Géopolitique

La CONIFA, l’autre FIFA !

conifa coupe du monde
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En marge du Mondial russe s’est disputée début juin la troisième édition de la Coupe du Monde CONIFA qui réunit des équipes inédites, non-affiliées à la FIFA. Un événement qui commence à prendre de l’ampleur malgré certaines pressions politiques.

« Le football est le nouveau ciment de l’identité nationale. A l’indépendance, les jeunes nations se précipitent tout autant pour obtenir un siège à la Fifa qu’à l’ONU. » Alors que les propos dernièrement tenus par Pascal Boniface se vérifient dans les faits – la Fédération Internationale compte aujourd’hui plus de membres que l’Organisation des Nations Unies – certains territoires cherchent aujourd’hui à s’émanciper par le football… avant même d’avoir obtenu leur indépendance.

Une possibilité qui leur est offerte depuis 2013 et la création sous une nouvelle forme de la CONIFA, la Confédération des associations de football indépendantes. Regroupant les fédérations n’ayant pas validé leur entrée à la FIFA, la CONIFA organise tous les deux ans une Coupe du Monde réunissant des sélections nationales représentant, pour la plupart, des peuples sans Etat.

Un tournoi qui commence à prendre de l’importance !

Si les deux premières éditions de cette Coupe du Monde alternative ont été organisées de manière artisanale et dans des contrées peu adeptes du football – en Laponie en 2014 et en Abkhazie en 2016 – en revanche, la compétition mise sur pied par la CONIFA commence à susciter de l’intérêt.

Ainsi, pour la première fois, l’édition 2018 est parvenue à réunir 16 équipes. Le tournoi a également été organisé dans l’agglomération londonienne, au sein des enceintes de Sutton United FC, Bromley FC ou encore de Carshalton Athletic FC. La plupart des rencontres ont également été diffusées en direct sur la plateforme de la CONIFA et sur Facebook. Des aménagements qui ont contribué à considérablement améliorer la visibilité de la compétition.

Outre une affluence plus importante que prévu lors des rencontres, la CONIFA est parvenue pour la première fois à séduire un sponsor majeur pour parrainer l’événement. Le réseau de bookmakers irlandais, Paddy Power, aurait consenti à verser un chèque à 6 chiffres pour devenir partenaire majeur de l’événement.

Une compétition qui suscite quelques tensions politiques

Et à en croire les organisateurs de la compétition, la CONIFA aurait même pu générer des revenus de sponsoring bien plus importants. Plusieurs grandes entreprises internationales étaient prêtes à investir dans le tournoi selon les propos tenus par Paul Watson, patron de la CONIFA. Mais la quasi-totalité des annonceurs ont fait défection – sauf Paddy Power – quand ils ont appris la participation du Tibet à l’édition 2018 du tournoi.

Car la Chine sait se montrer persuasive pour défendre l’intégrité de son territoire national. D’ailleurs aucun joueur venant du territoire tibétain n’a participé à la compétition. Seuls des membres de la diaspora sont venus garnir les rangs d’une sélection qui n’est pas parvenue à franchir le premier tour. La Chine n’est pas le seul pays à voir d’un mauvais œil le développement de cette compétition : les autorités chypriotes et turques ont également peu goûté à la participation de Chypre du Nord à cette Coupe du Monde.

Pourtant, la CONIFA se défend de faire de la politique en organisant un tel tournoi. « La CONIFA existe pour construire des ponts entre différentes cultures. Sans aucune considération politique. Nous ne jugeons pas nos membres sur leurs intentions indépendantistes. Nous voulons simplement les aider à représenter leur territoire » confie ainsi Sascha Düerkop, Secrétaire Général de la CONIFA. Mettant régulièrement en avant son fonctionnement démocratique – chaque membre dispose d’une voix dans le processus de décision – les dirigeants de la CONIFA prétendent seulement faciliter l’accès au football aux plus petites fédérations.

Pour la petite histoire, l’édition 2018 a été remportée par Karpatalya. Une victoire qui n’a guère fait plaisir au Ministre des Sports Ukrainien, qui a dénoncé cette participation sur son compte Facebook. Karpatalya a ainsi succédé à l’Abkhazie et au… Comté de Nice au palmarès de la compétition !

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