Interview

« La part variable du loyer du stade Vélodrome pose deux problèmes »

Le nouvel accord trouvé entre l’OM et la Ville de Marseille concernant l’exploitation de l’Orange Vélodrome ne fait pas que des heureux. Certains élus locaux dénoncent un poids financier encore trop important supporté par la municipalité. C’est notamment le cas de Laurent Lhardit, Conseiller d’Arrondissement d’opposition (PS) du 3ème secteur de Marseille, qui nous fait part de sa position lors d’un entretien exclusif accordé à Ecofoot.fr.

Suite aux dernières négociations menées par la municipalité, l’Olympique de Marseille va désormais s’acquitter d’un loyer annuel compris entre 5 et 9 M€ pour exploiter l’Orange Vélodrome. Ce montant vous convient-il ?

Non. Ce n’est pas sérieux. La part fixe qui passe de 4 à 5 millions est insuffisante par rapport aux 8 millions qui ont été recommandés par la Chambre Régionale des Comptes. Dans une négociation, quand votre objectif est de doubler votre position, une progression de 20% est évidemment un échec.

Il y a ensuite la part variable qui pose deux problèmes. Le premier c’est qu’elle est totalement disproportionnée. Connaissez vous un seul propriétaire de stade au monde qui accepte de faire dépendre près de la moitié de ses revenus potentiels des résultats sportifs de son locataire ? Moi pas. Une fois de plus on parle de 100 millions d’euros sur 30 ans, et ce sont les marseillais qui payeront si les résultats ne sont pas au rendez vous.

Et c’est d’ailleurs le second problème posé par cette part variable. Dans le football moderne, le projet sportif d’un club doit rassembler plusieurs conditions pour disputer la première place : beaucoup d’argent, beaucoup de temps et beaucoup de compétences. Je ne me permettrai pas de juger de la dernière condition, mais on peut douter que les deux premières soient atteintes avant plusieurs années.

La Ville a toujours été derrière l’OM, pour vous ça doit continuer ou bien s’arrêter ?

Il faut évidemment que ça continue, mais dans un projet gagnant-gagnant, alors que pour l’instant ce sont les Marseillais qui se font tondre. L’OM n’est pas responsable de tout et la Ville porte une lourde responsabilité dans le coût faramineux de la rénovation du stade et du PPP qui s’en est suivi.

Bien entendu, Ville et Club doivent être main dans la main, mais nous avons aussi le sentiment qu’il manque la volonté et les moyens à la hauteur des ambitions qui sont affichées. La Ville a tellement peur du poids électoral des supporters qu’elle n’ose pas demander ce qui lui est dû. Quant au club, on perçoit mal comment les moyens actuellement mis sur la table vont lui permettre de rejouer les premiers rôles avant plusieurs années.

Pour Laurent Lhardit, le dernier accord signé avec l’OM n’est pas bon pour la Ville de Marseille

Lors de son intervention, le Maire Jean-Claude Gaudin a laissé entendre qu’il soutenait la volonté de la direction de l’OM de récupérer la gestion exclusive de l’Orange Vélodrome. Selon vous, l’OM peut-il trouver un accord avec AREMA à ce sujet ? La municipalité peut-elle faciliter une telle négociation ?

Il est toujours possible de trouver un accord et nous y sommes favorables, à la condition que le projet soit à la hauteur, et qu’il permette de faire mieux que ce que fait AREMA jusqu’à présent, sinon ça n’a pas de sens. Mener un club au sommet est un métier et le club a déjà montré qu’il en était capable.

En revanche, utiliser au mieux les capacités du Vélodrome toute l’année est un autre métier, et personne n’a idée des compétences que le club va développer pour le faire. Tout va donc reposer sur le projet qui sera présenté, sur les compétences qui seront mises en œuvre. Pour l’instant, nous soutenons ce projet sur le principe, mais nous souhaitons que l’OM le présente publiquement.

Il s’agit après tout d’assurer la gestion exclusive d’un équipement public qui coûte plus d’un milliard d’euros au total. Le moins que l’on puisse demander, c’est de savoir ce qu’ils comptent en faire et ce que la ville et les marseillais pourront retirer directement et indirectement de cette exploitation exclusive.

Lors des négociations, l’OM a obtenu de la municipalité l’utilisation de l’enceinte du Cesne. L’accord conclu entre la municipalité et la direction olympienne vous semble-t-il équilibré ?

Nous n’avons pas les détails de cet accord, comme sur le reste d’ailleurs, l’opacité règne en maître dans cette opération. Tout ce que l’on peut donc dire c’est que notre ville manque déjà d’équipements sportifs de qualité, et qu’elle va en abandonner un à l’OM et donc encore réduire les capacités offertes aux marseillais.

La majorité municipale compte également aider l’OM concernant la création d’un musée à l’intérieur du Vélodrome. Un tel projet a-t-il été budgétisé ? Qui prendra en charge les coûts ? Un tel musée constitue-t-il réellement un atout dans la stratégie de développement touristique de la ville ?

La aussi, la Ville n’a pas communiqué les détails qui permettent de se faire une idée précise du projet. D’après ce que nous savons, ce sera un musée de la ville de Marseille auquel l’OM apportera une contribution.

C’est une bonne chose et probablement que cela pourra nourrir le projet touristique de la ville puisque l’OM demeure un point d’attraction pour beaucoup de ceux qui visitent ou séjournent à Marseille.

Source photo à la Une : Wikipedia.org – CC BY-SA 4.0 / Laurent Lhardit

To Top
Send this to a friend