les acteurs doivent participer à ce changement, y compris les acteurs du football. Tout d’abord, c’est un impératif compétitif. Les excès de pollution et de température altèrent directement la performance des sportifs et contraignent leur carrière et leur pratique. Une étude allemande avait d’ailleurs montré que, toute chose égale par ailleurs, à situation météorologique égale, à température égale, à condition de jeu égale et quel que soit l’intérêt de la rencontre, plus le pic de pollution augmente, plus les performances des joueurs diminuent.

Ensuite, c’est un devoir démonstratif. Ils doivent donner l’exemple. Le football étant le sport le plus populaire du monde, suivi par des milliards de fans à travers le globe, les footballeurs sont des modèles à suivre pour toutes les générations. Rien qu’en France, où la finale de la dernière coupe du Monde a été vue par 26 millions de personne, il est clair que si la FFF et la LFP décidaient de mettre en avant l’écologie et l’environnement, beaucoup de choses pourraient être faites. Cela irait dans le sens du progrès et de la respectabilité.

Prenons le cas des Forest Green Rovers. Ce club de 4e division, en Angleterre, est depuis longtemps décrit comme « le plus écolo du monde » : stade en bois, pelouse certifiée bio, panneaux solaires, récupération de l’eau de pluie, cantine végan, etc. Cela doit devenir la norme.

Pourquoi ne pas imposer à la LFP une modification de sa classification et de sa critériologie dans l’obtention de la licence-club, sésame indispensable pour pouvoir jouer en ligue 1/ligue 2 ? Pourquoi ne pas exiger une véritable politique verte au sein des clubs ? Pourquoi ne pas demander à ce que toutes les équipes professionnelles obtiennent un label éco-responsable ?

Il ne faut pas privilégier l’écologie punitive, au risque d’en dégouter certain, il faut raisonnablement prendre conscience que les choses actuellement ne vont pas bien et que si on ne fait rien, on ne pourra pas revenir en arrière. Il faut acter une révolution écologique censée et pragmatique. Les clubs et tous les acteurs du foot doivent aller dans ce sens-là, montrer l’exemple et accepter l’évolution.

En d’autres termes, chacun doit faire sa part.

Par Pierre Rondeau  Codirecteur de l’Observatoire Sport et Société à la Fondation Jean Jaurès

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