Stratégie

Comment Saint-Étienne a bouleversé son « salary cap » ?

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RICOCHET64 / SHUTTERSTOCK.COM

Il était leur grande fierté, la raison pour laquelle les deux présidents se présentaient avec un grand sourire à chaque fin de saison, quand venait le temps de faire le bilan financier des douze derniers mois écoulés. Mais aujourd’hui, Roland Romeyer, qui souhaite passer rapidement le flambeau, et Bernard Caïazzo, qui se fait plus silencieux, ont fini par le laisser tomber. Non pas que celui-ci avait été une mauvaise décision, car il a permis au club de rester compétitif alors qu’il était au bord de la faillite en 2011, mais le « salary cap » de l’AS Saint-Étienne, maintenant que le club a retrouvé de saines finances, n’était plus qu’un obstacle pour faire signer des joueurs de renom capables de tirer le groupe vers le haut.

Les terribles résultats négatifs du club en fin d’année, conjugués à la rumeur de plus en plus pressante d’un nouvel investisseur étranger, ont accéléré les choses et, avec la signature des internationaux M’Vila, Ntep et Debuchy après l’ouverture lancée par l’arrivée de Cabella durant l’été, le « salary cap » est bel et bien enterré dans le Forez.

Mais celui-ci aura toutefois sauvé le club d’un destin à la Strasbourg ou au Mans. En 2011, Romeyer et Caïazzo installent ce salaire maximal de 90 000 euros mensuels, avec 40% de revenus supplémentaires grâce à des primes en fonction des résultats de l’équipe. Nul ne sait si ce sont ces primes qui ont motivé les joueurs, leur permettant de terminer dans le top 6 de la Ligue 1 durant 5 années de suite, toujours est-il qu’en plus de finances assainies, le club a aussi retrouvé une compétitivité sur les terrains. Mais le modèle avait atteint ses limites cette année, avec le départ de Christophe Galtier et un effectif de qualité moindre.

A la trêve hivernale, le club n’avait plus gagné depuis deux mois et était aux portes de la zone de relégation. Il avait connu l’humiliation ultime lors de la défaite à domicile 0-5 contre Lyon, et avait déjà changé deux fois d’entraîneur après les fiascos d’Oscar Garcia et de Julien Sablé. Face à la gronde des supporters et à la menace de la Ligue 2, Romeyer n’eut d’autres choix que de faire voler en éclats son système de sécurité financière. Ainsi, pour la première fois depuis plus de 5-6 ans, les Stéphanois ont pu assister à un véritable mercato, opéré par leur club qui a su attirer des joueurs de renom, autant grâce à la fin du « salary cap » que du prestige de leur nouvel entraîneur Jean-Louis Gasset. Les recrues sont directement allées se placer en tête des joueurs les mieux payés du club.

Cette stratégie risquée semble toutefois porter ses fruits, car les Stéphanois sont remontés au classement, n’ont plus perdu depuis 5 journées, et les supporters n’appellent plus la direction à la démission. Même les bookmakers ont repris confiance dans les Verts, comme BetStars qui propose une cote de 1,75 pour une victoire de l’ASSE lors du prochain match face à Dijon, contre 4,33 pour sa défaite. Avec l’arrivée de ce fameux nouvel investisseur avant la fin de saison, mais aussi le fait que le club ait renégocié les conditions d’exploitation de son stade Geoffroy Guichard, les dirigeants de l’ASSE peuvent voir l’avenir d’un œil plus serein, et ne pas craindre que cette fin du « salary cap » ne finisse par se retourner contre eux. Si en plus les résultats sportifs vont en s’améliorant comme à présent, les deux présidents pourront passer le relais avec le sentiment du devoir accompli, ils auront sorti le club aussi bien d’une crise financière que d’une crise sportive.

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