Interview

« Grâce aux collectivités, le FBBP01 a évolué dès sa première saison de L2 dans un équipement validé par la LFP »

La nécessité d’entretenir de bonnes relations avec les collectivités locales constitue un élément indispensable au bon développement d’un club de football professionnel. C’est le cas notamment du club de Bourg-en-Bresse qui entretient d’excellentes relations avec les collectivités, lui permettant de bénéficier de bonnes installations pour ses premières années de professionnalisme. A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec Françoise Courtine, Maire Adjoint délégué aux sports de Bourg-en-Bresse, au sujet des efforts réalisés par les collectivités locales afin d’aider le FBBP01 à s’installer durablement au niveau professionnel.

Quels ont été les travaux de modernisation du stade Marcel Verchère initiés par Bourg-en-Bresse Agglomération lors de la montée du FBBP01 en Ligue 2 ?

A l’époque, c’est-à-dire à l’intersaison 2015, le stade était toujours géré par la municipalité. Il a été transféré à l’agglomération en 2016.

L’enjeu pour la ville était alors de moderniser le stade afin qu’il soit en conformité avec les normes imposées par la Ligue de Football Professionnel. L’enjeu était important, surtout que les membres de la LFP étaient encore traumatisés par l’affaire Luzenac. J’ai ainsi accompagné les dirigeants du club aux différentes réunions préparatoires. Une présence qui a constitué une vraie garantie pour les dirigeants de la LFP et de la FFF.

Avant même la montée du club en L2, la Ville avait déjà réalisé un premier effort financier en investissant dans un système d’éclairage afin de satisfaire les besoins de notre club de rugby, qui exploite également l’enceinte sportive et qui à l’époque faisait le « yoyo » entre la division Fédérale 1 et la Pro D2. Un espace réceptif, pouvant accueillir 500 personnes a également été aménagé.

Mais l’enjeu principal se situait au niveau de la pelouse. Nous avions besoin d’un équipement en capacité de supporter les activités de notre équipe de football et de rugby. Notre choix s’est alors porté vers l’installation d’une pelouse hybride à 1,2 M€. II a fallu également construire des vestiaires et autres locaux annexes (modulaires en location) et organiser la mutualisation de l’équipement et sa sécurisation (tribunes visiteurs, caméras, PC sécurité…)

Grâce à l’efficacité des collectivités locales, le FBBP01 a ainsi pu évoluer dès sa première saison de L2 dans un équipement validé par la LFP et la FFF

Pouvez-vous nous en dire plus sur les prochaines étapes de la modernisation de l’enceinte Marcel Verchère ?

Actuellement, nous sommes en train d’achever une nouvelle tribune de 3 250 places. Son inauguration est prévue pour mi-novembre. Elle comporte une grande bodega, permettant de mieux recevoir les spectateurs. La tribune est également plus proche du terrain. La mise en place de cette nouvelle tribune a nécessité un budget de 2,6 M€.

Les prochains travaux concerneront la rénovation de la tribune d’honneur et la conception des vestiaires définitifs. Au total, c’est une enveloppe de 6 M€ pour la période 2017-19 qui sera consacrée à la rénovation du stade Marcel Verchère.

Les clubs résidents contribuent-ils au financement des travaux ?

Les coûts d’investissements sont portés par la communauté d’agglomération. Mais des échanges ont été mis en place avec l’ensemble des collectivités. Le département et la région octroient des financements, permettant de boucler plus facilement le budget dédié aux différents travaux de modernisation.

Concernant les clubs, ils participent au financement par le biais d’une redevance. Une redevance qui est calculée en fonction des coûts supportés par les collectivités pour exploiter et entretenir l’enceinte sportive. C’est une obligation réglementaire.

Le stade Marcel Verchère présente la particularité d’être exploité à la fois par l’équipe de rugby de l’USBPA et le FBBP évoluant en Ligue 2. N’est-ce pas difficile de concilier les demandes des deux clubs sportifs ?

La mutualisation de l’enceinte sportive présente certains avantages. Par exemple, c’est aujourd’hui un véritable atout au moment de « vendre » les investissements nécessaires pour moderniser le stade aux élus locaux, qui votent les budgets de l’agglomération. Grâce à la présence de deux clubs professionnels, on attire au cumulé un public plus nombreux. Cela permet d’optimiser l’exploitation de l’outil.

La montée du FBBP01 en Ligue 2 a également permis au club de rugby, l’USBPA, très attaché au stade Marcel Verchère, de bénéficier d’une enceinte modernisée. L’intégration du FBBP01 au monde professionnel a été un accélérateur des travaux de modernisation.

Après, je ne vais pas vous le cacher, la mutualisation du stade a engendré au départ quelques problèmes au niveau de la compatibilité des calendriers. D’autant que le calendrier de Fédérale 1 est publié bien après celui de Ligue 2.

