La direction de l’Olympique de Marseille a dernièrement annoncé avoir trouvé un terrain d’entente avec AREMA concernant l’exploitation exclusive de l’Orange Vélodrome. Un accord qui doit encore être définitivement entériné à l’automne prochain. Alors que la Mairie de Marseille, propriétaire du stade, a salué ce rapprochement entre AREMA et l’OM ; certains élus d’opposition estiment qu’il faut aller plus loin en ouvrant des pourparlers avec le club olympien concernant la vente du stade. C’est une position notamment défendue par Laurent Lhardit, Conseiller municipal d’opposition (PS) du troisième secteur de Marseille. Entretien.
Vous avez dernièrement salué l’accord trouvé entre l’Olympique de Marseille et Arema concernant la gestion commerciale de l’Orange Vélodrome. En quoi cet accord vous satisfait-il ?
L’OM peut être un meilleur exploitant parce qu’il a intérêt à réussir, ce qui n’est pas tout à fait le cas d’Arema, filiale du groupe Bouygues. Bouygues n’a pas besoin d’une exploitation optimale du stade pour déjà retirer de larges bénéfices d’un Partenariat Public Privé où la municipalité s’est fait rouler dans la farine. Au prix auquel ont été vendus la rénovation du stade et son financement, ils ont des actionnaires déjà très heureux.
Au cours des deux dernières décennies, les grands clubs européens ont inventé de multiples moyens de développer les revenus autour de leur métier de base. Mais cela suppose d’avoir la main sur leur stade. Avec cet accord, on peut espérer que l’OM va mettre en œuvre les recettes qui marchent ailleurs et qu’elles permettront de faire mieux qu’Arema, de générer des revenus additionnels pour la ville et surtout de susciter des retombées économiques indirectes en multipliant les événements qui drainent du public à Marseille.
Dans son dernier bilan comptable rendu public (exercice 2016), Arema affichait un résultat net déficitaire à hauteur de 1,3 M€. Pensez-vous que l’Olympique de Marseille parviendra à faire mieux qu’Arema concernant l’exploitation de l’Orange Vélodrome ?
C’est leur intérêt et le nôtre. Mais une fois l’accord conclu, il faudra aussi que la Ville veille mieux à ses propres intérêts en tant que propriétaire du stade. Elle doit mette en place des procédures permettant de mieux contrôler les comptes résultant de l’exploitation, exactement comme elle doit être plus attentive au suivi du contrat de location déjà existant. Songez que la Ville vient d’avouer que le loyer n’a pas été versé dans les délais prévus au contrat et qu’elle n’a encore aucune idée du montant que l’OM va finalement verser au titre de la saison écoulée. Tout ça n’est pas sérieux, les finances de la ville sont dans le rouge, nous ne roulons pas sur l’or à Marseille !
D’après le communiqué dernièrement publié par Arema et l’Olympique de Marseille, l’aboutissement de cette négociation ne changera rien aux accords conclus par la Ville de Marseille avec les différentes parties prenantes concernant l’exploitation de l’Orange Vélodrome. La conclusion de cet accord n’aurait-elle pas été propice à la réouverture de négociations ?
Elles auront lieu, d’une manière ou d’une autre. D’autant plus que nous allons vite voir que le loyer maximum de 9 millions d’euros brandi comme une grande victoire par la municipalité est une vaste foutaise. Nous en serons non seulement très loin cette année, mais aussi l’année prochaine. Non, en fait, les seules négociations qui valent à l’avenir avec l’OM, c’est celles qui amèneraient à une vente du stade. La solution logique c’est que l’OM devienne propriétaire du stade vélodrome.
La ville peut-elle abandonner ainsi le stade vélodrome à l’OM ?
Jean Claude Gaudin dit que cette vente ne se fera pas tant qu’il sera maire mais je constate d’abord qu’il lui reste deux années de mandat et ensuite que nous sommes nombreux à défendre cette idée d’une vente du stade à l’OM. Elle permettrait à la fois de mettre de l’argent dans les caisses de la ville et de nous débarrasser de remboursements qui courent encore pendant plus de 25 ans.
Ce qu’il faut comprendre c’est que ce n’est pas le stade vélodrome qui est mythique, c’est le club qui l’habite. L’OM a dans le monde entier une notoriété comparable aux plus grands clubs européens. Mais il n’y a guère que son compte d’exploitation qui appartient à son propriétaire. Le reste, son âme, son histoire et son palmarès appartiennent à ses supporters, à ses joueurs, à Marseille et aux Marseillais !