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Comment réussir sa stratégie d’innovation dans le sport ?

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Le secteur du sport professionnel européen – et particulièrement français – n’est pas réputé pour sa capacité à embrasser rapidement les transformations technologiques et les solutions innovantes. Pourtant, en réaménageant leurs services et en redéfinissant de nouvelles relations avec des acteurs privés et financiers, certaines organisations sportives ont su faire une place bien plus importante à l’innovation ces dernières années, stimulant alors leur développement. Décryptage.

« Désormais, on peut se fixer l’objectif que, d’ici 2025, on voit la première entreprise issue de la French Tech rentrer dans le CAC 40. C’est un mouvement qu’on a déjà observé aux Etats-Unis : plusieurs grandes entreprises américaines qui dominaient le monde ont été remplacées par des start-up issues de l’innovation technologique. » C’est en ces termes que Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé du numérique, s’exprimait au mois de septembre dernier devant 2 000 entrepreneurs et investisseurs lors d’un rassemblement organisé par l’association France Digitale.

Un discours dont le timing n’est pas tombé au hasard. Quelques jours plus tôt, coup sur coup, quatre jeunes pousses de l’écosystème technologique tricolore ont annoncé avoir bouclé une levée de fonds supérieure à 85 m€. Et la plus importante d’entre elles concerne… Sorare : la start-up spécialisée dans les cartes NFT de football annonçait le bouclage d’une opération à 680 m$ permettant de valoriser cette nouvelle licorne à hauteur de 4,3 Mds$. Une augmentation de capital qui ne constitue pas une fin en soi mais seulement une étape dans le développement de l’entreprise. Sorare souhaite s’imposer à terme comme un leader mondial de l’entertainment selon les ambitions exposées par son co-fondateur, Nicolas Julia.

Le sport professionnel en retard en matière d’innovation ?

Si l’univers de la sport tech est en ébullition avec de nombreuses jeunes pousses parvenant à lever des fonds pour accélérer leur croissance ; les acteurs du sport professionnel rencontrent des difficultés à jouer un rôle d’early adopters en intégrant très tôt des évolutions technologiques à leur fonctionnement. Les clubs préfèrent généralement se raccrocher à une approche conservatrice – tant dans le domaine sportif que business – pour ne pas bousculer leur organisation.

« On érige aujourd’hui l’agilité comme un facteur clé de succès. Mais, dans le sport professionnel, les organisations sont encore fossilisées dans leurs process ! Tant que ça marche, tout le monde croise les doigts pour que la tendance perdure. Et on cherche seulement à innover quand les difficultés surviennent. Mais, au contraire, c’est quand tout va bien qu’il faut réfléchir pour avoir un coup d’avance dans sa stratégie. Encore trop peu d’acteurs dans le sport cherchent à anticiper les évolutions pour ne pas subir les aléas de plus en plus complexes » analyse Franck Isaac-Sibille, Vice-Président du LOU Rugby, en charge du marketing stratégique, des partenariats et du développement.

Cette difficulté à s’emparer des sujets innovants proviendrait de la nature même des organisations sportives, moins programmées qu’une entreprise à évoluer pour faire face aux changements. Pourtant, elles ont toutes les cartes en main pour bâtir des modèles à succès, dont notamment la connaissance sur leurs communautés. « Durant le premier confinement, des entreprises telles que Peloton ou encore Zwift ont connu une croissance extraordinaire. Mais pourquoi ces solutions n’ont-elles pas été lancées par l’UCI ou l’organisateur du Tour de France (ndlr : ASO) ? Ces deux acteurs connaissent les pratiquants et les fans de vélo mieux que personne d’autre ! Mais les organisations sportives traditionnelles n’ont pas développé cette culture de création de business en cherchant à fournir des services additionnels aux fans. C’est pourtant important pour diversifier leurs sources de revenus » indiquait alors Arnaud Drijard, Co-Fondateur et CEO de Sport Innovation Society, lors de son passage au micro du podcast Horizon Sport de l’agence LaFourmi.

« Dans le sport professionnel, les organisations sont encore fossilisées dans leurs process ! »

Franck Isaac-Sibille – Vice-Président – LOU Rugby

Au-delà d’un ADN historiquement ancré dans le milieu associatif, d’autres contraintes liées au fonctionnement du sport professionnel – dont notamment le rythme très soutenu des événements à organiser et la surexposition médiatique – freinent considérablement les capacités d’innovation du secteur. « Les clubs sont toujours intéressés pour découvrir de nouvelles solutions. En revanche, ils ont parfois beaucoup de mal à réaliser un travail de projection et à qualifier les projets présentés car ils sont sursollicités ! Les grands clubs français reçoivent presque plus de dossiers de start-up que des entreprises du CAC 40 ! Le monde du sport – et plus particulièrement du football professionnel – attire beaucoup. Or, même un club comme le Paris Saint-Germain, qui est devenu l’une des plus grandes franchises du sport mondial, a la taille d’une belle PME » explique Edouard Bouvet, Co-Fondateur et CEO d’IQollectiv, application de fan-engagement de nouvelle génération.

S’adapter aux contraintes du marché pour réussir

Comment réussir sa stratégie d’innovation dans le sport ?

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