La politique volontariste actuellement menée par World Rugby permet à la discipline de connaître une nette hausse de popularité dans de nouvelles régions du monde. Si le rugby accumule toujours un « retard de mondialisation » par rapport à certains concurrents – football, basket, athlétisme… – World Rugby semble être sur la bonne voie pour diffuser la pratique du ballon ovale dans de nouvelles régions. De quoi faire frémir les nations historiques du rugby mondial ? Carole Gomez, Chercheuse en Géopolitique du Sport à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et Auteure de l’ouvrage de référence Le rugby à la conquête du monde, nous livre ses analyses sur l’expansion internationale du rugby.
Alors que certaines fédérations internationales comptent plus de 200 associations affiliées (football, volley…), World Rugby ne rassemble aujourd’hui qu’un peu plus de 120 fédérations nationales. Comment expliquez-vous cet écart ? Pourquoi la pratique du rugby s’est mondialisée moins rapidement que celle du football ou du volley par exemple ?
En effet, c’est une caractéristique frappante de la discipline. A mon sens, deux raisons majeures expliquent cette différence notable entre le rugby et d’autres sports comme le football, le volley ou encore l’athlétisme, dont les fédérations internationales réunissent plus de… 210 associations nationales.
Premièrement, il ne faut pas oublier que la naissance de la principale compétition internationale de rugby à XV est une phénomène récent ! La première édition de la Coupe du Monde masculine n’a été organisée qu’en… 1987. A titre de comparaison, la FIFA venait d’organiser, à cette époque, sa 13ème Coupe du monde, la première ayant eu lieu en 1930. Bien sûr, des matchs internationaux avaient été organisés, des tournois continentaux existaient, mais la conception internationale du rugby à travers des compétitions organisées à l’échelle mondiale n’a qu’un peu plus de 30 ans.