L’irruption massive de capitaux américains au sein du football européen peut-elle favoriser la création d’une ligue fermée européenne, sur le modèle de la Major League Soccer ? Même si la création de cette Super Ligue made in Europe semble encore aujourd’hui hypothétique, la volonté des dirigeants des grandes formations européennes d’accroître la profitabilité de leur club pourrait à terme faire aboutir un tel scénario. D’autant que les patrons américains des clubs de Premier League sont bien placés pour vendre le modèle nord-américain du sport-business. Pour mieux comprendre les enjeux financiers liés à la refonte des compétitions de clubs, Ecofoot.fr a interrogé Roger Bell et John Purcell, Directeurs de Vysyble, société accompagnant les organisations sportives anglaises dans l’analyse financière et la création de valeur.
Dans un article dernièrement publié par Forbes, vous suggérez que les actionnaires américains à la tête de puissants clubs européens sont favorables à la création d’une Super Ligue européenne, sur le modèle des ligues fermées nord-américaines. Les investissements américains actuellement captés par le football européen sont-ils motivés par la perspective de la création de cette hypothétique Super Ligue ?
La perspective d’une Super Ligue européenne n’est pas la première raison poussant les hommes d’affaires américains à investir dans le football européen. Les rachats des clubs anglais ont plutôt été motivés par la perspective de capter les lucratives recettes provenant des accords de droits TV et par l’opportunité d’investir dans des marques clairement sous-évaluées en raison de la notoriété grandissante de la Premier League sur les marchés internationaux.
Il est intéressant de noter que tous les investisseurs américains ayant acquis un puissant club de Premier League possèdent également une ou plusieurs franchises aux Etats-Unis. Leur expérience acquise dans le marketing, les droits TV et plus globalement dans la gestion d’entités sportives américaines a considérablement influencé la manière dont les activités commerciales et le business model des clubs de Premier League ont été transformés au cours des dernières saisons. Par exemple, de nombreuses rencontres de pré-saison sont désormais organisées à l’international. Sur des marchés représentant un fort potentiel de développement, à l’image des Etats-Unis ou de l’Asie.
Sous l’actionnariat de la famille Glazer, Manchester United a été très efficace dans le développement de ses revenus commerciaux malgré une baisse notable de ses performances sportives au cours des dernières années. Les recettes commerciales du club ont en moyenne progressé de 10,3% par an entre 2013 et 2019, passant de 152,4 à 275,1 M£ !