Au mois de septembre dernier, le club de Clermont Foot 63 était à l’origine d’une grande innovation au sein du football européen en inaugurant un premier centre de formation partagé avec l’ASM Rugby. Six mois après l’ouverture de ce nouveau complexe dédié à la formation, Ecofoot.fr fait le point sur cette initiative en interrogeant Frédéric Zago, Directeur du centre de Formation de Clermont Foot 63.
Six mois après l’ouverture du centre de formation partagé, quels sont les premiers retours de cette initiative ? Les clubs de Clermont Foot 63 et de l’ASM Clermont Auvergne sont-ils satisfaits des premiers mois d’exploitation de ce centre ?
Personnellement, je n’ai pas participé à l’élaboration du projet car je suis arrivé au club en cours de route. Mais, désormais, ma réflexion est la suivante : pourquoi une telle initiative n’a-t-elle pas vu le jour avant ?
Un tel projet est très enrichissant pour les deux clubs. Au niveau du fonctionnement, nous partageons la salle de musculation et nos espaces de convivialité. Ensuite, chaque club dispose de ses infrastructures et de ses bureaux.
Travailler avec l’ASM Rugby est une vraie chance. Ce sont des professionnels, plein d’humilité et possédant un savoir-faire reconnu dans le domaine de la formation. C’est un des plus grands clubs du rugby français.
Les échanges avec nos homologues de l’ASM sont permanents. Au niveau de l’ambiance de travail, les gens sont heureux de travailler ensemble, tant au niveau des éducateurs que des jeunes. Nous essayons de nous rendre service mutuellement. C’est une belle expérience à vivre sur le plan humain.
Il n’y a aucune jalousie entre les deux clubs. Chaque club est supporter de son partenaire. Au niveau financier, nous avons un intérêt commun puisque les deux clubs sont propriétaires du centre à parts égales.
Des synergies ont-elles pu être construites entre les deux clubs depuis l’inauguration du centre ? Les éducateurs des deux clubs échangent-ils sur leurs méthodes ? Le football peut-il s’inspirer de certains principes employés au rugby pour former ses jeunes joueurs ?
Chaque club a son approche pédagogique sur la formation, avec ses spécificités. Sur le plan technique, les deux sports sont très différents. Nous échangeons peu sur les exercices liés au développement technique de nos joueurs.
En revanche, au niveau athlétique et sur le plan de la préparation mentale, les échanges sont réguliers entre les éducateurs de nos différentes formations. Nous avons la chance d’évoluer aux côtés d’un club de très haut niveau. Dans certains domaines, l’ASM Rugby a développé des méthodes de travail plus avancées que les nôtres. C’est intéressant pour nous de nous inspirer de leur savoir-faire.
Par exemple, nos éducateurs ont dernièrement été étonnés par un exercice mis en place par l’ASM. Lors de cet exercice, tout un groupe de jeunes devait recommencer un geste à partir du moment où un membre le ratait. Un exercice très intéressant pour renforcer la cohésion du groupe.
A l’avenir, nous allons sans doute encore renforcer nos coopérations, notamment dans la manière d’appréhender une compétition. Par exemple, nous pourrions assister à la préparation d’un match de notre club partenaire. Le dialogue est très ouvert. Nous n’avons rien à cacher à notre partenaire.
Les jeunes issus de Clermont Foot et de l’ASM Rugby échangent-ils également régulièrement ensemble ?
Nous avons des conventions avec les mêmes établissements scolaires. Malgré l’écart d’âge – 18-23 ans pour le rugby, 15-20 ans pour le football – les jeunes sont habitués à se croiser. Ils se connaissent et forcément, échangent ensemble.
Au centre, nous n’avons pas les mêmes créneaux d’entraînement. Nous ne nous croisons pas tout le temps. Néanmoins, les jeunes ont pris l’habitude de discuter ensemble à la salle de musculation ou encore au sein des espaces de convivialité, autour d’un café.
Il n’y a pas les rugbymen d’un côté et les footballeurs de l’autre. Nous essayons de favoriser les échanges à tous les niveaux.
Quels sont les prochains projets de développement du Clermont Foot 63 dans le domaine de la formation ? Une éventuelle montée en Ligue 1 pourrait-elle faire évoluer les projets ?
Chaque chose en son temps. Après être passé par Châteauroux, Valenciennes et avoir côtoyé pas mal de clubs, je m’aperçois que nous disposons d’un outil performant. Mais nous sommes encore en phase de découverte du site. A l’avenir, on doit apprendre à l’exploiter à 100%. On ne doit pas aller plus vite que la musique : la formation, c’est un projet à long terme.
Nous allons nous donner les moyens d’avancer doucement mais surement. Chaque année, nous essaierons d’ajouter une corde à notre arc. Cela passera par le renforcement de nos équipes, l’amélioration de l’hébergement de nos pensionnaires… Nous sommes à la base d’un projet de formation mais il faut du temps pour qu’il porte ses fruits.
Notre but est également d’initier un projet de formation qui s’inscrit pleinement dans la philosophie de jeu développée par Pascal Gastien. J’ai d’ailleurs repris le projet qu’il avait initié au niveau de la formation. Au niveau de l’équipe première, nous avons su développer une vraie identité de jeu au cours de cette saison. Nous essayons désormais de reproduire cette identité au niveau de nos équipes de jeunes.
Après, la vitesse de développement du projet de formation dépendra également des moyens financiers alloués. Et, évidemment, une montée en Ligue 1 peut apporter un coup d’accélérateur. Mais le club ne compte pas faire n’importe quoi. On souhaite construire à notre rythme, sur des fondations solides.
