Edito

La victoire de l’Olympique de Marseille en Europa League, une chance pour la Ligue 1

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Dans ce nouvel édito, Pierre Rondeau, Economiste du Sport, explique en quoi une victoire de l’OM en finale de C3 serait importante pour le club phocéen et surtout pour la Ligue 1.

Mercredi, pour la 5ème fois de son histoire, l’Olympique de Marseille va jouer une finale de coupe d’Europe, l’Europa League, avec l’espoir de la remporter, après les échecs passés de 1999 et 2004. Si les hommes de Rudi Garcia venaient à battre l’Atletico de Madrid, ils seraient à jamais les premiers : les premiers à remporter, en France, la petite coupe d’Europe, après avoir été à jamais les premiers, en 1993, à gagner la Ligue des Champions.

Mais la victoire serait aussi très importante et très lucrative pour l’économie du club, actuellement visé par une enquête de l’UEFA pour de probables manquements au fair-play financier.

Remporter l’Europa League c’est automatiquement un gain de 15 millions d’euros, grâce aux primes sportives. A cela se rajoute le market-pool, correspondant aux versements de la part relative des droits TV payés par les chaînes de télévision à l’UEFA. Par exemple, l’année dernière, le vainqueur, Manchester United, a touché 29 millions de market-pool, soit quasiment 50% (48%) du total payé par l’Angleterre à l’UEFA. En respectant ces proportionnalités et en considérant que BeIN Sports et W9 payent, au total, 25 millions d’euros par an pour diffuser l’Europa League, Marseille, en cas de victoire, empocherait donc 12 millions d’euros en market-pool.

Ensuite, il faut intégrer les recettes indirectes liées à la valorisation symbolique et médiatique du club bleu et blanc. En gagnant l’Europa League mercredi, Marseille s’affichera comme l’équipe championne d’Europe et verra sa réputation et sa notoriété décuplées.

Rien ne l’empêchera de renégocier ses contrats de sponsoring, de marketing et de merchandising. De même, la vente de maillots devrait considérablement s’accélérer. A titre d’exemple, l’arrivée des investisseurs qataris au Paris Saint-Germain a permis, en quelques années, une croissance de 55% de la vente de maillots, notamment grâce aux nombreuses victoires en championnat et en coupes nationales. Marseille peut donc espérer une évolution similaire.

D’autant plus que son équipementier, Adidas, va être remplacé, dès la saison prochaine, par Puma. La marque aux 3 bandes se verrait alors bien profiter, une dernière fois, de l’aura d’un Marseille champion d’Europe pour écouler tout son stock et surfer sur l’euphorie victorieuse. On peut tout à fait imaginer une intense campagne de publicité dès le jeudi 17 mai.

Enfin, il faut compter sur les retombées doublement indirectes. Une équipe championne d’Europe en Ligue 1, autre que Paris, c’est une réputation en hausse, c’est une visibilité qui grandit et une attractivité qui décolle. Le monde entier va s’intéresser au football français et va vouloir s’accaparer les droits de diffusion.

Or, ces droits, bien que détenus par BeIN pour 80 millions d’euros par an jusqu’en 2024, peuvent être revendus sur un marché secondaire chaque année auprès d’un nouveau diffuseur, avec la réalisation d’une plus-value. Seulement, le contrat qui lie la LFP à BeIN Sports implique que le moindre euro gagné supérieur au minimum garanti doit être partagé à part égalitaire entre les deux parties. Par exemple, si BeIN revend ses droits 100 millions d’euros, il réalise une plus-value de 20 millions et reverse alors 10 millions d’euros à la LFP. Cette dernière va ensuite partager cette somme à l’ensemble des clubs de Ligue 1.

Marseille aurait donc, au même titre que l’ensemble du football français, un intérêt indirect à remporter l’Europa League. En améliorant l’éclat de la ligue 1, les droits TV internationaux devraient exploser et faire croître les revenus des clubs, a posteriori.

Primes sportives, market-pool, droits TV, réputation et notoriété, les intérêts sont légions. Ne reste plus qu’à attendre le résultat final …

Par Pierre Rondeau

Pierre Rondeau est l’auteur, avec Richard Bouigue, du livre Le foot va-t-il exploser : pour une régulation du système économique du football

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