Le 21 décembre dernier, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a rendu un arrêt très attendu sur l’organisation des compétitions de football interclubs. Depuis sa prononciation, les deux camps opposés dans cette affaire se livrent une véritable bataille de communication en évoquant une décision en leur faveur. De quoi entretenir le flou et la confusion sur l’avenir des tournois organisés à l’échelle continentale. Décryptage.
« Nous avons gagné le droit d’exister. Le football européen de clubs est libre. Le monopole de l’UEFA, vieux de 70 ans, a pris fin, et la décision de la CJUE rendra le football meilleur. » C’est en ces termes que Bernd Reichart, CEO d’A22 Sports Management, société ayant repris en main le projet de Superleague européenne, a livré son sentiment dans un communiqué publié quelques minutes après l’arrêt rendu par la CJUE au sujet des règles appliquées par l’UEFA (et la FIFA) dans l’organisation des compétitions de football interclubs au sein de l’Union Européenne.
Selon les promoteurs de cette hypothétique compétition européenne chargée de concurrencer la Champions League, et notamment soutenue par les directions du Real Madrid et du FC Barcelone, l’arrêt dernièrement prononcé par la CJUE met un terme sans équivoque au monopole exercé par les grandes instances du football européen et mondial dans l’organisation des compétitions. Une décision qui leur permettrait alors de poursuivre leur projet et de donner vie à ce nouveau tournoi réunissant 64 clubs répartis en 3 divisions.
« Dans son arrêt du 21 décembre 2023, la CJUE a mis fin au monopole de l’UEFA et de la FIFA sur l’organisation du football de clubs sur tout le territoire de l’Union Européenne. En décembre 1995, par son arrêt Bosman, la CJUE a libéré les joueurs. En décembre 2023, par son arrêt ESL, elle a libéré les clubs. Il suffit de lire l’arrêt pour comprendre que la fin de ce monopole est le cœur du raisonnement de la Cour » nous précise Me Jean-Louis Dupont, Conseiller d’A22 Sports Management et avocat à l’origine de… l’arrêt Bosman !
Le monopole de l’UEFA est-il réellement remis en cause ?
Du côté de l’UEFA et plus globalement des défenseurs du modèle pyramidal du sport européen, on fait une lecture bien différente de l’arrêt dernièrement prononcé par la CJUE. « Cet arrêt ne constitue pas une approbation ni une validation de la Super League » peut-on ainsi lire dans le communiqué publié par l’UEFA le jour même de la décision. « Pour être tout à fait clair, l’arrêt ne soutient ni n’approuve en aucune manière un quelconque projet de Super League » indique pour sa part l’European Club Association, organisation regroupant plus de 500 clubs européens.
Dans le communiqué accompagnant l’arrêt, la CJUE résume sa position de la manière suivante :