Pour nous, le plus important, c’est d’éviter au maximum les doublons. Car d’importantes transformations sont nécessaires pour basculer le stade d’un sport à un autre. Il faut revoir le marquage au sol, traiter la pelouse, changer les poteaux…

La gestion de l’enceinte a été professionnalisée par l’agglomération. Les transformations et l’entretien ont été confiés à un prestataire, Parcs & Sports. Nous sommes désormais en capacité de transformer le stade en une seule nuit ! Néanmoins, pour des raisons pratiques évidentes, il est nécessaire que le match de football ait lieu avant celui de rugby si les deux équipes sont amenées à jouer le même week-end.

Toujours dans l’optique de professionnaliser au mieux la gestion du stade, l’agglomération a recruté en 2016 un Stadium Manager. Il coordonne notamment les travaux de transformation pour que la cohabitation se passe bien entre l’équipe de football et celle de rugby.

Désormais, je pense que tous les acteurs ont bien compris le sens de l’intérêt général. L’argent public ne tombe pas du ciel et pour une agglomération comme la nôtre, il est nécessaire que nos principaux clubs s’entendent dans l’exploitation de notre principale enceinte sportive.

Le FBBP01 prévoit d’inaugurer son centre de formation pour le début de la saison prochaine. Le coût total des travaux est estimé à 3 M€. La commune de Bourg-en-Bresse a-t-elle été impliquée dans ce projet ?

En effet, le club de Bourg-en-Bresse Péronnas investit actuellement dans un nouveau centre de formation qui sera situé à Péronnas, à l’emplacement de l’ancien stade du club. Ce nouveau centre sera équipé d’un terrain en herbe, d’un terrain synthétique et de locaux dédiés aux soins, aux réunions et au parcours éducatif des jeunes du centre.

Le montant total du projet est évalué à 3 M€. Bourg-en-Bresse Agglomération finance une partie de la somme. Elle prend en charge notamment le terrain synthétique. Le FBBP01 a aussi fait appel à des fonds provenant de la région et du département.

Enfin, pour boucler le budget, le club va également emprunter une partie de la somme. Un emprunt qui est garanti à hauteur de 50% par Bourg-en-Bresse Agglomération, conformément aux nouveaux dispositifs mis en place par la loi Braillard. Cette garantie a considérablement facilité les démarches du club dans sa recherche de prêts bancaires.

Ce projet a été rendu possible par la signature avec le FBBP01 d’un bail emphytéotique d’une durée de 30 ans. Un bail qui offre assez de sécurité au club pour pouvoir investir dans de nouvelles installations. Et cela permet aux collectivités d’accompagner le club dans son développement.

Peut-on envisager à l’avenir un transfert de propriété du stade Marcel Verchère aux deux clubs exploitant actuellement l’enceinte sportive ?

Les clubs professionnels de football et de rugby génèrent d’importants revenus – notamment grâce aux droits TV – qui leur permettent d’emprunter pour concrétiser des projets demandant d’importants investissements. Le FBBP01 utilise d’ailleurs cette voie pour son futur centre de formation. Dans sa stratégie, le club est en mesure de dégager des fonds pour rembourser l’emprunt contracté.

Concernant le transfert de la propriété du stade, cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Un tel projet se prépare longtemps à l’avance. Les investissements sont lourds. Il faut que le club puisse se projeter à très long terme. En rajoutant les aléas liés aux résultats sportifs, ce n’est pas toujours simple.

L’accession du FBBP au monde professionnel a-t-elle créé un surplus d’activité au sein de l’agglomération de Bourg-en-Bresse ? Menez-vous des études d’impact économique pour mesurer le gain d’activité lié au FBBP ?

A Bourg-en-Bresse, nous possédons plusieurs clubs sportifs de haut niveau. Outre le football et le rugby, nous disposons également d’un club de basket qui évolue en Pro A. Le club de la JL Bourg évolue dans la salle Ekinox, réalisée par Bourg en Bresse Agglomération.

La présence de trois clubs sportifs de haut niveau présente un intérêt économique incontestable pour notre agglomération. Outre les retombées directes liées à l’activité produite par chacune des entités sportives, les clubs parviennent à unir autour d’eux des réseaux d’entreprises locales. Au sein des « clubs entreprises », les différentes entités sportives jouent un véritable rôle de mise en relation, favorisant alors la conclusion de nombreux contrats au niveau local. Le club entreprise de notre club de basket fonctionne particulièrement bien. Celui du FBBP01 est en train de monter en puissance !

Les travaux d’infrastructures menés par l’agglomération permettent également de créer de l’activité au sein de l’économie locale. L’agglomération ne peut pas retenir en priorité les dossiers des entreprises locales sur ce seul critère mais, si ces dernières parviennent à formuler des offres compétitives, elles remportent alors le marché. C’est ce qui s’est passé pour les travaux de modernisation des tribunes du stade Marcel Verchère.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas mené d’étude précise concernant l’impact économique généré par nos clubs sportifs professionnels. Mais, en nous inspirant de l’étude dernièrement menée par le club de rugby d’Oyonnax, nous allons prochainement en diligenter une afin de mesurer précisément le surplus d’activité directe et indirecte suscité par nos différents clubs sportifs.

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