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Comment construire un solide modèle économique en Ligue 2 ?

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Championnat cultivant les paradoxes, la Ligue 2 s’avère être une compétition hautement exigeante sur le plan économico-sportif pour ses différents pensionnaires. Rares sont les formations à réussir la mise en place d’un modèle de développement pérenne unissant ascension sportive et équilibre économique. Le défi n’est pourtant pas impossible…

366 m€. C’est le déficit d’exploitation – hors opérations de mutation – cumulé par les clubs de Ligue 2 sur la période 2017-20. Sur la seule saison 2019-20, 18 formations sur 20 présentaient un résultat d’exploitation déficitaire à l’issue d’un exercice, il est vrai, tronqué par l’irruption de la crise sanitaire.

Des déficits qui sont essentiellement creusés par les cadors du championnat, ayant vécu un passé récent en Ligue 1 et n’hésitant pas à prendre quelques risques sur le plan financier pour remonter au plus vite dans l’élite. Une stratégie qui se traduit par une masse salariale chargée pouvant engloutir plus de 90% des revenus opérationnels, aboutissant à un déficit d’exploitation supérieur à la barre des 10 m€. Des formations telles que l’AJ Auxerre, le SM Caen ou encore l’EA Guingamp se sont inscrits dans ce schéma lors de la saison 2019-20.

« Les clubs issus de la Ligue 1 assument des coûts beaucoup plus importants en raison de leurs structures. Ils sont alors obligés de construire un budget conséquent pour faire face à leurs obligations. Au-delà des montants investis dans le sportif, ils supportent également des charges fixes difficilement compressibles. Par exemple, certains clubs relégués de Ligue 1 peuvent compter jusqu’à 50 salariés administratifs quand des clubs issus du National n’en totalisent que 3 ou 4 dans leurs effectifs » nous détaille ainsi l’ancien président d’un club de Ligue 2.

« Ce n’est pas facile de réajuster son modèle après une relégation. La diminution des recettes, liée essentiellement à la contraction des revenus TV, entraîne naturellement un déficit d’exploitation » renchérit alors Mathieu Guyot, Consultant chez Sport Value. « L’urgence pour les clubs qui descendent est de remonter immédiatement. D’autant qu’au bout de deux saisons, ils ne perçoivent plus les aides à la relégation. C’est donc alors encore plus difficile de boucler son budget » confirme Dorian Waymel, Journaliste pour MaLigue2, site de référence sur l’actualité de la Ligue 2 BKT.

« L’écart de recettes audiovisuelles entre la Ligue 1 et la Ligue 2 est tellement important que cela encourage les formations ayant eu un passé récent dans l’élite à prendre des risques pour remonter rapidement à l’échelon supérieur. Dans le business plan, les pertes subies en Ligue 2 seront alors compensées par le différentiel de droits TV perçus en L1. Ce ne sont pas des pertes sèches dans l’esprit des investisseurs : ils comptent retrouver leur mise lors du retour de leur formation dans l’élite » précise alors Renaud Régner, Associate Partner chez EY.

Problème : de très nombreux clubs de L2 ayant récemment évolué en Ligue 1 aspirent à retrouver l’élite du football français au plus vite. Pour seulement deux tickets directs attribués à l’issue de chaque saison. Une concurrence accrue qui tire les salaires des meilleurs éléments vers le haut et fragilise un peu plus l’équilibre opérationnel des clubs. Pour se donner le maximum de chances de retrouver la Ligue 1, certains clubs font d’ailleurs le choix de maintenir des investissements conséquents dans leur centre de formation afin de continuer à faire éclore des joueurs de qualité. Un choix stratégique qui a un coût. « Certains clubs de L2 consacrent plus de 3 m€ par saison au fonctionnement de leur centre de formation. Une enveloppe qui représente à elle-seule près de la moitié du budget d’un club de L2 de bas de tableau » précise notre ancien président de Ligue 2.

« Certains clubs de L2 consacrent plus de 3 m€ par saison au fonctionnement de leur centre de formation »

Des investissements qui peuvent néanmoins s’avérer salutaires sur le plan économique. En cas d’objectif non-atteint, les clubs disposant d’un bon vivier de jeunes joueurs ont alors recours au marché des transferts pour corriger leur déséquilibre d’exploitation. Un fonctionnement qui a notamment permis à l’AJ Auxerre de corriger quasi-intégralement son déséquilibre d’exploitation à l’issue de la saison 2019-20 en encaissant plus de 16,3 m€ de plus-values sur le marché. Une prouesse qui été rendue possible grâce à la cession d’Harisson Marcelin à l’AS Monaco.

De bons gestionnaires menacés par le risque de relégation

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